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›› Politique intérieure

Risques de contagion radicale au Xinjiang

L’analyse des causes diverge.

Les Ouïghours, dont le niveau de vie est à la traîne, se disent discriminés, avec moins d’opportunités de travail dans les postes de direction – occupés à 35 % par des Han et seulement à 14 % par des locaux -, et des salaires inférieurs, ce qui provoque leur « ghettoïsation ». La conséquence est une nette séparation des communautés, sur fond de tensions culturelles qui montent, encore aggravées par l’immigration massive des Han.

En descendant d’un étage, l’analyse des causes qui concernent la vie quotidienne des Ouïghours confrontés à la fois à un quadrillage répressif incessant et à la disparition sans explication d’une trentaine de suspects raflés par la police, dont les familles sont sans nouvelles, on imagine aussi que les révoltes sont motivées par l’exaspération face à la lourde machine policière qui a envahi la province depuis de longues années, mais dont les effectifs et les patrouilles ont été considérablement augmentés depuis 2009.

A quoi s’ajoute des intimidations culturelles qui, par les temps qui courent, portent en elles un sérieux potentiel de crispation, dans une situation déjà explosive et une région jouxtant l’Asie Centrale, l’Afghanistan et le Pakistan, eux-mêmes pris en écharpe par des foyers de radicalisme religieux.

Dans la région de Turfan, par exemple, la préfecture a lancé une campagne pour empêcher l’observation du Ramadan, dissuader les hommes de porter la barbe et les femmes de se voiler. Ceux des Ouïghours qui se conforment à ces injonctions bénéficient de subventions pour les mariages et les funérailles et sont autorisés à suivre des formations professionnelles payées par la préfecture. Selon un témoin, depuis mai, les injonctions inefficaces adressées aux Musulmans auraient, par endroits, été remplacées par des amendes pouvant aller jusqu’à 5000 Yuans (630 €). Le même témoin indique qu’à la deuxième amende, les contrevenants perdent leur travail.

Le Parti, qui bloque l’information publique et ferme par des barrages l’accès aux zones troublées, avance d’autres explications aux troubles récurrents de la province. Pour lui, les violences sont orchestrées par l’East Turkestan Islamic Movement (ETIM), qui réclame l’indépendance du Xinjiang et opère à partir de bases d’entraînement au Pakistan. Le 30 juin, le Ministre des Affaires étrangères Wang Yi, a confirmé cette version, lors d’une rencontre avec son homologue turc, en marge d’un sommet de l’ASEAN à Brunei.

Mais, le même jour, le Global Times est allé plus loin en révélant que des combattants Ouïghours avaient été enrôlés dans les rangs des rebelles contre Bashar el Assad en Syrie. Certains d’entre eux, venant de Turquie. Sans s’étendre sur les canaux d’accès à un passeport et ceux de sortie du pays, très compliqués pour les Ouïghours, l’ambassadeur de Syrie en Chine a, quant à lui, confirmé que 30 Ouïghours combattaient aux côtés de la dissidence armée contre le régime Alaouite, que Pékin cautionne toujours, avec la Russie. Toujours selon le Global Times, l’un d’entre eux, du nom de Maimaiti Aili, a été arrêté et se trouve aux mains des autorités chinoises.

Le pouvoir est face d’une situation en partie créée par sa propre politique de peuplement et ses bévues culturelles sociales et économiques, dont les tensions possèdent un potentiel d’aggravation considérable par contagion régionale à partir de mouvements religieux radicaux des zones limitrophes. Sans un coup de barre radical pour corriger sa politique, dont les tendances répressives se sont amplifiées après juillet 2009, les affrontements inter-ethniques entre communautés qui s’observent en chiens de faïence, ne feront que s’aggraver.

En dépit de la répression policière et de la densité des forces de police qui sont d’ailleurs une partie du problème, les risques d’une déstabilisation de certaines zones du Xinjiang à fort peuplement Ouïghour, par le truchement de radicaux, qui, jusqu’à 2009 étaient faibles, sont en train d’augmenter notablement. Sur sa politique au Xinjiang, le Parti doit envisager une sérieuse remise à plat s’il ne veut pas être confronté à un irrédentisme beaucoup plus dangereux.


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