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›› Politique intérieure

Risques de contagion radicale au Xinjiang

POLITIQUE INTÉRIEURE. BRÈVES.

Émeutes au Xinjiang : Le Quotidien du Peuple accuse les États-Unis.

Dans un article du 1er juillet, - non repris dans sa version anglaise -, le QDP a accusé Washington et les médias américains qui présentent la situation uniquement comme une question ethnique ou religieuse, d’avoir une responsabilité dans les violences au Xinjiang.

« Craignant l’absence de chaos en Chine, les États-Unis intriguent pour favoriser le terrorisme en Chine ». Et encore : « Les États-Unis ont une approche biaisée du problème du Xinjiang et de la lutte contre le terrorisme. En trouvant des excuses aux émeutiers, les commentaires américains confinent à l’incitation et à la complicité ». Le QDP ajoute « le terrorisme au Xinjiang n’est ni un problème religieux, ni un problème ethnique. Il relève de la sauvagerie ».

Pour la Chine, le chaos en Égypte signale les lacunes de la démocratie.

Le 3 juillet, les grands médias officiels chinois, dont Xinhua, ont publié des éditoriaux mettant en garde contre les lacunes de la démocratie à l’occidentale. « La démocratie importée n’est pas la panacée pour résoudre les problèmes du développement. Certains occidentaux devraient s’interroger sur la signification des événements en Égypte et s’abstenir de critiquer les autres pays ».

Le Global Times et le Quotidien de Pékin étaient sur la même ligne : « les pays qui se contentent de copier de manière superstitieuse le style occidental sont confrontés à des problèmes graves ». La version anglaise du Quotidien du Peuple ajoutait que pour les économies en développement, la priorité devait être la prospérité économique, la stabilité sociale et la sécurité de l’Etat, bien plus importante que le principe du scrutin démocratique – un citoyen, un vote – à l’occidentale.

Ces idées ont été relayées à Hong-Kong par le Wen Wei Po, pro-Pékin, au moment même où de puissantes manifestations réclamaient le suffrage universel dans la RAS : « des décisions irréalistes et radicales risquent de provoquer des dommages irréparables à la stabilité sociale et au niveau de vie de la population ».

Sur le net, certains ont réagi, comme Hu Ziwei, une animatrice TV très populaire qui compte plus de 300 000 fans de son compte Weibo : « demandez aux Égyptiens s’ils veulent revenir à l’ère Moubarak ou aux Irakiens s’ils veulent retrouver Sadam. Ou encore interrogez les Russes sur Staline et les Libyens sur Kadhafi ».

Corruption : Liu Zhijun, « le bondissant », échappe à l’exécution.

Le 8 juillet l’ancien ministre du rail, accusé de corruption massive, de trafics d’influence, d’abus de pouvoir et de népotisme a été condamné à mort avec 2 ans de sursis par une cour intermédiaire de Pékin.

Mais He Weifang, professeur et chercheur à l’Université de Pékin, fervent avocat de l’indépendance de la justice, a mis en garde contre la signification du verdict. « Par le passé, le pouvoir chinois a maintes fois sanctionné les corrompus de cette manière, même quand il s’agissait de responsables encore plus élevés dans la hiérarchie que Liu Zhijun, mais cela ne signifie pas que la lutte contre la corruption est efficace ».

On ne peut cependant pas dire que rien ne bouge. Récemment, dans le Jiangsu a eu lieu un incident impensable il y a seulement 5 ans. La foule en colère s’en est pris à un cadre local qui festoyait dans un restaurant de luxe. Le cadre a fondu en larmes et s’est excusé. Deux jours plus tard il était démis de ses fonctions.

Le mardi 25 juin, Xi Jinping s’exprimant à la fin d’un séminaire du Bureau Politique, largement couvert par les médias officiels, a directement exhorté les hauts dirigeants du Parti à donner l’exemple de la probité les incitant à faire leur propre examen de conscience. La nouveauté est que ce type de réunion du Bureau Politique n’avait par le passé jamais fait l’objet de comptes rendus publics.

A cette occasion Xi a notamment demandé à la haute direction du régime de « contrôler strictement les membres de leurs familles ainsi que leurs subordonnés et de s’abstenir de commettre des abus de pouvoir, qu’il s’agisse de l’utilisation abusive de plaques d’immatriculation officielles ou du pillage des actifs de l’Etat ».

C’était une autre première. Le message en filigrane était en effet une accusation directe que certains membres de Bureau n’étaient pas encore entrés dans ces critères. L’avenir dira si la réunion du 25 juin aura des suites disciplinaires dirigées contre les principaux obstacles aux réformes.
(Voir aussi Le rail chinois, la corruption du ministre et les ramifications occultes d’un scandale).

Contrôle des finances locales.

Dans un effort pour limiter les dérapages de la finance grise, le gouvernement contrôle strictement le taux des emprunts lancés par les provinces. Récemment le Jiangsu et le Shandong ont été ajoutés à la liste des provinces autorisées à lancer des emprunts aux taux contrôlés par l’Etat (respectivement 15,3 Mds de Yuans – 1,9 Mds d’€ et 11,2 Mds de Yuans - 1,4 Mds d’€ -), dédiés au financement d’infrastructures de transport et de logements sociaux.

Ces initiatives ont été suivies par des associations de PME, en mal de cash, qui ont lancé des emprunts collectifs pour échapper aux taux usuraires des officines de prêts. C’est le cas au Shandong où les taux accordés aux PME ont été fixés au niveau raisonnable de 6,5% pour une valeur totale de 539 millions de Yuans (68 millions d’€).

Ralentir le rythme de l’urbanisation.

Le gouvernement est inquiet de la masse de crédits qui seront hypothéqués par l’urbanisation à marche forcée du pays et craint une nouvelle explosion des crédits publics qui entretiendra la bulle financière, augmentera les dettes des gouvernements et tirera vers le haut les prix de l’immobilier.

Initialement l’un des dirigeants les plus enthousiastes concernant les projets d’urbanisation (40 000 Mds de Yuan – 5000 Mds d’$ - en dix ans pour déplacer 400 millions de chinois vers les centres urbains), vus comme un puissant adjuvant à la croissance, le premier ministre Li Keqiang est peut-être en train de changer d’avis, échaudé par la perspective des masses financières à mettre en circulation.

Alors que la banque chinoise de développement a récemment promis 150 Mds de Y (17 Mds d’€) au Fujian et 30 Mds de Y (3,7 Mds d’€) à l’Anhui, pour accompagner les projets d’urbanisation, Li Keqiang a demandé à la Commission Nationale pour la Réforme et Développement de revoir l’impact financier de ses planifications d’urbanisation, en y intégrant une réflexion sur le budget des administrations locales.

Le financement des projets locaux suppose en effet l’augmentation des taxes locales pour garantir les emprunts des provinces qui, jusqu’à présent, étaient assurés par des hypothèques sur les actifs publics ou des ventes foncières, souvent à l’origine de conflits avec la paysannerie.

Selon l’Académie des Sciences Sociales, qui vient de tirer la sonnette d’alarme, aux questions de financement liées aux impôts, s’ajoute le problème encore non résolu du Hukou, qui, dans le processus de migrations vers les villes, risque de créer une masse de population de seconde zone, dont les frustrations seront explosives. Il est cependant probable que ces questions resteront en suspens jusqu’au 3e Plenum du Parti prévu en octobre.


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