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›› Chronique

Succès et problèmes de l’aéronautique militaire chinoise

Les dérapages de la coopération sino-russe

A l’origine il y a le désordre russe après l’effondrement de l’empire, quand Moscou en faillite a commencé à vendre ses équipements militaires de par le monde, y compris les SU.27, fleuron de l’aéronautique militaire. Pendant 15 années la Russie fut le principal fournisseur d’armes à la Chine, qui, contre un total estimé entre 20 et 30 Mds de $, s’est ainsi procuré des sous marins, des destroyers, des avions de combat, des chars et des missiles.

Après avoir acheté 24 SU.27 en 1992 pour 1 Md de $, l’industrie d’armement chinoise avait même réussi en 1996 à négocier la licence pour fabriquer des SU.27 à Shenyang, avec des pièces détachées importées de Russie. Le programme a permis de fabriquer 200 SU.27 pour le prix de 2,5 Mds de $. La contrepartie du contrat était que l’appareil ne pouvait pas être exporté.

Mais après avoir construit les 100 premiers exemplaires, Pékin a rompu le contrat en 2004, au prétexte que l’appareil ne correspondait plus à ses exigences. Trois ans plus tard, le J-11B, copie conforme du Sukhoi, était révélé à la presse.

Ce dernier est un chasseur équipé du moteur chinois WS-10A, au rayon d’action de plus de 5000 km avec ravitaillement en vol, volant à Mach 2,3, doté d’un radar chinois, capable d’engager 6 cibles et d’en traiter simultanément 4. Il est équipé de bombes à guidage laser et de missiles air-air PL 12, comparables aux missiles occidentaux.

Frustrations des ingénieurs russes.

« Nous ne sommes pas méfiés, et avons négligé les droits de propriété » se plaignent les responsables de la défense russes. « Maintenant la Chine nous concurrence sur notre propre marché ». Mais, fataliste, Vassily Kashin, un expert russe de l’armée chinoise ajoute : « quand nous avons vendu la licence, nous savions ce qu’ils en feraient et avons accepté le risque car c’était une question de survie ».

Les Chinois nient les accusations de vol de technologies et répètent que le J-11B est à 90% chinois, dans un contexte où, disent-ils, « les technologies évoluent et se perfectionnent très vite ». En représailles, la Russie a d’abord annulé les négociations sur le SU 33 aux ailes repliables, capable d’équiper un porte avions. Aujourd’hui Moscou est à nouveau prêt à composer, mais refuse l’offre chinoise de n’en acheter que 2 exemplaires.

Bras de fer autour d’un chasseur « navalisé »

Pour forcer l’APL a se plier à ses conditions, Sukhoi Aviation semble aujourd’hui décidé à profiter de l’avantage que lui confèrent les lacunes chinoises sur la motorisation et le souci de l’APL de mettre au point d’urgence un chasseur « navalisé », capable d’équiper le futur porte avions.

Mais les plus pessimistes soulignent que la Chine pourrait bien réussir à produire un avion par elle-même, à partir d’un exemplaire unique de SU 33, acheté à l’Ukraine en 2001. De fait, on parle déjà du J-15, une version aéronavale du J-11B, aux ailes repliables, très proche du SU-33, dont les tests en vol devraient durer jusqu’en 2012.

Pékin cible les marchés d’exportation « high-tech »

Une autre crainte soulevée - notamment chez les Russes - par le surgissement des appareils « high-tech » chinois dans le paysage de l’aviation militaire mondiale est que la Chine devienne très vite un concurrent dans l’exportation d’armement sophistiqué. Cette éventualité est d’autant plus agaçante pour Moscou que les équipements aéronautiques proposés par les Chinois sont, on l’a vu, directement dérivés des leurs, à la suite de longues années de « reverse engineering » des SU.27.

Il est un fait que l’activisme des commerciaux chinois dans les salons aéronautiques mondiaux est impressionnant, alors que les Russes, très présents il y a quelques années, semblent lever le pied.

On les a vus au Salon de Dubai, avec le L-15 d’entraînement, puis à Satory, au Cap, où le stand de la Chine était parmi les plus imposants, et à Farnborough, avec le JF-17, chasseur construit en coopération avec le Pakistan, au prix très compétitif, pour lequel des tractations sont en cours avec l’Azerbaïdjan. Le même JF-17 a été proposé au Myanmar, contre le MIG 29, dont les Russes ont été contraints de baisser le prix pour réussir à le vendre.

Les autres acheteurs potentiels du JF-17, que la Chine a déjà vendu au Soudan, sont le Sri Lanka, le Bangladesh, le Venezuela, le Maroc et la Turquie. Mais le client qui inquiète le plus Washington est bien l’Iran qui, en 2008, avait déjà acheté 24 J-10, l’appareil de combat chinois le plus moderne après le J-11B. A l’époque, la vente avait eu lieu après que les négociations entre Téhéran et Moscou pour l’achat de SU-30 aient échoué.

Il reste qu’il y a loin de l’anticipation de la menace à sa réalisation. Quel que soit leur activisme, les Chinois ne peuvent encore être comparés aux grands marchands d’armes occidentaux. Selon le Stockholm International Peace Resarch Institute (SIPRI), entre 2005 et 2009, les exportations militaires chinoises n’ont compté que pour 2% dans le total du commerce des armes dans le monde, plaçant la Chine seulement au 9e rang des vendeurs d’armes.

Il ne fait aucun doute que ce pourcentage augmentera avec le niveau technologique des équipements mis sur le marché par les Chinois à des prix souvent inférieurs de 40% à ceux de la concurrence. Mais plus la technologie est sensible (avionique, radars, moteurs), plus il est difficile d’atteindre le niveau de crédibilité requis par les acheteurs.


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