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Venezuela : de la « Realpolitik » aux rapports de forces. Les « caractéristiques chinoises » à l’épreuve

La Chine et Hugo Chavez. Solidarité socialiste anti-américaine.

En 2004, 5 ans après son investiture, Chavez en était déjà à son 3e voyage, quand, dans un discours à l’Université de Pékin, il établit un parallèle anachronique entre Simon Bolivar (1783 – 1830) et Mao (1893-1976) dont il dit qu’ils étaient « frères dans l’âme ».

Dans sa fougue pro-Pékin et anti-Washington, Chavez inscrivit son programme de gouvernement dit de la « Révolution bolivarienne » dans le cadre de l’idéologie communiste d’essence maoïste.

Engagé dans une stratégie d’influence en Amérique Latine (lire : Un souffle chinois sur l’Amérique Latine.) qui s’accéléra sous Xi Jinping, dont le but stratégique est aussi de dépouiller Taïwan de ses appuis diplomatiques, Pékin répondit très positivement aux avances de Caracas.

Dès 2001, la Chine rehaussait le niveau de la relation à celui de « partenariat stratégique ». Entre 2003 et 2012 les échanges commerciaux explosèrent de 800 millions à 20 Milliards de $ et, durant cette période où le Venezuela devint le 4e fournisseur de pétrole de la Chine, Caracas s’aligna sur Pékin en Iran et en Corée du Nord.

Symbole des stratégies chinoises investissant en priorité dans les zones en difficultés économiques et/ou hostiles aux États-Unis, depuis 2008, Caracas a selon le Center for International & Strategic Studies (CISS), bénéficié de plus de 62 Mds de $ de prêts, représentant 53% du total des prêts chinois accordés à toute l’Amérique Latine.

Au bilan, Pékin, premier créditeur, détient aujourd’hui 23 Mds de la dette de Caracas soit 16,4% du total des 140 Mds de $ dus par le pays, dont une part importante est remboursée en livraisons de pétrole.

La structure des investissements chinois révèle un intérêt croissant pour le secteur de l’énergie et du pétrole comptant pour 95% des exportations du pays. Depuis 2008 (source CISS), 12 des 17 prêts accordés par la Chine ont ciblé le gisement d’Orinoco où, en 2010, la CNPC a obtenu un bail de 25 ans en échange de 40% des 80 Mds nécessaires à l’exploitation du gisement.

En 2009, une JV contrôlée à 40% par la branche technique des chemins de fer d’État chinois 中国中铁 – Zhongguo Zhongtie - lanca une compagnie ferroviaire venezuelienne que Caracas présenta comme le maillon destiné à relier les régions agraires aux bassins pétroliers. En même temps, CNPC projetait plusieurs centaines de forages estimés à 16 Mds de $ dont la production à venir devait atteindre 450 000 barils/jour. En 2013, un nouveau prêt chinois de 50 Mds de $ sur 5 ans était dédié à la construction de 200 logements.

Les équipements militaires sont un autre secteur où, depuis 2013, la Chine tient le haut du pavé avant la Russie et les États-Unis, avec 628 millions de $ d’achats dont 150 véhicules blindés anti-émeutes et des équipements individuels de protection dédiés à la police [2]. Ces derniers s’ajoutèrent aux radars et aux chasseurs de combat vendus par Chine durant la présidence de Chavez [3].

Note(s) :

[2La vente d’équipements de police par la Chine au Venezuela sous le coup d’une enquête de la cour criminelle internationale a, à la fois, initié des craintes et des réprobations, accusant Pékin de cynisme stratégique. Après les émeutes du printemps 2017 qui firent 163 morts et plus de 2000 blessés, des dizaines de milliers de Venezueliens ont fui le pays accélérant encore l’exode économique.

[3Si les vieux équipements militaires vénézuéliens sont américains, les modernes sont en majorité russes. Mais en 2008, Chavez a négocié l’achat de 24 avions d’entraînement et de surveillance K-8 qui furent la première percée des ventes militaires chinoises en Amérique Latine. En 2009, une première promotion de 11 pilotes et 56 mécaniciens ont effectué un stage en Chine. A la fin 2008, les techniciens chinois installèrent un centre de contrôle aérien près de Caracas équipé de radars longue portée JYL-1. La même année, 70 officiers de l’armée de l’air sont allés en Chine se former à la mise en œuvre et à l’entretien de ces équipements.


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