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›› Editorial

Chine – Europe : les limites de l’illusion céleste

Méfiances, difficultés et résistances chinoises.

On observera d’abord que la Chine qui, en 2011, a augmenté de plus 30% son engagement dans la dette américaine, ne répond qu’avec prudence aux avances européennes. En dépit des discours de solidarité, toutes les réactions des responsables chinois sont en effet d’attente, plutôt que d’engagement.

Il est vrai que depuis le début de la crise les élites européennes ont montré plus d’hésitations que de détermination à sauver la Grèce. Ce qui explique la retenue, et peut-être la méfiance chinoise exprimée par le souci répété de Pékin d’obtenir des garanties et d’adosser son engagement au FMI. On est loin de la souplesse et de la rapidité des transferts autour des bons du trésor émis par la Réserve Fédérale.

Les manœuvres du Premier Ministre grec, soumettant l’accord du 27 octobre à un référendum populaire, avant d’esquisser une marche arrière, ne furent pas non plus de nature à rehausser la confiance de Pékin. Dans ce contexte d’hésitations et d’incertitudes accumulées, il n’est d’ailleurs pas exclu que le Parti garde prudemment ses distances, également échaudé par l’opinion publique interne indignée de cette « aide chinoise aux pays riches », alors que la situation sociale du pays est, elle-même, très inégalitaire.

D’autant que la Chine n’est pas, comme beaucoup le pensent, l’inépuisable tire-lire capable d’investir à tout va à travers la planète. En effet, si on examine l’état des investissements dans le monde à la fin de 2010, on constate que le stock mondial des engagements chinois est huit fois moindre que celui des Etats-Unis et même très en-dessous de celui de la France, du Royaume Uni ou de l’Allemagne. En Europe, il n’atteint pas 2%.

Enfin les hésitations chinoises s’expliquent aussi par la conscience de plus en plus vive des dirigeants que les défis internes à venir seront coûteux. D’importants secteurs liés au social (santé, retraites), à l’éducation, à l’innovation, à l’urbanisation massive et à la restructuration de l’industrie ne sont en effet pas financés. Il est probable que si toutes ces échéances venaient ensemble à maturité, même les fabuleuses réserves chinoises n’y suffiraient pas.

Certains voient aussi dans les événements en cours, marqués par la violence de la crise qui secoue l’UE et le début de panique des dirigeants européens négociant avec la Chine depuis une position pour le moins fragilisée, les prémisses d’un resserrement des liens entre l’Europe et la Chine. Ce rapprochement serait accompagné à terme par des concessions commerciales de Pékin qui accepterait, par solidarité et intérêt bien compris, de supprimer les barrières commerciales encore nombreuses sur le marché chinois.

Mais l’exemple américain démontre très exactement le contraire. L’engagement croissant de la Chine dans la dette américaine – certains spécialistes chinois envisagent qu’à terme elle pourrait atteindre 3000 milliards de $, soit plus du double de ce qu’il est aujourd’hui - a certes lié la Chine aux Etats-Unis dans un « équilibre financier de la terreur », selon l’expression du Secrétaire d’Etat au Trésor Geithner. Il reste que cette imbrication, parfois heurtée et inconfortable pour les deux partenaires, n’a pas pour autant poussé Pékin à ouvrir son marché dont des pans entiers restent encore fermés aux investissements étrangers.

Tout indique en revanche que ce sont les pressions commerciales conjuguées de l’UE et des Etats-Unis, et non pas la communauté d’intérêts qui incitent les dirigeants chinois à se conformer peu à peu aux règles de l’OMC et à apprécier leur monnaie, sans toutefois la laisser flotter librement. Ce qui n’empêche cependant pas Pékin de faire pression pour que l’Union Européenne lui reconnaisse le statut d’économie de marché en échange de son engagement financier.


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