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›› Editorial

两会 2017. Stabilité interne. Puissance régionale et volonté d’apaisement avec Washington

Affirmation de puissance et quête d’apaisement avec Washington

A l’international, le discours des responsables à l’ANP est marqué par le même contraste entre, d’une part, les paroles apaisantes de Li Keqiang et Wang Yi faisant la promotion du projet de nouvelles routes de la soie [3], épine dorsale de l’élan international de la Chine articulé autour de l’expansion des entreprises chinoises le long des anciennes ligne de communication vers l’Europe et quelques directions adjacentes vers l’Asie du sud-est et vers l’Afrique et, d’autre part, les inquiétudes autour des sujets de friction que sont les risques de guerre commerciale avec les États-Unis, la mer de Chine, le Japon, la Corée du sud et Taiwan.

Sur chacun de ces points, Pékin reste inébranlable. En même temps le premier ministre et son MAE affichent leur confiance que les relations avec Washington aujourd’hui tendues iront en s’améliorant. Le discours chinois est inchangé. Les relations sino-américaines doivent sortir de l’ancien schéma de la prééminence américaine pour entrer dans une phase normale de respect mutuel entre grandes puissances où chacun tient compte de la position de l’autre.

Au passage, après avoir marqué qu’elle gagnerait une guerre commerciale avec les Etats-Unis et répété son opposition aux alliances militaires américaines dans la région, la Chine rappelle sans faiblir ses lignes rouges stratégiques : politique d’une seule Chine à Taiwan, souveraineté non négociable en mer de Chine du sud, opposition à l’unité de l’ASEAN sous influence américaine et prévalence de la négociation contre les pressions et l’installation du THAAD en Corée du Sud.

Pour l’heure, la Maison Blanche qui laisse filtrer des rumeurs sur une possible invitation de Xi Jinping en Floride en avril prochain et vient d’envoyer Rex Tillerson en tournée dans la région, distille des messages contradictoires. Après avoir prudemment entrouvert une porte à Tokyo, le Secrétaire d’État l’a aussitôt refermée à Séoul.

Le 16 mars à Tokyo, Il a en effet officiellement admis que, durant les 20 dernières années, les efforts diplomatiques et « les autres stratégies » (il n’a pas précisé lesquelles) avaient échoué, soulignant que Washington devait aborder la question sous angle nouveau, dont il n’a cependant rien dit.

Mais le lendemain à Séoul, il a administré une douche froide en excluant toute négociation avec la Corée du Nord, ajoutant pour la première fois que les États-Unis seraient contraints de lancer une frappe préventive si Pyongyang haussait sa menace missiles et nucléaire à un niveau inacceptable.

Des tensions rémanentes.

D’autres sérieux points de friction subsistent. Après avoir exhorté le « peuple nord-coréen » à ne pas craindre Washington, laissant entendre sans le dire que la cible des États-Unis était seulement le régime de Pyongyang, Tillerson a, contredisant les promesses de désengagement répétées par Trump durant sa campagne, et à la suite du général Mattis, rassuré Séoul et Tokyo sur la solidité des alliances militaires.

Enfin, en observant les coulisses de cette situation, contrastant avec les promesses d’apaisement qui flottent autour d’une future rencontre entre Trump et Xi Jinping, force est de constater que le niveau sonore des « bruits de ferraille » augmente.

Tandis que Washington et Pékin augmentent leur budget de la défense (+7% pour la Chine +10% proposés par la Maison Blanche), la marine chinoise termine la construction de son 2e porte-avions, le Pentagone poursuit le projet violemment critiqué par Pékin, d’installer le système anti-missiles de théâtre en Corée du sud, tandis que le Japon, qui envisage d’améliorer l’efficacité de son système anti-missiles vient de décider pour la première fois depuis la guerre d’envoyer en mer de Chine du sud [4], son plus gros navire de guerre, le porte hélicoptères, Izumo, entré en service il y a trois ans.

Comme à son habitude, ménageant Washington, c’est vers Tokyo que Pékin a tourné sa colère. Le 16 mars, le porte-parole du Waijiaobu, retrouvant une rhétorique moralisatrice, a mis en garde : « Si le Japon persistait à “mal se conduire“, allant même par ses initiatives militaires jusqu’à menacer les intérêts et la souveraineté de la Chine (ndlr : sous entendu dans les mers de Chine du sud et de l’est), nous serions contraints de riposter avec fermeté ». Pour une revue rapide de l’historique des relations sino-japonaises et de l’arrière plan psychologique des tensions, lire : Relations Chine-Japon. Les non-dits de l’irrationnel.

Note(s) :

[3Pour Wang Yi, le projet des nouvelles routes de la soie est devenu « la plateforme de coopération internationale la plus prometteuse au monde ». Cette prééminence résultat d’une « initiative chinoise, devenue la propriété de tous », sera confirmée quand, en mai prochain, 50 chefs d’états et de gouvernement, plus d’une centaine de ministres et 1200 délégués venus de la plupart des pays du monde se rassembleront à Pékin à l’invitation du gouvernement chinois sur le thème des « nouvelles routes de la soie ».

[4Le porte hélicoptères Izumo (jaugeant 25 000 tonnes pouvant embarquer 28 appareils) fera escale à Singapour, en Indonésie, aux Philippines, au Sri Lanka, avant de se joindre en juillet prochain à un exercice naval avec les marines indienne et américaine, au large de la côte de Malabar sur la côte sud-ouest de l’Inde, portion de la route chinoise du pétrole, à mi-chemin entre le Sri Lanka et le port pakistanais de Gwadar, tenu par la Chine. Lire notre article Le Pakistan, premier souci stratégique de Pékin. Les faces cachées de l’alliance.


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