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›› Chronique

19e Congrès. Les couteaux sont tirés. Xi Jinping élimine ses opposants, consolide son pouvoir et s’installe pour durer

Le crépuscule de l’héritage de Deng.

A l’extérieur, alors que le vieux sage prônait la discrétion stratégique, les nouvelles élites de la 5e génération secouent le joug de la modestie et affirment sans complexes la puissance de la Chine face au monde.

Durcissant notablement la position de Pékin dans sa zone d’intérêt stratégique immédiate, contre l’Inde et le Japon et défiant Washington en Asie du Sud-est, sur la question coréenne et à propos de Taïwan, la 5e génération au pouvoir tire opportunément profit des querelles entre les États-Unis et la Russie pour se rapprocher de Vladimir Poutine qui, en Asie, se range derrière la Chine et approuve sans réserve le raidissement chinois contre les intrusions de Washington [2].

En politique intérieure, la rupture avec la pensée politique du successeur de Mao est tout aussi nette. Alors que, dans la foulée des errements dramatiques de la révolution culturelle et des embardées du culte de la personnalité, Deng prônait le consensus politique, Xi Jinping saisi par le sentiment de l’urgence d’avoir à assainir la gouvernance éthique du pays sous peine d’accident interne, a progressivement imposé à l’appareil, au nom de l’impératif politique absolu de la survie du régime, un style de pouvoir autoritaire direct et expéditif prenant une partie la machine politique du pays rebrousse poil.

Ce divorce avec la confortable routine du consensus associant même aux décisions les anciens à la retraite, fonde une partie des oppositions contre le n°1 du Parti. Elles se nourrissent aussi de la brutalité de la lutte anti-corruption dont les méthodes expéditives basées sur la délation attisent mécaniquement les rancoeurs.

Lire à ce sujet : Xi Jinping rénove le Parti, recentre son pouvoir et s’organise pour durer. et, pour revenir aux contrastes philosophiques entre l’Occident, et l’Orient qui ne considère pas que la « démocratie » et l’exigence de « la séparation des pouvoirs » soient des « valeurs universelles » : Réflexions sur les origines de la corruption et ses remèdes.

Le « glaive » de la Commission de discipline.

Une autre volet du texte de Wang Qishan publié dans le Quotidien du Peuple éclaire les intentions du pouvoir comme jamais un dirigeant chinois ne l’avait fait récemment tout en plaidant pour sa paroisse dont les méthodes sont souvent critiquées. « 巡视 彰显 中国 民族 监督优势 (les inspections - de la Commission de discipline, c’est l’auteur qui précise - expriment les avantages de la vision chinoise de la démocratie »).

L’article est avant tout un long plaidoyer légitimant l’action de la Commission de discipline aux ordres du parti et de son chef. « 以习近平同志为核心的党中央把巡视作为全面从严治党的重大举措,使之成为党之利剑 - le Comité Central et le camarade Xi Jinping à sa tête considèrent que les inspections, devenues le glaive du parti, sont des actions essentielles pour imposer une gouvernance rigoureuse de l’appareil ».

Mais il accrédite l’hypothèse courant dans le cercle des commentateurs de la Chine, selon laquelle les émules du président et le président lui-même auraient la conviction que seul Xi Jinjing serait doté du courage et de la force de caractère pour mener à son terme la refondation éthique de l’appareil politique chinois dont l’assainissement et la régénération ne font que commencer. 我们面对的问题是长期形成的, 解决起来必然要经历一个长期过程 (les problèmes auxquels nous faisons face ont des racines anciennes et leurs solutions exigeront de l’expérience et du temps.)

Une idée qui suggère inévitablement celle – non exprimée - de la prolongation des mandats de Wang Qishan au-delà de 2017 (pour poursuivre et améliorer les inspections par la Commission de discipline) et au-delà de 2022, de Xi Jinping lui-même, seul capable de les légitimer.

Pour Wang, les succès spectaculaires du parti depuis 2012 auraient été impossibles sans Xi Jinping. Par la force de son magistère et sa capacité à imposer une stricte discipline, l’actuel n°1 a placé le parti sur une trajectoire de grandeur jamais vue auparavant. Circonstance rare dans un texte écrit à ce niveau hiérarchique, ni Jiang Zemin, ni Hu Jintao sont cités, laissant supposer que, pour l’auteur, Xi Jinping se place au-dessus de ses prédécesseurs et qu’il aurait la légitimité pour bousculer les habitudes.

Même si au sein de l’appareil nombreux sont ceux qui craignent ce chamboulement du processus de succession ayant éliminé Sun Zhengcai, pour l’heure, aucune voix contraire ne s’est élevée.

Note(s) :

[2La réciproque n’est pas toujours vraie. S’il est exact qu’au Moyen Orient les intérêts chinois ont rapproché Pékin de Téhéran et de la Syrie, en revanche, sur les différends entre Moscou et les Occidentaux en Europe orientale et en Crimée, Pékin est resté sur une prudente réserve.


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