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›› Politique intérieure

Xi Jinping : Centralisation du pouvoir et fragilités politiques

Le 1er juin dernier, le site China Leadership Monitor (CLM) publiait une série de papiers analysant dans le détail la concentration du pouvoir dans les mains de Xi Jinping depuis 2012.

Sous la plume de Minxin Pei, diplômé d’études anglaises de l’Université pour les études internationales de Shanghai et Docteur en sciences politiques de Harvard, CLM décrivait aussi les modifications apportées aux règles de fonctionnement internes du Parti.

Une autre analyse focalisée sur le pouvoir de l’actuel n°1 était signée de Guoguang Wu, originaire du Shandong. Ancien proche de Zhao Ziyang, le premier ministre limogé par Deng en 1989 (lire : Mémoires d’outre tombe de Zhao Ziyang.), Wu, aujourd’hui professeur de sciences politiques au département d’histoire de l’Université Victoria au Canada, identifie 7 pôles et chapelles politiques constituant le réseau de responsables de second plan sur lequel Xi Jinping a appuyé son ascension en créant des « allégeances en cascade » toujours opérationnelles aujourd’hui.

La modification des règles et le réseau d’influence ont permis au n°1 de resserrer son contrôle sur les procédures d’organisation de la machine politique, d’augmenter l’emprise de cette dernière sur l’État et d’intensifier l’endoctrinement idéologique de la société.

Mais, mis en exergue dans l’introduction, subsistait un doute sur l’étendue du pouvoir de Xi Jinping : « Bien que Xi ait obtenu un succès incontestable dans la révision et la promulgation de presque toutes les règles importantes du parti, il n’est pas prouvé que ces modifications aient été pleinement acceptées et considérées comme légitimes et contraignantes par la base. »

Suivait une incitation à la prudence dans les analyses des entrailles politiques de la Chine : « Ne pas prendre pour argent comptant et une réalité établie l’affirmation de la suprématie omnipotente de Xi ».

Toilettage et réécriture des textes.

Il est un fait que Xi et son entourage s’emploient depuis 2012 à rénover la structure léniniste du pouvoir. Depuis le 19e Congrès et le second mandat du n°1, l’entreprise s’accélère. S’il est vrai que tous les secrétaires généraux du parti ont, après Deng, modifié les règles et les procédures de fonctionnement du régime, Xi a fait bien plus. Il a notamment amendé un texte de Deng Xiaoping publié en 1980, 4 ans après les affres de la révolution culturelle et la mort de Mao, intitulé « Principes et lignes directrices de la vie politique au sein du Parti : 关于党内政治生活的若干准则 - ».

Plus encore, après le 19e Congrès, Xi a non seulement fait adopter plusieurs règles réaffirmant le centralisme d’une direction unifiée – rien de neuf jusque là -, mais il a aussi promulgué une procédure obligeant l’administration à lui rendre compte directement de toutes « les initiatives importantes » ; il a renforcé les procédures de sanctions du code de discipline et les modalités des inspections - fait unique en les amendant 2 fois - ; il a aussi modifié de manière substantielle les règles de nomination et de promotion.

Le tout ayant contribué à créer un arrière-plan politique dont toutes les facettes concourent à renforcer son pouvoir.

Deux exemples illustrent cette tendance dont il faut bien constater qu’en affirmant l’exigence de loyauté à Xi Jinping comme un des premiers principes politiques du Parti-État, elle finit par renouer avec le culte de la personnalité que le régime affirme pourtant vouloir tenir à distance depuis 1978.

Ainsi, toute la démarche des textes amandés minimise l’idée « de pouvoir collectif » pour n’insister que sur le vieux mantra communiste de « centralisme démocratique » qui, en réalité, exige l’obédience sans condition aux directives du Centre, lequel est, depuis le 18e Congrès assimilé à Xi Jinping lui-même.

Retour au culte de la personnalité ?

Approuvée par le 6e plenum du 18e Congrès en octobre 2016, en même temps que fut conférée à Xi Jinping, la qualité le plaçant au « Cœur- 核心- du Parti », la révision des « principes de la vie politique » légués par Deng Xiaoping, évoque certes la nécessité d’une direction collégiale.

Il reste que, dans le document révisé, elle ne figure plus en titre de paragraphe, mais n’apparaît que dans le corps du texte sous le rappel du principe de « centralisme démocratique » loi cardinale exigeant l’obédience au Centre. En chinois cette forme classique du double langage communiste jonglant de manière ambiguë avec les principes démocratiques s’écrit : « 坚持民主集中制原则 Jianchi minzhu jizhong zhi yuanze ».

Énonçant un centralisme auquel est désormais subordonné le principe de direction collégiale, il fait ni plus ni moins de l’obédience inconditionnelle à Xi Jinping « au cœur » du Parti, l’une des facettes de l’exigence de collégialité. Autrement dit, la présentation du texte de la nouvelle version maintient en partie la forme d’une nécessaire vision collective de la direction de la Chine, mais au fond, en laissant entendre que l’obéissance à Xi Jinping est la nouvelle forme de la collégialité, elle dit exactement l’inverse.

La régression par rapport à la pensée politique de Deng Xiaoping est également visible à propos du culte de la personnalité 个人崇拜- ge ren chongbai et de l’arbitraire 独断专行 – duduan zhuanxing. Alors que la version ancienne traitait de la question en 159 caractères, la nouvelle forme ne l’élude pas complètement, mais elle l’expédie deux fois plus vite en seulement 66 caractères.

Surtout, elle affaiblit la portée de la critique directe de la tête du régime qui, à l’époque, visait Mao de manière à peine voilée. En noyant le concept dans des mises en garde adressées aux tendances de la bureaucratie à se construire des fiefs personnels « - 个人领地 geren lingdi - » dans leurs secteurs de responsabilité respectifs, tout en exigeant la loyauté à l’égard de Xi Jinping, on est passé d’un rejet normatif d’une conception individuelle du pouvoir central, à la dénonciation des chapelles des cadres locaux.

Du coup on exonère Xi Jinping de toute critique puisque la nouvelle mouture se contente de condamner les éloges sans fondement des succès et des vertus « 无原则的歌功颂德 - Wu yuanze de gegongsongde », la distortion de l’histoire et la fabrication de faits pour promouvoir les réalisations et les succès d’un dirigeant 歪曲历史和捏造事实来宣 Waiqu lishi he niezao shishi lai xuanyang lingdao ren de gongji).

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A la recherche de l’omnipotence.

L’autre exemple illustrant la volonté d’omnipotence de Xi Jinping est la longue liste des domaines où il impose que l’administration n’agisse pas sans instruction du Centre, en même temps qu’il réclame des compte-rendus de situation précis après chaque initiative.

Ces rapports conjoncturels [1] s’ajoutent à ceux que Xi exige annuellement des instances centrales du Parti sommées de « signaler de manière proactive les problèmes majeurs 主动将重大问题报 dans la mise en œuvre des politiques publiques » et de « promouvoir la loyauté et l’honnêteté envers le parti 对党忠诚老实, tout en luttant systématiquement contre les mots et les actes portant atteinte à son unité 自觉同危害党中央集中统一和团结统一的言行作斗争). »

Pour asseoir son pouvoir Xi Jinping utilise aussi ses relais locaux formant un réseau d’appuis politiques à sa dévotion. Wu Guoguang identifie 7 groupes d’influence ayant fourni les soldats de la conquête du pouvoir par l’actuel n°1.

La piétaille est devenue la nouvelle aristocratie du pouvoir politique chinois occupant 16 des 18 postes du Bureau Politique et les 25 postes de n°1 des provinces. Sur les 258 membres permanents des structures locales du parti, 220 ont été nommés sous l’égide de Xi Jinping, soit 85% des cadres locaux.

Aux plus hauts échelons de l’appareil administratif – celui de n°2 des provinces et de vice-ministres étudiés par cette note qui ne traite pas de l’armée ni de la bureaucratie des groupes publics (SOE) -, les coteries sont connues et puisent toutes dans le vivier de ceux qui à un moment de leur carrière furent en contact avec Xi Jinping.

Elles tissent un réseau de pouvoir dont presque tous les maillons doivent directement leur carrière et leur promotion à Xi Jinping, formant l’ordre de bataille de contrôle du Parti. Une exception cependant : la filière de Shanghai où Xi Jinping n’a effectué qu’un bref passage de moins d’une année en 2007 et où nombre de fonctionnaires on également fait allégeance à la mouvance Jiang Zemin.

Les 7 viviers des appuis à Xi Jinping.

Ils sont d’abord de la « 2e génération rouge », fils des vétérans maoïstes, ayant le même arrière-plan politique et familial que Xi Jinping, fils de Xi Zhongxun. On y retrouve Liu He, économiste et représentant spécial de Xi Jinping dans la querelles commerciale avec Washington, Li Zhanshu, Président de l’ANP, Wang Qishan, vice-président de la République, Zhang Youxia, n°3 de la Commission militaire centrale et Madame Bu Xiaolin, n°1 en Mongolie intérieure. Leurs carrières ont toutes été accélérées par Xi Jinping.

Vient ensuite la coterie du Shaanxi où Xi a passé 6 années durant la révolution culturelle. On y retrouve Li Xi, secrétaire du parti (n°1) à Canton, Wang Dongfeng n°1 au Hebei, Jing Junhai, gouverneur du Jilin, Qi Yu, n°1 du parti au ministère des Affaires étrangères, propulsé à ce poste sans aucune expérience diplomatique, Zhao Leji, président de la Commission de discipline et Wang Chen, n°2 de l’ANP.

Le 3e vivier est celui de Qinghua où Xi Jinping est diplômé d’études marxistes, avec Chen Xi aujourd’hui à la tête de la Commission d’organisation du Parti, Hu Heping, n°1 au Shaanxi, à 55 ans plus jeune secrétaire général de province et Chen Jining, ministre de l’environnement lui aussi ancien de Qinghua et à 55 ans le plus jeune à ce niveau ministériel.

Le 4e réseau s’enracine au Hebei où Xi a commencé sa carrière avec Li Zhanshu déjà cité, Yang Zhenwu, ancien journaliste en poste à Shijiazhuang dans les années 80, aujourd’hui secrétaire général du comité permanent de l’ANP, après avoir été directeur du Quotidien du Peuple.

La 5e base de pouvoir de Xi Jinping est au Fujian où Xi est resté 17 années. Son réseau d’allégeance y est riche. Il va de Cai Qi n°1 à Pékin qui doit tout au Président et Huang Kunming, grand maître de la propagande, à He Lifeng patron de la Commission de réforme & développement et Liu Cigui, n°1 à Hainan, en passant par Song Tao, responsable des relations étrangères du Parti, spécialement en charge de la Corée du Nord, Zhuang Rongwen responsable d’Internet depuis 2018, Wang Xiaohong, futur n°1 du ministère de la sécurité, Lin Rui, qui le remplacera comme n°2 de la police, Deng Weiping, supervisant la discipline du Parti et Xu Ganlu, responsable du contrôle des frontières.

Le 6e réseau, lui aussi très fourni est au Zhejiang où Xi a été n°1 de 2002 à 2007 et où il se comportait comme un empereur local, contrôlant déjà tous les fiefs économiques et politiques du pouvoir de la province, dont il a fait sa base première base politique.

On y retrouve Cai Qi et Huang Kunming, déjà cités devenus membres du bureau politique, Chen Miner, n°1 à Chongqing protégé de Xi, Li Qiang, n°1 à Shanghai, les 2 également membres du BP sont, dit-on, sur la trajectoire du prochain comité permanent ; Xiao Baolong, secrétaire général de la Commission Consultative du Peuple Chinois est sous les ordres de Wang Yang ; Chen Yixin est n°1 de la Commission des affaires législatives du Parti, Shen Haixiong, ancien de Xinhua, est aujourd’hui en charge de toute l’organisation de la TV nationale.

En 2e rideau, Bayin Chaolu est n°1 au Jilin et Liu Qi n°1 au Jiangxi, Ying Yong, Gong Zheng, Tang Yijun, Lou Yangsheng également anciens proches de Xi Jinping au Zhejiang sont respectivement maire de Shanghai et gouverneurs des provinces du Shandong, du Liaoning et du Shanxi. Sauf accident, leur carrière est assurée.

Le 7e et dernier réservoir de la ressource humaine de Xi Jinping est le fief très convoité de Shanghai. Mais n’y ayant effectué qu’un bref passage en 2007, ses bases politiques y sont moins solides, d’autant que la place était fermement tenue par Jiang Zemin auxquels nombre de fonctionnaires avaient fait allégeance avant Xi.

Ses appuis y sont Ding Xuexiang, à 59 ans un des plus jeunes membres du Bureau Politique, en charge du secrétariat du Comité Central Bureau Central du Parti, Xu Lin, directeur du bureau de l’information publique, Du Jiahao, n°1 au Hunan, Chen Hao n°1 au Yunnan (tous deux proches de la retraite), Wang Wentao, Tang Dengjie et Shen Xiao Ming, respectivement gouverneurs du Heilongjiang, du Fujian et de Hainan.

Ajoutons enfin que les réseaux se démultiplient par l’effet des allégeances en cascade aux grands fidèles que sont Li Zhanshu, Wang Qishan, qui eux-même se créent des réseaux, tous en théorie fidèles à Xi Jinping.

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Quelle cohésion sous la surface des apparences ?

La machine ainsi mise place puissamment centralisée assure t-elle la prévalence politique sans partage de Xi Jinping ? Rien n’est moins sûr. Minxin Pei en doute. Il faut cependant reconnaître que les dissensions qui existent assurément entre Xi Jinping, Li Keqiang ou Wang Yang, pour ne citer que les plus connues, n’ont pour l’heure jamais percé la surface lisse du Parti. Tout au plus peut-on détecter certains indices de possibles divergences.

Le 30 mai dernier, David Brown, ancien diplomate américain qui fut en poste à Saïgon durant la guerre, aujourd’hui basé à Hanoï d’où il observe le surgissement de la puissance chinoise, signait un article dans « The Diplomat » qui relatait une péripétie interne au Parti qui semblait signaler d’imperceptibles frictions au sein du Comité Permanent du Bureau Politique, le saint des saints du pouvoir chinois.

Le 10 mai, lors du 4e sommet des médias du Détroit de Taïwan, organisé conjointement par l’association des médias de Pékin agissant au nom du département de la propagande et par le Want China Times Media Group de Taïwan, une intervention impromptue et sans langue de bois de Wang Yang n° 4 du régime et président de la Commission Consultative du Peuple Chinois depuis le 19e Congrès a été prestement effacée de la toile.

Le thème du séminaire était la responsabilité des médias dans les échanges Chine -Taïwan. En arrière-pensée, le département de la propagande compte bien saisir l’occasion de ces rencontres pour rallier à la cause de la réunification les médias de l’Île.

S’adressant à l’auditoire à la fin du séminaire, Wang Yang s’exprima sur un ton inhabituellement sincère et ingénu. Debout, parlant sans notes hors podium, son intervention qui dura moins de 10 minutes exprimait des réflexions personnelles sur Taïwan et les États-Unis, du type de celles qu’on fait normalement hors micro, et dont le ton contrastait radicalement avec les habituelles déclarations minutieusement calibrées du régime.

Wang Yang se lâche. Sa parole est censurée.

Faisant référence à l’adresse de Xi Jinping du 2 janvier à l’occasion du 40e anniversaire du message de l’ANP aux compatriotes taïwanais, le 1er janvier 1979, (lire : Les défis de l’obsession réunificatrice.) Wang a rappelé que, du point de vue de Pékin, « les tendances » et « le temps » étaient favorables au Continent et plaidaient pour une réunification pacifique à terme.

Allant plus loin, il ajouta que – remarque on ne peut plus rare par les temps qui courent - , bien « qu’ayant conscience que la Chine n’était aujourd’hui pas très forte économiquement, militairement et technologiquement, le parti avait pleinement confiance dans sa théorie de proximité culturelle et civilisationnelle, base de la réunification dans le Détroit. »

A propos des relations Taïwan - Chine, il mentionna les échéances des deux « centenaires », celui de naissance du Parti en 2021 et celui de son accession au pouvoir en 2049, l’une et l’autre la longue vision de Pékin, alors qu’à Taipei, le pouvoir n’est même pas capable de garantir ce qui se passera dans deux ans. Puis ses remarques ciblèrent la mouvance indépendantiste de l’Île qui, dit-il, « espère s’appuyer sur les États-Unis ».

Évoquant le récent « Taïwan Assurance Act » voté le 8 mai par la Chambre des représentants réaffirmant l’attachement des parlementaires américains au Taïwan Relations Act (lire : Le « Taïwan Relations Act » et les illusions du statu-quo.), Wang interrogea l’assistance : « Pensez-vous que les Américains soient une assurance ? » (…) « Feront-ils la guerre pour Taïwan ? » (…) « Je ne crois pas ! Pour eux l’Île n’est qu’un pion ! ». (..) « Et quand bien même ils décideraient de se battre, pourraient-ils gagner ? Je ne crois pas ».

Faisant allusion au poids du nombre des 7 corps d’armée engagés par la Chine en 1951 au-delà du Yalu, il ajouta que, durant la guerre de Corée, les États-Unis n’avaient pas triomphé d’une Chine « qui, à cette époque, était pourtant encore bien pauvre ». (…) « L’Amérique osera t-elle s’attaquer à la Chine d’aujourd’hui ? ».

Flanqué de Wang Hunning, le très nationaliste idéologue du régime, il conclut ses remarques, en appelant les médias taïwanais à soutenir le projet de réunification, les assurant que quand elle sera effective, le Parti et l’histoire se souviendront de leurs contributions.

Conjectures.

Pourquoi alors s’interroge D. Brown, cet effacement rapide ? Parfois la disparition d’un texte ou d’une photo indique que l’intéressé est dans le collimateur du régime. S’agissant de Wang, n°4 du de l’appareil, membre du Comité Permanent et Président de la Conférence Consultative du Peuple Chinois, la carte est lourde.

Wang a-t-il ingénument cru parler « off » ? C’est également improbable puisqu’il s’exprimait devant des micros.

Il est en revanche possible que ses remarques sur l’Amérique présentée comme peu fiable et celles sur la stratégie de réunification visant à saper la confiance des Taïwanais en leur propre gouvernement démocratique aient été jugées trop directes, dévoilant trop clairement la stratégie taïwanaise de Pékin. Il n’est cependant pas impossible qu’entre Wang Yang et le Président, il y ait une divergence sur la méthode.

Contrairement à Xi Jinping, Wang qui a évoqué l’indépendance de l’Île en la balayant comme une éventualité improbable, n’a pas fait état de l’usage de la force. En revanche, il a semblé articuler sa pensée au très long terme et aux stratégies indirectes de Sun Zi, spéculant sur une victoire obtenue sans conflit. La clé est d’utiliser la puissance militaire non pas pour entrer en guerre, mais pour peser sur la situation.

Peut-être le plus grand contraste entre Xi Jinping et Wang Yang, dont il faut rappeler qu’il y a 15 ans, les augures le voyaient comme un possible n°1, réside t-il dans la capacité de l’ancien n°1 à Canton de spéculer sur l’ambiguïté de la pensée stratégique chinoise. Alors que sur de nombreux sujets, le Président Xi est aujourd’hui sorti du clair-obscur, jusqu’à affronter directement Washington.

Il n’est pas certain que le Parti qui l’a mis en place pour corriger les fragilités internes de la machine politique telles que la corruption endémique et freiner les élans de libéralisme politique de Li Keqiang, soit satisfait de la tournure que prennent les choses. On peut en effet douter que les adeptes comme Wang Yang des stratégies obliques et de l’ambiguïté se réjouissent du surgissement des tensions directes avec nombre de pays occidentaux.

Note(s) :

[1L’éventail des domaines où les actions de l’administration requièrent une autorisation préalable et un compte-rendu à l’issue est si vaste qu’il crée un style de pouvoir proche de celui d’une organisation militaire, accentuant encore la centralisation. Il couvre l’organisation et la discipline du parti, la mise en œuvre des décisions du Centre, les choix économiques et sociaux, l’exercice et le style du pouvoir par les cadres.

 

 

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