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›› Chronique

A Hong Kong, Pékin impose le patriotisme électoral et éteint la mèche démocratique allumée par Chris Patten

Répression.

Alors que l’appareil met la dernière main à l’élimination du schéma « Un pays deux systèmes » dont il a, en 2019 et 2020 constaté qu’il portait le risque d’un déraillement politique insupportable vers une rupture avec le Continent, 47 activistes pro-démocratie (30 hommes et 17 femmes âgés de 23 à 64 ans) arrêtés en janvier ont, aux termes de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, été accusés de subversion.

Pour l’instant libérés sous caution, ils risquent la prison à vie. Depuis le début des troubles une centaine d’activistes ont été incarcérés. Parmi eux Jimmy Lai 73 ans est le plus connu.

Arrêté une première fois en août 2020, puis libéré sous caution, il est à nouveau en prison depuis décembre. Cette fois, il est resté sous les verrous. Les autres démocrates connus sont le député aux cheveux Leung Kwok-hung, 65 ans et Benny Tai 57 ans, professeur de droit à l’Université de Hong Kong. Tous deux sont depuis longtemps dans le collimateur de la sécurité d’État chinoise.

Le premier connu par la police secrète de Pékin, est une figure insolite dans le paysage politique de la cité des affaires. Député du Legco depuis 2004, se disant trotskyste et portant des tricots à l’effigie de Che Gevara, il arbore une queue de cheval – on l’appelle « Long Hair » - qu’il promet de ne couper que quand le parti aura présenté ses excuses pour la répression sanglante de Tian An Men.

Dénonçant à la fois la répression de juin 1989, la cupidité capitaliste du régime de Pékin, la corruption des fonctionnaires et son action à Hong Kong, il est à l’origine d’un groupe baptisé « Action du 5 avril » en mémoire des manifestations qui eurent lieu sur le Continent, les 3, 4 et 5 avril 1976 lors du décès de Zhou Enlai.

A ce titre, près de vingt ans avant la rétrocession, mais pressentant que, sur le Continent, l’ouverture politique ne suivrait pas la libéralisation économique, il s’était associé à Hong Kong à une manifestation pour la libération de Wei Jingsheng. Déjà le régime colonial de Londres l’avait incarcéré pendant quelques semaines pour « manifestation illégale ».

Destruction des ferments démocratiques.

Benny Tai fut le principal organisateur du mouvement « Occupy Central » en 2014 dont Pékin sait qu’il fut financièrement appuyé par le National Democratic Institute (NDI) centre de recherche directement lié au parti démocrate américain.

Dédiant son action à la promotion de la démocratie dans le monde, il est notamment connu depuis les révélations de Wikileaks pour avoir financé l’opposition à Hugo Chavez au Venezuela. Sur Occupy Central et les liens avec les États-Unis, lire : Hong Kong : Pékin se cabre.

Mais il y a pire. En plus de ses liens avec l’Amérique, Benny Tai, professeur de droit, est l’un des opposants à la Chine qui, à Hong Kong, porte avec le plus d’efficacité l’idée démocratique de la prévalence absolue des élections. En prévision des élections législatives, initialement prévues le 6 septembre 2019, mais annulées pour cause de pandémie, c’est Benny Tai qui, les 11 et 12 juillet 2019 avait organisé des primaires dont les résultats ont sonné le tocsin pour l’appareil.

La simulation très suivie par le public donna 488 sièges sur 452 à la mouvance démocrate (92%) et seulement 58 à la mouvance pro-Pékin. Plus encore, parmi les élus on comptait nombre de jeunes activistes tentés par l’idée séparatiste dont l’idée est un insupportable chiffon rouge pour Pékin. Peu après, l’assemblée nationale pesa sur la Gouverneure Carrie Lam pour leur interdire de se présenter aux élections au prétexte de sédition.

*

Un quart de siècle après la rétrocession, le schéma « Un pays deux systèmes » imaginé par Deng Xiaoping pour assurer un retour apaisé de la colonie britannique dans le giron chinois après un siècle et-demi de règle coloniale pratiquement immuable durant laquelle, rappelons-le, les Hongkongais n’eurent jamais la parole, est mort. L’opposition démocratique dont les figures les plus actives sont accusées de sédition, est soit exilée soit en prison.

Deng Xiaoping l’avait rappelé à Margaret Thatcher en préparant les accords de la rétrocession signés en 1984, que la souveraineté, aujourd’hui au cœur des « caractéristiques chinoises » de Xi Jinping, serait la priorité absolue du régime.

Il avait notamment prévenu que si, au cours des cinquante années des « Deux systèmes », de 1997 à 2047, la rétrocession de la R.A.S à la Chine était menacée, aucune considération, qu’il s’agisse de l’environnement des affaires ou de la réputation internationale de la Chine, ne prendrait le pas sur la détermination de Pékin à affirmer sa souveraineté sur la R.A.S.


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