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›› Politique intérieure

A propos du Livre Blanc 2008 sur la Défense

Le tableau sur les importations/exportations d’équipements militaire montre la volonté chinoise de développer son industrie de défense et de devenir à terme un acteur qui compte dans le domaine des équipements militaires. A ce propos la réforme de la structure responsable de ce domaine (la commission des industries de défense nationale - COSTIND - est succinctement abordée dans le livre Blanc). Mais ce tableau reste bien superficiel et on peut légitimement penser que les échanges de Pékin dans ce domaine ne se limitent à ces quelque dix pays.

Enfin le détail sur 30 ans du budget ne peut faire taire les soupçons car aucun détail n’est précisé. Il s’agit d’une pure récapitulation des chiffres officiels donnés année après année. La Chine ne pourra se targuer d’une certaine transparence dans ce domaine que le jour où, notamment elle détaillera son budget entre « fonctionnement » et « investissements », et où les parts dédiées aux grands projets et à la R&D seront visibles.

Incertitudes sur le processus de modernisation de l’APL

Si des grandes échéances sont mentionnées (2020 par exemple), la modernisation n’est évoquée que dans ses principes, eux-mêmes très vagues, tandis que rien n’est dit sur les ambitions stratégiques de la RPC. Ainsi, pas plus que les Livres Blancs précédents, l’édition 2008 ne décrit ce que les Chinois appellent une « guerre locale », ni même les fameuses « caractéristiques chinoises » sensées singulariser la modernisation de l’Armée Populaire de Libération. De même si l’armée de l’air se voit assignée la mission de développer une force de projection, rien n’est dit sur les volumes de force à projeter et les distances à prendre en compte.

Au-delà d’une volonté de rester ambigu vis-à-vis du monde extérieur, on peut quand même légitimement se demander si les Chinois eux-mêmes ne sont pas un peu perdus dans une modernisation où l’on ne fait plus vraiment la part de la guerre populaire adaptée aux circonstances modernes, à la mécanisation et à l’informatisation « high-tech ». Dans ce domaine, le Livre Blanc 2008 n’est pas vraiment la récapitulation des cinq éditions précédentes mais un nouvel éclairage. Par conséquent, il ne paraît pas impossible que les Chinois en soient encore à un stade d’expérimentation de diverses stratégies, formats et concepts et qu’ils n’aient pas encore eux-mêmes de nette vision concrète de ce que sera leur outil de défense une fois « modernisé » ? Illustrant cette confusion, un porte-parole du ministère de la Défense estime que le but n’est plus de « remporter des guerres locales dans des conditions de haute technologie » mais de « remporter les guerres informatisées au niveau local » !
Les choix difficiles, alors que les crédits restent limités, et les possibles luttes d’influence au sein des armées et du Parti pourraient expliquer en partie les hésitations et le manque de cohérence du processus de modernisation de l’APL.
De telles incertitudes, mêmes avérées n’enlèveraient cependant rien à la probable réalité des capacités chinoises dans certains domaines qui constituent les principales préoccupations américaines et qui sont bien sûr éludés dans ce Livre Blanc : les capacités spatiales et la place qu’occupe la guerre cybernétique dans la stratégie chinoise.

Au bilan, cette 6e édition du Livre Blanc sur la Défense chinoise montre que la Chine poursuit péniblement son effort de communication sur sa défense. Mais la route reste longue avant de satisfaire les interrogations les plus basiques de la communauté internationale.
A la décharge de la Chine, on peut souligner que cette ouverture ne peut être que progressive car la nature même du système chinois, pour qui la communication est une contrainte récente, s’ajoute à une réelle réticence, elle plus « politique ». De fait, le secret et le cloisonnement sont inhérents à une défense chinoise encore peu familière de l’interarmées. Par exemple, un « terrien » ne sait que peu de choses des programmes de la Marine. Il n’est donc a fortiori pas naturel pour les Chinois de s’en ouvrir aux étrangers.
La question de l’incertitude au sein de l’APL sur la modernisation est en soi plus inquiétante car elle est à même de saper la confiance des militaires chinois dans leur crédibilité et pourrait amener l’APL à radicaliser ses positions. N’est-ce pas déjà ce que l’on peut ressentir sur des sujets de souveraineté sensibles comme le Tibet ou Taiwan alors même que la tendance politique se veut apaisante, du moins pour les relations entre les deux rives.



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