Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Editorial

A Ryad, la Chine anti-occidentale et dépendante du pétrole arabe ébranle l’ambiguïté de la prévalence américaine

Le choc des contradictions.

Au-delà des rivalités sino-américaines, nourries par la crise de la relation avec l’Occident, on perçoit à la fois le frottement des puissances et le télescopage des contradictions, dont l’enjeu serait le monde arabe et l’Islam. Lui-même, et ce n’est pas la moindre des contradictions, est traversé par l’exacerbation mortifère d’un ressentiment anti-occidental dont les racines plongent dans le fondamentalisme Wahhabite né dans le Royaume saoudien.

Alors qu’en Arabie, une partie des élites rejette la fixité de l’absolutisme religieux, les dissonances entre les contraires occultés par les rivalités et le pragmatisme des intérêts concrets protéiformes, se lisent d’abord dans la duplicité américaine.

Parangon de la démocratie mondiale, Washington est l’alliée contre nature d’une monarchie religieuse d’essence clanique dont l’économie repose entièrement sur la puissance de la rente pétrolière. Au-delà des grands principes, l’accommodement des intérêts contraires s’est encore renforcé au milieu du XXe siècle au moment où, en pleine guerre froide, les Saoud ont ressenti la menace des nationalismes arabes, soutenus par l’URSS.

En face du machiavélisme de Washington, se perpétuent les faux semblants du parti communiste chinois. Aujourd’hui, il se réclame de la longue histoire impériale, dont il a pourtant nié la continuité historique en cherchant à toutes forces à imposer au pays, souvent par la terreur, une idéologie révolutionnaire importée.

C’est en enveloppant l’action de la Chine dans le Royaume saoudien de cette longue profondeur historique tranchant avec l’éphémère américain, que Xi Jinping a, dans son discours d’arrivée, le 7 décembre dernier, présenté sa visite à Ryad, la première depuis 2016, quand il avait en même temps rendu visite aux Mollahs iraniens à Téhéran. Lire : President Xi Jinping Arrives in Riyadh for State Visit to Saudi Arabia.

La trame du discours présidentiel était d’abord articulée à la longue histoire sino-arabe « vieille de plus de 2000 ans », remontant « aux caravanes des routes de la soie » et, dit-il avec emphase, aux « voiles gonflées par le vent de la route des épices, témoignant de la longue interaction des civilisations chinoise et arabe aux deux extrémités du continent asiatique - 中国和阿拉伯国家的交往可以追溯到 2000 多年前. 从那时起, 陆上丝绸之路商旅络绎, 海上香料之路云帆高张, 中阿文明在亚洲大陆两端相映生辉. »

L’envolée enthousiaste rehaussée par le lyrisme de l’épique, se projeta aussi concrètement dans l’avenir en énumérant de manière détaillée la longue liste des projets de coopération inscrits dans la « nouvelle ère de la renaissance chinoise. »

En conclusion, comme il l’avait fait à Samarkand, face à Vladimir Poutine, lors du sommet de l’OCS, il n’a pas manqué, à quelques jours seulement des soubresauts des protestations de l’opinion contre sa politique « zéro-covid  », de faire l’apologie de l’efficacité du Parti exprimée par la manière ordonnée et sans contradiction politique dont s’est déroulée son 20e Congrès.

Sans abandonner le style emphatique, il a présenté la Chine, comme un modèle de gouvernance, « force indéfectible de promotion de paix et de développement commun à toute l’humanité, déterminée à offrir de nouvelles opportunités aux États arabes et à tous les autres pays du monde grâce à son propre développement. »

Il reste que les paroles édifiantes destinées au monde arabe n’éradiquent pas la préoccupation du régime confronté au risque de la contagion terroriste vers le grand-ouest chinois du Xinjiang à partir de l’Afghanistan voisin. Le 13 décembre, à Kaboul cinq ressortissants chinois ont été blessés par une attaque terroriste de l’État islamique contre un hôtel chinois. Le même jour le Ministère des Affaires étrangères conseillait aux citoyens chinois de quitter le pays.

L’attentat renvoie aux menaces qui ciblent les projets et les ressortissants chinois dans cette région tourmentée de l’Asie du sud. A ce sujet lire notre article : Mohammed Ben Salman, la Chine, l’ONU, Masood Azhar, l’Asie du sud et l’Iran qui montre les complexités des relations de la Chine avec le Monde arabe traversé par des fortes tensions extrémistes, dans le contexte d’une rivalité religieuse essentielle entre Ryad et Téhéran.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Le révisionnisme sino-russe sur les traces de la révolution mondiale maoïste. Au Moyen-Orient, les risques avérés d’une escalade mortelle

A Hong-Kong, l’inflexible priorité à la sécurité nationale a remplacé la souplesse des « Deux systèmes. »

14e ANP : Une page se tourne

La stratégie chinoise de « sécurité globale » face aux réalités de la guerre

Que sera le « Dragon » ?