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Le 5 mars dernier, l’ANP avait inauguré la session annuelle en annonçant son budget de la défense pour 2021 à 1360 milliards de Yuan soit 210 Mds de $, en augmentation de 6,8% par rapport à 2020. La croissance affichée serait inférieure à celle de l’économie estimée à plus de 8% (pour mémoire, en 2011, la hausse du budget de la défense était supérieure à 12%, alors que celle globale de l’économie était inférieure à 10%).
Les chiffres sont des estimations du SIPRI qui signale notamment que le budget de certaines catégories de forces comme les garde-côtes ou la police armée populaire ne sont pas inclus dans le budget général de la défense. Il n’y pas non plus de publication ouverte détaillant la répartition du budget par armée. Globalement cependant, la part consacrée aux équipements qui a fortement augmenté, se situe aujourd’hui à plus de 40% du budget général, soit plus de 80 Mds de $ dont la marine, devenue un des vecteurs de l’affichage de la puissance globale de la Chine, bénéficie en priorité.
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Le 23 avril, au cours d’une cérémonie présidée par le Xi Jinping lui-même, la marine chinoise a simultanément mis en service trois navires de combat de fort tonnage.
L’événement a eu lieu à l’occasion du 72e anniversaire de la marine, sur le site du complexe naval de Yulin près de Sanya au sud de l’île de Hainan, poste de commandement de la flotte du sud, dont le théâtre d’opération est la mer de Chine méridionale.
Rapide montée en puissance de la flotte de combat.

Le Hainan est un porte-hélicoptère amphibie d’assaut d’un tonnage de 40 000 tonnes, dont l’équipage est de plus de 1100 hommes, capable d’embarquer un régiment de 1200 hommes, des chars de combat, des barges de débarquement et une trentaine d’hélicoptères de transport.
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Les trois bâtiments officiellement remis à la marine, sont le lance-missiles Dalian (n° de la coque 105) de la classe Renhai 055, dernier d’une série de six croiseurs de 10 000 tonnes dont QC avait signalé la construction en juillet 2018 (lire : La marine chinoise lance deux destroyers géants.) ;
Le deuxième est le porte hélicoptères amphibie Hainan (n° de la coque 31) de la classe Yushen 075 jaugeant 36 000 tonnes.
Développés à partir de 2012, les porte-hélicoptères de cette classe - sept autres sont prévus dont deux sont en construction - ont pour objet de donner à la marine une capacité d’assaut amphibie et aéroportée (dite verticale) sur une zone côtière à conquérir.
Celle-ci pourrait être soit la côte Est très accidentée de l’Île de Taïwan où n’importe quel îlot de la mer de Chine du sud dont la conquête serait menée par une double action à la fois aérienne et amphibie depuis la mer.
Alors qu’un premier modèle aujourd’hui abandonné peut-être pour des raisons budgétaires, prévoyait d’embarquer 38 hélicoptères, la version finale n’en comptera que 28 dont l’essentiel sera composé par une flotte de Changhe Z-18 dédiés au transport.
Développés à partir d’une coopération avec le Français aérospatiale sur le modèle de base du SA 321 Super Frelon, les Z-18 ont une capacité d’emport de 13,8 tonnes ou de trois groupes de combat équipés soit une trentaine d’hommes.
Le troisième bâtiment remis à la marine ce 23 avril était un sous-marin nucléaire lanceur d’engins de la classe Jin du type 094, successeur des Xia, baptisé Changzheng (Longue Marche – n° de la coque 421).
Sixième d’une série de huit dont le premier exemplaire avait été mis en service en 2007, le Changzheng jaugeant plus de 8000 tonnes, est équipé de 12 missiles balistiques JL-2 dont la portée est de 7400 km.
La montée en puissance rapide de la marine chinoise dont les bâtiments sont construits à la vitesse record d’au moins 10 par an, devrait à court terme porter la flotte à 425 navires contre plus 335 aujourd’hui dont l’effectif est déjà supérieur à celui la flotte américaine.
Pour prendre conscience du rythme exceptionnel avec lequel la marine de l’APL se développe, il suffit de se souvenir qu’au cours des seules quatre dernières années, les chantiers navals chinois ont lancé l’équivalent en tonnage de toute la flotte britannique ou japonaise.
Globalement les estimations de puissance comparée accordent encore une prévalence à l’US Navy mieux dotée en porte-avions et possédant une meilleure expérience des stratégies aéronavales, mais le rythme de mise en service des nouveaux bâtiments est tel qu’à court terme la marine chinoise pourrait égaler et même dépasser celle des États-Unis.
De part et d’autre, des études sont en cours pour, sans abandonner les plateformes traditionnelles, explorer la mise en services d’unités navales sans équipages. Elles seraient capables non seulement de mission de reconnaissance, de patrouille et de surveillance, mais également d’attaque.