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Chine – Afrique, une autre vision

Des perceptions décalées, une mauvaise foi persistante.

Alors que l’Occident ne perçoit l’Ethiopie que par le truchement des images catastrophiques d’enfants faméliques à qui il faut apporter une aide d’urgence – schéma presque univoque des relations du pays avec l’Ouest -, Pékin y voit un marché potentiel de 90 millions de consommateurs et le terrain privilégié de sa stratégie de développement conjoint, que ses émissaires s’appliquent à rendre économiquement attractive.

Certes la présence chinoise ne va pas sans problèmes : les banques ont tendance à privilégier les investissements d’infrastructure, comme les barrages dont les effets sur l’environnement sont sous estimés ou mal mesurés ; des conflits du travail éclatent ici et là et les clients se plaignent de la qualité des produits ZTE. Mais, commente Deborah Brautigam, la Chine n’est pas une exception ; une bonne partie des coopérations, d’où qu’elles viennent, rencontrent des difficultés similaires.

Parfois même les idées reçues induisent des perceptions fausses, à la limite de l’insulte. Comme celles du Conseiller Afrique d’Angela Merkel qui expliquait récemment que les vastes achats de terre de la Chine en Ethiopie étaient en partie responsables de la famine. Alors que, dans le même temps l’Institut d’Oakland, basé en Californie, également cité dans un article du Monde du 6 janvier 2012, expliquait dans un rapport, appuyé par une étude de quatre mois sur le terrain, que « la Chine était étonnamment absente des opérations foncières en Ethiopie ».

Lire aussi nos articles sur les relations Chine – Afrique :
Le rêve céleste des Africains,
L’aventure africaine de la Chine.

Note sur les contradictions de la Chine au Soudan.

Le Soudan est l’un des lieux où se télescopent la quête de ressources de la Chine et ses ambitions largement formelles de neutralité stratégique, confrontées à l’instabilité des zones qui recèlent les réserves mondiales d’hydrocarbures.

Quand au milieu des années 90, la consommation de pétrole a dépassé la production domestique, le régime d’Omar al-Bashir, au pouvoir depuis 1989, est devenu un des objectifs privilégiés de Pékin, au point que Khartoum devint rapidement la cible principale des investissements de la compagnie nationale CNPC, dans un contexte où le Soudan fournit 20% des importations chinoises de pétrole, qui, elles-mêmes, représentent 70% des exportations soudanaises.

CNPC, dont la filiale Petrochina est cotée à la bourse de New-York, voyait dans ces investissements le moyen de se dégager des zones, comme le Nigeria ou l’Angola – CNPC ne conduit aucune opération d’extraction en Angola -, où la concurrence des grandes « majors » occidentales ne lui laissait qu’une faible marge de manœuvre.

Mais le souci de Pékin de se ménager un accès privilégié et presque exclusif au pétrole soudanais avait conduit le Bureau Politique à soutenir sans équivoque le régime de Khartoum contre les rebelles de Juba (ventes d’armes, solidarité aux NU). Aujourd’hui, alors que la tension se développe sur la frontière entre le Nord et le Sud, Pékin continue à clamer sa neutralité à laquelle Juba, devenue la capitale du Sud indépendant n’a jamais cru.

Observant que les puits de pétrole sont au sud, mais que les infrastructures d’exportation – pipelines et raffineries - sont en grande majorité eu nord, Cui Shoujun, Directeur du Centre de recherche sur l’énergie à l’Université du Peuple, confirme que Pékin est bien confronté à un sérieux dilemme.

Pour l’heure, à Zhongnanhai et au siège de CNPC, où l’ancien chef rebelle du sud Pagan Amum a récemment été invité, on compte bien que le poids des investissements directs chinois – on parle de 10 Mds de $ de crédits à faible taux d’intérêt - alloués au gouvernement de Juba allègeront les rancœurs du passé. Il restera à Pékin à gérer ses relations avec Khartoum.


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