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Chine – États-Unis. Postures, escarmouches et guerre de tranchées. Genèse des contrefeux antichinois

Pressions navales.

Entre le 2 et le 8 mai, un exercice naval inédit regroupant des unités des marines du Japon, de l’Inde, des Philippines et des États-Unis a été organisé en mer de Chine du sud dans les parages des îlots occupés par la Chine.

Alors que le Japon et les Philippines sont des alliés des États-Unis, la présence de la marine indienne dans cette manœuvre est un signal de la montée des inquiétudes anti-chinoises en Asie hors des riverains directs de la mer de Chine du sud ou du cercle des alliés directs de Washington.

Enfin, depuis l’été 2018, une dizaine de transits de la marine des États-Unis ont eu lieu dans le Détroit de Taïwan et, depuis janvier 2019, un chaque mois. Selon le porte-parole de la 7e flotte il s’agit de « réaffirmer le principe de la liberté de navigation ». En réalité, les passages répétés sont un signal envoyé à Pékin en riposte aux harcèlements dont la Présidente Tsai Ing-wen est l’objet depuis son élection à la tête de l’Île.

Le dernier transit a eu lieu les 22 et 23 mai, par le destroyer USS Preble et le navire ravitailleur USNS Walter S Diehl. Après les protestations du Waijiaobu, le China Daily en Anglais, exprimait dans son éditorial du 21 mai, la crainte d’un incident militaire grave assortie d’une menace : « au milieu des tensions déjà exacerbées, il n’y a pas de garantie que le transit de navires de guerre américains aux portes de la Chine ne conduise pas à un affrontement direct entre les deux marines » [1].

En réponse, l’US Navy rétorque, en substance, qu’il s’agit de transits dans les eaux internationales « conduits en toute sécurité dans le respect du droit de la mer ». En Chine, l’augmentation des pressions américaines ne passe évidemment pas inaperçue.

Diao Daming, professeur à l’Université du peuple, spécialiste des relations avec les États-Unis, note que depuis 2017, le Congrès des États-Unis multiplie les lois et décrets qui « interfèrent dans les affaires chinoises à une fréquence qui ne s’était jamais produite auparavant ».

Le 21 mai, l’éditorial du China Daily cité plus haut revenait aussi sur ce qu’il « qualifiait de provocations américaines » dans les eaux des Spratleys et, déjà par l’USN Preble, à proximité du récif de Scarborough (Huangyan Dao 黄岩岛 en Chinois) dont il faut rappeler qu’il se trouve dans la ZEE des Philippines.

Énonçant d’abord une évidence, l’auteur accusait Washington d’utiliser « l’excuse de la liberté de navigation comme prétexte pour contredire les revendications territoriales chinoises », mais il ajoutait que les pressions américaines accrues, « héritées des administrations précédentes avaient pour but de freiner la montée en puissance de la Chine. »

La suite destinée autant au public chinois qu’aux lecteurs étrangers argumentait non seulement comme indiqué plus haut, sur les risques d’un dérapage militaire qui serait la conséquence exclusive des insistantes provocations américaines.

Mais elle présentait aussi les États-Unis comme l’unique perturbateur, alors que disait-elle, tous les riverains de la Mer de Chine du sud empreints de bonne volonté pacifique cherchaient à établir un « code de conduite. ». La réalité est que cette présentation des faits relève d’un biais s’écartant de la réalité de manière caricaturale.

La vision chinoise du « Code de conduite » non seulement ne tiennent pas compte des positions de chaque riverain, mais s’efforce, notamment avec l’aide de Phnom-Penh, de faire adopter des propositions qui disqualifient la présence américaine et renforcent la prévalence de Pékin dotée de facto grâce à Phnom-Penh d’un droit de veto y compris en matière d’exploration et d’exploitation des ressources d’hydrocarbures.

En janvier dernier, QC avait documenté les exigences chinoises dans un article (Mer de Chine du Sud : Avec le Cambodge à sa botte, Pékin ajuste le Code de conduite aux caractéristiques chinoises.) ; Jean-Paul Yacine concluait ceci :

« Les très désinvoltes exigences chinoises faisant peu de cas de la liberté de choix de chaque membre de l’ASEAN, s’inscrivent dans un contexte où, depuis le sommet de Manille (novembre 2017), prévalait l’impression générale que Pékin avait, dans la région, gagné sa bataille d’influence contre Washington.

En réalité rien n’est moins sûr, la superbe outrecuidance de Pékin poussée à ses limites pouvant elle-même provoquer des contrefeux anti chinois. »

Nous y sommes.

Note(s) :

[1le 1er avril 2001, une collision avait eu lieu au-dessus de l’île de Hainan, dans l’espace aérien international, entre un J-8 chinois et un appareil de reconnaissance américain EP-3 qui fut contraint de se poser en catastrophe sur l’île de Hainan. L’appareil et les 24 membres d’équipage avaient été restitués aux autorités américaines après démontage complet de l’appareil.

L’incident avait donné lieu à une controverse à propos du « passage innocent » de l’EP-3 dans l’espace aérien chinois au-dessus de la ZEE. (lire : Incidents militaires aux abords de la Chine et du Japon.)


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