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›› Politique intérieure

Dalai Lama. Echec des négociations avec Pékin. Quel espoir ?

Spéculations sur les intentions du Parti.

On peut s’interroger sur les véritables intentions du Bureau Politique dans les négociations. A ce sujet deux visions courent dans les cercles de spécialistes de la politique intérieure chinoise. La première est celle d’une fermeture à toute évolution possible, sans esprit de recul, même à la marge, non seulement du statut du Tibet, mais également des méthodes de développement qui font peu de cas des particularismes culturels et religieux.

Dans cette hypothèse, les négociations acceptées par Pékin et les références faites aux « particularités tibétaines » dans le plan de rattrapage, ne seraient qu’un simulacre destiné à gagner du temps et apaiser les critiques occidentales, comme ce fut le cas des pourparlers en amont des JO pour éviter que la polémique ne perturbe leur déroulement.

La menace, qui était réelle tant la question de la culture tibétaine résonne de manière positive dans l’imaginaire occidental, avait été déjouée. La stratégie du simulacre permettrait également d’engager des négociations sur le seul point qui intéresse vraiment le Régime : les conditions du retour au Tibet du Dalai Lama, dont les responsables mesurent, en dépit de leurs rhétoriques agressives, à la fois l’influence modératrice et la ferveur qu’il inspire sur le Plateau.

Une autre hypothèse, moins manichéenne, spécule sur l’existence au sein du Parti d’une mouvance plus ouverte, réclamant plus d’attention aux différences culturelles. Elle souligne que les grands projets économiques ne suffiront pas à apaiser les tensions.

Cette mouvance s’est exprimée à plusieurs reprises depuis les émeutes au Tibet de mars 2008. Le 30 juillet 2009, Wang Yang, le gouverneur du Guangdong, proche de Hu Jintao : « nous devons réajuster nos politiques à l’égard des minorités. Si nous ne le faisons pas, nous aurons des problèmes. »

Déjà en 2008, plusieurs intellectuels, dont Zhang Boshu, membre de l’Académie des Sciences Sociales, avaient pointé du doigt les erreurs commises au Tibet par le Parti, à qui ils demandaient des comptes.

Hu Jintao, Wen Jiabao et les réformateurs

Plus encore, ces analyses avancent aussi qu’en 2002, Hu Jintao et Wen Jiabao, avait d’abord abordé la question tibétaine avec un à priori plus souple que certains de leurs pairs. A l’appui de cette thèse, on rappelle que les cercles rapprochés des deux hommes forts de la Chine avaient, par le passé, croisé ceux des réformateurs.

C’est en effet au milieu des années 80 que les positions de Pékin et de Lhassa se sont le plus rapprochées d’un accord sur l’autonomie. Cette ouverture s’exprimait sous l’égide de Hu Yaobang, secrétaire général du Parti, connu pour son ouverture d’esprit et sa clairvoyance, notamment sur la question tibétaine, dont Wen Jiabao, à l’époque âgé de 44 ans, était un proche collaborateur.

Le limogeage de Hu en 1987, et le drame de Tian An Men en 1989, déclenché par des rassemblements de jeunes honorant précisément la mémoire de Hu Yaobang, brutalement décédé, avaient brisé la dynamique.

Il n’est pas non plus inutile de rappeler que Hu Jintao a, dans sa jeunesse, directement bénéficié de l’appui de Hu Yaobang, dont les deux enfants étaient ses camarades à l’Ecole Centrale du Parti. Pour certains, le fait que le plan massif de développement (hôpitaux, écoles, infrastructures de transport, agriculture) ne concerne pas seulement l’actuelle province autonome, mais le « Grand Tibet », constitue une concession faite aux revendications des exilés.

De même, le fait qu’après la réunion de plusieurs centaines de hauts responsables, dont Hu Jintao et Wen, Jiabao, tenue à huis clos à Pékin du 18 au 20 janvier sur le développement du Tibet, le Parti se soit abstenu des habituelles invectives contre le Chef religieux tibétain, pourrait être un signe. Après les catastrophiques émeutes de mars 2008, le Bureau Politique, constatant l’échec des politiques antérieures, chercherait à explorer des voies nouvelles.

Ajoutons enfin que c’est le 18 novembre 2005, sous l’égide de Hu Jintao, qui fut également gouverneur du Tibet en 1989, où il instaura la loi martiale pour éviter la contagion des émeutes de Tian An Men, que le nom de Hu Yaobang, disparu en 1989, avait été à nouveau évoqué pour la première fois, lors d’une cérémonie commémorant le 90e anniversaire de sa naissance.

Aujourd’hui, le slogan lancé par le Parti pour accompagner le plan de développement de la région : « Développement selon les caractéristiques chinoises, mais en tenant compte des particularités du Tibet - Zhonguo Tese, Xizang Tedian - », résonne comme une référence aux idées du réformateur disparu il y a vingt ans.


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