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›› Editorial

Défis, avantages et déboires de l’ouverture

Le 27 octobre dernier en effet, trois otages travaillant pour CNPC (Petrochina est le premier opérateur étranger au Soudan) étaient exécutés par un groupe terroriste hostile à la présence chinoise. Pékin en était d’autant plus dépité que la diplomatie chinoise s’était engagée, au prix de son image en Occident, pour tenter d’alléger les charges de génocide et de crime contre l’humanité pesant contre Omar el Béchir.

Les risques liés à l’aventure africaine de la Chine et à sa quête de ressources ne se limitent pas au Soudan. Ils pourraient également surgir - pour des raisons politiques ou crapuleuses - au Tchad ou au Niger voisins, où les sociétés chinoises accélèrent leurs prospections et créent des convoitises. A côté des menaces directes contre des ressortissants chinois, commencent aussi à émerger les premiers mécomptes de l’engagement industriel de Pékin en Afrique. Début novembre, le Nigeria mettait en veilleuse un contrat de plus de huit milliards de dollars signé avec la compagnie de construction ferroviaire chinoise CRC pour la réhabilitation d’une voie ferrée 1300 km. Crise économique ou décision politique qui viserait les intérêts chinois, l’incident, qui survient dans une conjoncture mondiale très déprimée, jette une lumière crue sur la fragilité croissante des grands contrats d’infrastructure, fleurons de l’engagement chinois en Afrique.

Ailleurs sur le Continent Noir, les méthodes parfois agressives des entreprises chinoises, pressées par l’appât du gain et la quête de ressources, commencent à créer des tensions (non respect du droit du travail et des contrats, importation de main d’œuvre chinoise pal payée) qui, ajoutées aux déboires sur la qualité des produits exportés, dessinent une image moins positive d’une Chine qui apparaît aujourd’hui surtout préoccupée par la résolution de ses difficultés intérieures. S’il est vrai que celles-ci ne sont pas toutes un effet de la crise mondiale, la récession globale entraîne avec elle l’économie chinoise en révélant nombre de ses fragilités, installant un climat d’inquiétude au sein du parti.

Dès avant la crise financière qui secoue la planète, la Chine avait ressenti les premiers effets des difficultés économiques qui l’assaillent aujourd’hui. En 2007, l’inflation s’était installée à plus de 7% pour culminer à 8% en 2008 ; en février dernier les excédents commerciaux avaient brutalement chuté de 60%, tandis que l’activité industrielle, handicapée par la hausse des prix de l’énergie, le renforcement du yuan et le relèvement progressif du niveau des salaires sur la cote Est, accusait un net ralentissement qui bousculait gravement la plupart des secteurs déjà plombés par les effets des surproductions, des concurrences sauvages du marché et la qualité très inégale des productions. Le tout sur fond de graves dégradations de l’environnement et de heurts sociaux dans les campagnes, traversées par les tensions autour des conflits sur la terre, s’exprimant au travers des « incidents de masse » (en chinois qutixing shijian) - euphémisme utilisé par le Parti pour désigner des mouvements qui sont souvent de véritables révoltes -.

En mars 2008, lors de la réunion annuelle de l’ANP, le premier ministre Wen Jiabao tirait la sonnette d’alarme, prévoyant que l’année 2008 serait difficile. Peu après, la CDRC (Commission pour les Réformes et le Développement) annonçait qu’en 2008 dix millions de Chinois seraient sans emploi, laissant présager des crises sociales. Au point que le 13 juin dernier une réunion extraordinaire du Bureau Politique exhortait les Chinois à resserrer les rangs face à « une série extraordinaires de défis économiques et sociaux à venir ». Aujourd’hui, alors que le pays s’installe dans la crise, les craintes de Wen Jiabao, que l’ensemble de direction du pays a fait siennes, se confirment. Pour la première fois depuis l’ouverture, les élites chinoises qui voient la croissance se rapprocher des 8%, tandis que la bourse et l’immobilier dévissent, ont en effet le sentiment que l’économie et, par corollaire la société, sont confrontées à un marasme, dont ils mesurent encore mal les contours.


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