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Des Chinois dans la guerre d’Espagne

Dans un article du South China Morning Post du 20 octobre 2016, le journaliste free lance Gary Jones évoquait la mémoire de certains des combattants chinois, « fermiers illettrés, ouvriers ou fonctionnaires ».

Xie Weijin

Né au Sichuan, il participa au mouvement du 4 mai 1919 à Shanghai, avant de se rendre en France où l’année suivante il adhéra aux Jeunesses Communistes européennes et à la branche européenne du parti communiste chinois.

En arrivant en Espagne, il écrivit au Parti Communiste espagnol : « Je ne suis pas venu en Espagne pour une courte période, mais pour m’y battre en soldat, comme tous les autres camarades étrangers. » Xie fut affecté comme servant de mitrailleuse, dans un bataillon australien, jusqu’à sa relève après une blessure la jambe.

Au début de 1939, Xie (voir la photo) faisait partie des centaines de milliers de réfugiés républicains ayant fui en France, où il a été enfermé dans le fameux camp d’internement de Gurs pendant huit mois avant de rentrer en Chine via Singapour, Hong Kong et le Vietnam.

Xie a ensuite combattu avec l’Armée rouge contre les Japonais, travaillant finalement comme ingénieur dans l’armée de l’air chinoise dans les années 50 et au début des années 60.

En 1965 il a été purgé du Parti communiste pour « révisionnisme » en raison de son implication avec des étrangers en Europe. Il est décédé d’un cancer en 1978, sans avoir jamais été réhabilité.

Chen Agen, Zhang (?) et Liu Jingtian

Chen Agen fut probablement le seul volontaire chinois venant directement de Chine d’où il fuyait le régime nationaliste après avoir organisé un syndicat à Shanghai.

En passant par le Vietnam en 1937, il aurait rencontré Ho Chi Minh. Doublement signalé et repéré, il fut arrêté en arrivant en Espagne et emprisonné dans un camp de travail. Après la fin de la guerre, le 1er avril 1939, il resta prisonnier jusqu’en 1942, après quoi les archives perdent sa trace.

Un autre, Chinois portant le patronyme de Zhang partit vers l’Europe dès 1917, lorsqu’au plus fort de la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne et la France recrutèrent plus de 100 000 Chinois pour travailler dans des usines dont la main-d’œuvre régulière se battait sur le front.

Né dans l’extrême pauvreté en 1893, orphelin à l’adolescence, sans emploi, illettré et désespéré, Zhang s’est embarqué à destination de Marseille, sur un navire transportant près de 2000 autres Chinois. Après 70 jours épuisants en mer, Zhang fut affecté dans une papeterie. Moins d’un an plus tard l’Allemagne avait capitulé, et les travailleurs chinois devenus excédentaires furent libérés.

Sans famille et sans perspectives de retour en Chine, Zhang décida de rester en France et d’y tenter sa chance, en travaillant à des tâches dangereuses ou ingrates dont la main d’œuvre française ne voulait pas (déterrer les cadavres ou désamorcer les explosifs chimiques).

Avec Liu Jingtian, robuste et courageux, originaire du Shandong, arrivé en France en 1917 après un passage dans l’armée chinoise et resté lui aussi en France après l’armistice de 1918, Zhang qui avait amélioré son français en travaillant assidument, fut embauché chez Renault à Boulogne Billancourt. Les 2 furent recrutés par le Parti Communiste, et en 1936, ils s’enrôlèrent pour la guerre d’Espagne.

Arrivés en Espagne en novembre 1936 et affectés comme brancardiers compte tenu de leur âge (tous deux ayant déjà la quarantaine), ils tinrent leur poste avec bravoure, n’hésitant pas à évacuer des soldats blessés sous le feu.

Zhang a été blessé à la poitrine, aux épaules et aux mains. Quant à Liu, une photographie saisissante de la bataille qui le montre secourant un soldat blessé, a été publiée dans le journal espagnol Frente Rojo qui salua son héroïsme.

Zhang Ji et Chen Wenrao

Affectés à la Brigade américaine Abraham Lincoln, Zhang Ji du Minnesota et Chen Wenrao de New York étaient également originaires de Chine. Chen, né dans la province du Guangdong, a été tué à la bataille de Gandesa, en 1938, à l’âge de 25 ans. Zhang JI a survécu.

Issu d’une famille instruite et relativement privilégiée du Hunan, il avait quitté la Chine pour San Francisco en 1918. En 1923, il obtint un diplôme d’ingénieur des mines de l’Université du Minnesota. Six ans après la crise de 1929 où il perdit son emploi, il adhéra au Parti communiste américain.

En mars 1937, alors âgé de 37 ans, il s’embarqua à New-York sur le paquebot SS Paris à destination de la France, puis traversa les Pyrénées en direction de l’Espagne. Grand et mince mais physiquement peu solide, il a d’abord été affecté comme chauffeur de camion, avant d’être assigné à un travail de bureau.

Zhang Ji a fui l’Espagne après le démantèlement des Brigades internationales et s’est rendu à Hong Kong, où en mars 1939 ses expériences de la guerre civile espagnole ont été publiées sous le titre de « Timbres d’Espagne » dans le 天下日报. A son retour en Chine, Zhang avait exprimé son souhait de rejoindre la huitième armée de marche de l’APL dont Deng Xiaoping était le Commissaire politique, mais nos chercheurs taïwanais ont perdu sa trace après Hong Kong.

Bi Daowen, le médecin espagnol de Mao

Le livre "The Call of Spain : The Chinese Volunteers in the Spanish Civil - War l’appel de l’Espagne : les volontaires chinois dans la guerre civile espagnole (1936-1939), écrit par Ni Huiru (titre de l’édition chinoise : 當世界年輕的時候:參加西班牙內戰的中國人, mai 2013, évoque le docteur sino-indonésien Bi Daowen (en Indonésien Bik Tio Oen), originaire de Java, arrivé en Espagne en septembre 1937, à l’âge de 31 ans.

Après la guerre, il se rendit en Chine. En 1940, il était à Yanan, avec Mao.

Dans le fief de Mao, Bi était l’un des volontaires étrangers vénérés comme les « médecins espagnols », soutenant l’effort de guerre chinois contre le Japon. Arrivés en Chine de Pologne, d’Allemagne, du Canada, de Grande-Bretagne, d’Inde et de nombreux autres pays, tous avaient servi sur les champs de bataille espagnols.

Bi est resté à Yanan jusqu’en 1945, année de la capitulation japonaise, travaillant plus tard en Union soviétique avant de retourner en Indonésie où il fut ostracisé pour ses actes révolutionnaires et ses convictions politiques. Après 1966, un an après le coup d’État de Suharto, ses traces disparaissent. Hwei-Ru Tsou craint qu’il ait été exécuté.


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