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Fragiles tentatives de ripostes à l’obsession normative

Note de contexte.

Depuis ses premières rencontres avec l’Occident et d’abord l’Europe – qui se voyait elle aussi au centre du Monde - datant précisément des « routes de la soie » -, suivies de l’aventure des Jésuites, la Chine a marqué avec obstination sa différence culturelle et souvent sa méfiance envers l’Occident.

Sur un autre sujet, la mystique de l’unité du territoire s’était même manifestée au temps de pires déboires. Lors du mouvement du 4 mai quand la Chine était « crucifiée » - selon le mot de Jacques Gernet – les slogans des étudiants clamaient toujours « l’inviolabilité du territoire chinois ».

Après l’avènement du Parti, alors que l’Empire avait manqué la marche de la modernisation, l’hostilité frontale et déclarée avec l’Ouest démocratique, lui-même hostile à l’obédience communiste de la Chine, ne perdit sa force qu’à la mort de Mao. Mais les méfiances ne se sont jamais jamais éteintes.

La perspective historique montre régulièrement les manifestations de ces rancœurs cachées, recélant à la fois la nostalgie de la puissance passée et la crainte de l’ouest. En 1996, l’ouvrage « La Chine peut dire non » exprimait une résurgence patriotique très nationaliste opposée aux États-Unis accusés de vouloir freiner la montée en puissance de la Chine.

Les auteurs Song Qiang, Zhang Zangzang, Qian Bian et quelques autres dont certains comme Song Qiang 宋强 étaient des amoureux inconditionnels déçus de l’Amérique, parfois même de sérieux critiques de la Chine ayant eux-mêmes participé au mouvement de Tian An Men.

Ayant fait volte-face, ils développaient une thèse dont la teneur était une prémisse des actuelles tensions entre Hong Kong et la Chine sur la nature du système politique. Pour eux, trop d’intellectuels chinois s’étaient laissés séduire par l’Amérique et le mirage de la démocratie, ignorant les spécificités culturelles chinoises.

Une autre puissante effervescence anti-occidentale eut lieu durant la guerre en Yougoslavie et notamment après la destruction hors OTAN de l’ambassade de Chine, le 7 mai 1999, par un bombardier B-2 venant du Texas probablement aux ordres de la CIA.

Le tir était bel et bien une attaque délibérée visant deux objectifs abrités dans l’enceinte diplomatique chinoise et repérés par les renseignements électroniques américains : 1) Une station radio qui retransmettait la propagande serbe après que les émetteurs de Macédoine aient été réduits au silence par une frappe de l’alliance ; 2) Un dispositif de contre mesures en cours d’installation visant à brouiller les tirs de missiles de l’OTAN dont l’existence avait été confirmée à une source serbe peu avant la frappe par l’attaché de défense chinois lui-même gravement blessé dans l’attaque.

Le 17 juin 2016, 17 ans plus tard, les paroles du n°1 chinois en visite à Belgrade exprimaient encore une blessure et une rancœur. Alors que les tensions montent entre Pékin et Washington, la mémoire des victimes honorées dans un fief serbe cher au cœur des Russes eux-mêmes soutien de Pékin dans les controverses en mer de Chine du sud, prirent une résonance toute particulière.

Le 1er avril 2001, une autre tension secoua les relations Chine – Washington quand un J-8 de l’APL percuta un avion de reconnaissance américain EP-3 l’obligeant à se poser en catastrophe sur l’île de Hainan.

Depuis 2012, le discours chinois s’est clairement recentré sur ses origines qui furent souvent celles de l’incompréhension et parfois du refus face à ce que la Chine a perçu parfois avec raison (cf. les guerres de l’opium) comme une arrogance insupportable de l’Occident. Régulièrement, lors des célébrations officielles, Xi Jinping rappelle les sacrifices et exprime la douloureuse mémoire des humiliations subies par la Chine.

Tel est l’arrière-plan qu’il faut garder en mémoire pour analyser l’obsession intrusive et normative du Parti. La fierté de sa montée en puissance exceptionnelle se mêle à la défiance envers l’Occident, aujourd’hui attisée par l’inquiétude exacerbée par les tumultes de Hong Kong.

Avec le Tibet, Taïwan et Hong Kong, la région du Xinjiang où se croisent les menaces terroristes et séparatistes fait l’objet d’opérations de surveillance téléphonique et internet.

*

Agissant sans mandat de la justice inutile en Chine, il n’est pas rare que la police armée populaire introduise un logiciel pirate baptisé « Fengcai », également dérivé d’Android sur les téléphones portables des touristes pénétrant au Xinjiang.

Installée à l’insu des visiteurs, l’application collecte les données personnelles y compris les SMS, les photos, vidéos ainsi que toute donnée en rapport avec la situation au Xinjiang et, en général, tous les risques religieux et séparatistes - depuis les anodines citations du Coran ou les photos du Dalai Lama, jusqu’aux images d’exécutions d’otages en passant par les publications de l’État Islamique et les chants djihadistes - répertoriés par des mots clé dont l’activation fait réagir le logiciel.

Une fois mis en place, le logiciel Fengcai pirate et envoie à un serveur de la police la liste des contacts, les SMS et les appels. Les indications visibles dans le code source de Fengcai suggèrent que l’application est mise au point par un équipementier télécoms basé à Nankin dénommé « Nanjing FiberHome StarrySky Communication Development Company ».

Sur le site Fhss.com.cn on lit que la société propose à la vente des logiciels d’analyse de données et qu’elle travaille sous contrat avec la sécurité d’État.


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