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›› Politique intérieure

Hong Kong : Pékin se cabre

Les membres du Parti Démocratique font le serment de se joindre au mouvement « Occupy Central ».

Une histoire heurtée depuis 2003

Dans un contexte où le fond des tensions a aussi sérieusement été attisé par la modification du système électoral introduite in extremis par le dernier gouverneur anglais Chris Patten en 1994, ce n’est pas la première fois que des crispations surviennent autour de la manière d’interpréter les accords articulés autour du concept « Un pays deux systèmes ».

Conclus en 1984 entre Margaret Thatcher et Zhao Ziyang, ces derniers transformèrent à partir de 1997, l’ancienne colonie britannique où la démocratie n’existait pas, en une Région Administrative Spéciale dotée d’un haut degré d’autonomie avec la garantie du maintien jusqu’en 2047 du système économique, de l’indépendance de la justice, des droits politiques et sociaux, notamment la liberté d’expression et le droit à manifester. Le tout dominé par la promesse de l’introduction à terme du suffrage universel, dont il est évident que l’application sans réserves constituerait actuellement pour Pékin un précédent et un exemple dangereux pour le Parti.

Une première échauffourée eut lieu en 2003, sur fond de crise économique et sociale qui mit gravement en porte à faux le premier gouverneur chinois de la région Tung Chee-Hwa. Elle aboutit à sa destitution par Pékin en 2005, après que sa popularité eût été gravement mise à mal par la volonté de Pékin - peut-être inquiet des conséquences politiques de la crise économique - d’introduire au plus vite dans la Loi Fondamentale l’article 23 très controversé, comportant des paragraphes « anti-subversion » limitant les libertés publiques, le tout accompagné de mesures très impopulaires supprimant certaines émissions de radio à forte audience.

La crise s’est cristallisée à deux reprises : le 1er juillet 2003 et, dans une moindre mesure, une année plus tard (1er juillet 2004) lorsque l’ensemble des malaises dont souffrait l’ancienne colonie britannique (crise économique, crise du SRAS et crise de confiance politique) jetèrent dans la rue plus de 500.000 personnes en 2003 et au moins la moitié en 2004. Elle ne se résorba qu’avec le retrait de l’article 23 et le remplacement de Tung Chee-Hwa par Donald Tsang en 2005, reconduit en 2007.

La manoeuvre qui plaçait en première ligne non pas un homme d’affaires suspecté d’être inféodé au PC chinois, mais un ancien fonctionnaire de l’administration coloniale britannique était habile. Mais, à l’évidence, elle n’a pas suffi à rassurer les tenants des libertés dans la RAS.

En effet s’il est vrai que les Hongkongais se reconnaissent d’abord comme Chinois et ne souhaitent pas développer une identité séparée, nombreux sont ceux qui se disent déterminés à ne pas laisser Pékin empiéter sur les libertés que leur confèrent la loi fondamentale et le principe « d’un pays deux systèmes ».

A l’exception notable des hommes d’affaires dont beaucoup préfèrent avoir à faire à un gouvernement fort et prévisible plutôt qu’à une équipe élue, trop dépendante des pulsions de l’opinion, le principe de l’élection au suffrage universel sans interférence de Pékin dans le choix des candidats symbolise pour beaucoup la maturité d’un développement accompli. Une autre transe avec Pékin a eu lieu en 2012 quand Pékin tenta d’imposer des cours de patriotisme dans les programmes scolaires. Elle ne s’est calmée qu’après le retrait du projet.

Durcissement de Pékin et riposte des Hongkongais

Mais en 2014, la situation a changé. Une marche arrière du Bureau Politique sur un sujet de cette importance est moins probable. A l’évidence, le Parti a, sans esprit de recul, décidé de tenir à distance le spectre de la contagion démocratique et, considérant que les deux sont liés, l’influence occidentale et en premier lieu celle des Etats-Unis. Bien moins prudents que leurs prédécesseurs, Xi Jinping et le Bureau Politique affichent clairement leur aversion pour l’excès de libertés politiques et les élections libres. La publication du Livre Blanc montre que le Parti entend défendre ses choix avec âpreté.

Or tout indique que la nouvelle fermeté des positions de Pékin entraînera une réaction adverse des mouvements démocratiques et contribuera à renforcer leur solidarité. A cet égard, les résultats publiés le 29 avril 2014 d’un référendum conduit du 18 au 31 décembre 2013 par le « Hong Kong Transition Project », qui se dit un « centre de recherche non partisan », sont éloquents. A une majorité incontestable dont l’ampleur augmente considérablement à mesure que la population interrogée est plus jeune, ils montrent la sensibilité des Hongkongais à la question démocratique et à l’identité de la RAS.

Une des questions les plus significatives du sondage mettait en balance, d’une part, « l’identité culturelle chinoise historique » et, d’autre part, la « spécificité pluraliste » de la RAS. 31% des réponses placèrent en tête l’attachement culturel à la Chine, contre 66% qui préférèrent l’identité de Hong Kong, certes chinoise, mais également ouverte et multiple. Et, chiffre inquiétant pour Pékin, seulement 4% affirmèrent souhaiter que la RAS soit directement placée sous la coupe de Pékin. Pire encore, quand la population interrogée a entre 18 et 29 ans, les proportions ci-dessus deviennent respectivement : 15%, 84% et 2%.

Preuve que le raidissement politique de Pékin entraîne une réaction de solidarité, le référendum en ligne organisé par le mouvement « Occupy Central » sur la liberté des candidatures à la fonction de Gouverneur pour le scrutin de 2017 avait déjà recueilli 500 000 voix le 21 juin au soir.


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