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L’effet le plus positif est peut-être que les efforts chinois ont redonné au continent une valeur qui attire mécaniquement les plus grands. Les Etats-Unis, à qui ces évolutions n’ont pas échappé, ne sont-ils pas en train d’y installer un commandement stratégique ? La France elle-même, qui paraissait tourner le dos à son histoire, semble à nouveau hésiter et il n’est pas impossible qu’elle retarde son retrait.
Pourtant la fin du livre exprime quelques doutes sur la réussite de l’entreprise africaine de la Chine. Honnêtement les auteurs s’appliquent d’abord à relativiser les dimensions de l’engagement qui parait massif parce que nouveau et rapide, mais dont l’ampleur reste encore mesurée au regard des actions des pays occidentaux. Ensuite, ils constatent que l’action de Pékin commence à ressembler à celle des autres acteurs avec ses chantiers qui s’enlisent, ses cohortes de gardes de sécurité, ses scandales de corruption et, quoi qu’elle en dise, son mépris pour la population locale. A cela s’ajoute que, depuis quelques temps, les dirigeants africains, dont certains bénéficient de la manne pétrolière, deviennent plus gourmands et plus exigeants, d’autant que de nouveaux investisseurs (Brésil, Inde, Corée du Sud, Japon) se présentent là où, il y a seulement quelques années, la Chine était seule en lice.
Dans ce contexte le livre évoque l’hypothèse des sceptiques qui notent la fragilité des positions chinoises et soulignent qu’il suffirait pour provoquer le repli chinois d’une série d’incidents majeurs non liés entre eux (défection d’un allie tel que la Zambie ou l’Angola, une prise d’otages massive d’ouvriers chinois, un attentat meurtrier en Algérie, un désastre écologique ou encore la rupture d’un barrage chinois).
La fin de l’ouvrage renvoie les dirigeants du continent à leurs responsabilités : « La balle est dans le camp des Africains. Ils ont désormais les moyens de leurs ambitions : jamais un bailleur de fonds n’avait avancé des sommes pareilles sans conditions et sans tutelle. Seront-ils à la hauteur pour utiliser ces fonds pour développer leur pays plutôt que pour doubler la taille de leur parc immobilier en France ? A Pékin lorsque le Président Hu Jintao a annoncé les montants exorbitants qu’il s’apprêtait à mettre à la disposition de l’Afrique, un Africain auprès de nous a murmuré : « A présent il va falloir que nos chefs se montrent sages, très sages ».