›› Chronique

Une nouvelle fois, le 4 juin, date anniversaire de la répression contre les manifestants de Tian An Men, a donné lieu à de nombreux commentaires de la presse occidentale auxquels les médias chinois ont opposé un silence de plomb. Mais la mémoire en Chine reste vivace peuplée du récit des dissidents et entretenue à Hong Kong où, chaque année se rassemblent des dizaines de milliers de sympathisants du mouvement chinois pour le souvenir du 4 juin et pour prôner l’instauration de la démocratie.
Cette année, la Région Administrative Spéciale n’a pas manqué le rendez-vous. Au moins 100 000 Hong-Kongais qui militaient aussi pour l’instauration du suffrage universel direct en 2017 étaient présents. A la lueur des bougies brandies, ils ont écouté en silence la liste des protestataires abattus par l’APL il y a un quart de siècle.
A Taïwan des rassemblements identiques ont eu lieu tandis que le Président Ma Yin-jeou évoquait une « énorme blessure historique ». Signe des tensions entre Hanoi et Pékin, cette année le Parti Communiste vietnamien est sorti de son silence pour critiquer la répression.
En Chine, nombre d’intellectuels ont le sentiment que le régime a manqué une occasion historique de moderniser le pays et certains, il est vrai très rares, continuent à espérer qu’un jour viendra où le Parti acceptera de reconnaître que les manifestations n’étaient pas une rébellion violente, que l’ouverture du feu par l’armée était une erreur, que le pardon sera accordé aux dissidents et que les familles des victimes seront dédommagées.
Requêtes toujours ignorées par Pékin. La ligne officielle reste que les décisions prises ce jour du 4 juin 1989 furent les bonnes et qu’elles protégèrent le Parti. Cette année l’approche du 4 juin a été marquée par de nombreuses arrestations de militants souhaitant commémorer la répression, dont la plus médiatisée fut celle de Pu Zhiqiang, avocat des écrivains et journalistes ayant publié des textes critiquant le régime.