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›› Editorial

La montée aux extrêmes de la guerre commerciale et le balancier de l’histoire

Incompréhensions et inquiétudes de Pékin.

Ayant ouvert son marché boursier aux investisseurs étrangers et autorisé en 2017 – il est vrai avec quelques restrictions – les banques étrangères à opérer en Chine, le Bureau Politique estime avoir fait sa part d’ouverture dans les limites de ses contraintes politiques.

Dans ce contexte, indiquant qu’elle se prépare à tenir à distances les risques d’un freinage économique politiquement dangereux, la Banque Centrale abandonnant ses politiques restrictives vient de réduire le taux de réserve obligatoire des banques.

Il reste qu’il serait erroné de croire qu’à Pékin l’appareil est serein. Universitaires et membres de sérail politique proches de Xi Jinping mesurent les risques qu’une longue guerre commerciale avec les États-Unis ferait peser sur l’économie chinoise dont la croissance ralentit et dont l’un des moteurs est l’exportation.

Les premiers effets de ces inquiétudes sont clairement perceptibles dans l’instabilité boursière [1], tandis que les variations du Yuan - ayant chuté de 9,5% depuis la fin 2016 avant de remonter de 8,26% depuis la mi-avril 2018, contredisent clairement les accusations de manipulation de la monnaie [2].

Les leçons de l’histoire.

En haussant l’analyse d’un étage par une perspective historique, on constatera que depuis le milieu du XIXe siècle quand les Occidentaux avaient forcé l’ouverture de la Chine, l’argument commercial dont chacun peut voir qu’il est aujourd’hui au moins en apparence inversé, s’inscrit dans le contexte plus vaste d’une rivalité géopolitique.

Alors que le prétexte vénal des guerres de l’opium affrontait un empire fermé et affaibli sur le point de s’effondrer, la guerre commerciale du XXIe siècle met aujourd’hui en présence, deux influences stratégiques et culturelles opposées. D’une part, les vieilles démocraties dont le chef de file, économiquement meurtri par les excès du libre-échange prône exactement l’inverse de l’idéal de ses ancêtres européens qui voyaient dans l’ouverture des ports chinois un moyen d’enrichissement et la première étape d’une mutation politique de l’Empire.

Et d’autre part, un système politique chinois cohérent, capable de se projeter sur le long terme, se posant, par sa propagande, non seulement en parangon des échanges commerciaux sans contrainte, mais également en modèle de gouvernance mondiale.

Entre ces deux contraires historiques, un long malentendu par lequel l’Occident s’était imaginé que le vieil empire allait, à la faveur de l’ouverture commerciale, adopter un système politique articulé aux valeurs occidentales de la démocratie et du droit. La réalité est qu’il n’a jamais eu cette intention. S’il est vrai qu’il a laissé planer le doute, le 19e Congrès qui affirma les caractéristiques chinoises, symbole de sa différences et du rejet de l’influence politique occidentale, a levé le voile.

La référence à la « gouvernance » indication du système politique prôné par la Chine n’est pas anodine, dans un contexte où le système démocratique confronté aux effervescences démographique et culturelles d’un monde agité par de nouvelles menaces, donne, contrairement à l’idéal chinois du « despotisme éclairé » d’un pouvoir vertical et concentré, le sentiment d’une incapacité à affronter, dans la stabilité des longues échéances, les défis à venir de la planète.

Note(s) :

[1A new-York, hormis les titres du commerce en ligne en hausse de 1,6% sur une année, tous les autres indicateurs chinois sont en baisse : MSCI China à moins 6,74% ; FTSE China à moins 10,45% ; China A shares (tires cotés en Renminbi sur le marché intérieur) suivis par Deutsche X-Trackers à moins 16,8%.

[2Le 25 décembre 2016, le Yuan s’échangeait à 6,94 pour un dollar ; 16 mois plus tard, le 15 avril 2018, il était à 6,27. Le 27 juillet, il était remonté à 6,76.


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