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›› Editorial

Le difficile défi de l’ouverture et de la transparence

Le pouvoir central, placé sous les feux de médias internationaux, curieux et irrespectueux des pudibonderies chinoises, relayés par internet, capables de focaliser leur attention jusque dans les arrières cours les plus reculées de la Chine profonde, n’a alors plus d’autre choix que de sauter en marche dans le train de la transparence. C’est bien ce qui se passe aujourd’hui, au fil d’un processus qui traduit bien des hésitations et des regrets.

La démarche est assurément complexe pour un système qui a érigé la propagande et le slogan en méthode de gouvernement « des masses », tenues à l’écart des débats sur les problèmes du pays. On se souvient du psychodrame des cachoteries du SRAS en 2003, dont l’ampleur avait été révélée par un vieux médecin excédé par les mensonges. L’affaire s’était conclue par la mise à pied du ministre de la santé, bouc émissaire d’un système qui avait pourtant cautionné les maquillages. L’événement avait provoqué chez les responsables un accès de transparence qui multiplia soudain les rapports d’une précision presque millimétrique. Mais ce sont les mêmes qui, aujourd’hui, freinent autant qu’ils le peuvent la libération de l’information, toujours avec cette même crainte que les mauvaises nouvelles seraient néfastes pour la stabilité sociale et la légitimité du pouvoir.

Le 30 août 2007 Pékin a adopté une loi faisant obligation aux autorités locales d’informer dans les meilleurs délais le public d’une situation de catastrophe ou d’urgence survenue dans le territoire dont ils ont la charge.

Le texte prévoit des sanctions administratives contre les responsables locaux qui manqueraient à leur devoir d’information. Les médias qui diffuseraient des fausses nouvelles perdront leur licence. Un article qui stipule que le pouvoir central pourrait en cas de menace grave contre la sécurité et l’ordre public, déclarer l’état d’urgence, laisse cependant ouverte la possibilité d’un contrôle de l’information à la dilligence de Pékin. Comme si en Chine, la liberté de l’information, accordée par à-coups, restait toujours dans le domaine de l’aléatoire et du discutable.

La nouvelle loi, qui traduit malgré tout un effort de transparence, est une refonte d’un texte publié en juin 2006 qui subordonnait la publication d’informations catastrophiques à une autorisation politique préalable, ce qui laissait aux autorités locales une vaste marge de censure, dont elles ne se privaient pas.

Il est bien possible que ce progrès ait été initié par les récents incidents survenus le 21 août dans le Shandong, lorsque les familles des 181 mineurs bloqués par l’inondation d’une mine de charbon ont violemment manifesté, brisant à coups de barres de fer les vitres des bureaux de la compagnie minière, pour s’insurger contre l’absence de nouvelles sur la situation des secours à leurs proches, coincés au fond de la mine et qui devaient tous succomber à l’accident quelques jours plus tard. Parmi les familles qui harcelaient les responsables locaux, certains se plaignaient que les seules informations dont ils disposaient étaient celles qu’ils avaient glanées dans la presse internationale sur internet.

Ainsi vont en Chine la transparence et l’ouverture. Bridée par un fond culturel qui privilégie le secret et le souci de contrôler les « masses », toujours tenues à distance, la liberté de l’information, est çà et là, promue par la pression d’événements d’autant plus influents que le pays peut de moins en moins se soustraire aux regards des autres. Gageons que les JO constitueront un événement de cette nature et que la transparence et la liberté d’informer feront des progrès qu’il serait par la suite très dangereux d’étouffer par les retours en arrière au moyen d’ajustement juridiques et règlementaires, promulgués sous les prétextes de « stabilité sociale » et de « sécurité ».


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