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Mais la palme du gigantisme revient sans conteste au nouveau port de Shanghai, construit sur l’île de Yangshan, au large de l’embouchure majestueuse du Fleuve Bleu. En terme de tonnage, le terminal place déjà Shanghai en tête des ports de conteneurs devant ses concurrents de Singapour, Rotterdam et Hong Kong, avec une capacité annuelle estimée de 2,2 millions de TUE. Lorsqu’il sera complètement achevé en 2020, il pourra accueillir simultanément 50 porte conteneurs, le long de quais hérissés de grues hérculéennes, et sa capacité sera portée à 20 millions de tonnes. Cet ensemble qui comportera aussi une ville portuaire (Luchao), au design réalisé par des architectes allemands située à 30 km de Yangshan, sera relié à la terre par le pont de Donghai long de 32 km. Suspendu à deux piles monumentales, le tablier principal large de 31 m surplombe la mer de 40 m.
Cet ouvrage n’est d’ailleurs pas le seul de la région de Shanghai. Le pont en pleine mer destiné à relier Shanghai à Ningbo et éviter le détour par Hangzhou vient d’être terminé. Avec 38km, c’est le plus long pont du monde.
Ailleurs ce sont aussi les viaducs qui enjambent le Yangzi et les autoroutes qui modifient totalement le paysage. La région entre Shanghai et le lac Taihu, au sud du Grand Fleuve, n’est plus qu’un vaste échangeur, réseau inextricable et enchevêtré de bretelles tournantes hélicoïdales se surplombant les unes les autres. Dans les espaces laissés libres par cette marée de béton, hideusement pavoisée d’une multitude de panneaux publicitaires arrogants et incultes, on aperçoit de temps à autre, réminiscence d’un passé noyé dans la brume, la barque d’un pêcheur qui glisse lentement le long des vieux canaux, au milieu des bambous et des vieilles maisons de pierre.
Insolite et improbable vision surgie de l’histoire immémoriale, au milieu d’une campagne saccagée, hérissée de lignes à hautes tension qui voisinent aujourd’hui avec les grands relais acérés et sans grâce de la téléphonie mobile. Ceux-là, larges tubulures métalliques entrecroisées, surchargées d’antennes et de disques, n’ont même pas épargné le centre du vieux Suzhou, puisqu’une de ces repoussantes excroissances domine aujourd’hui la vieille ville, surplombant de sa silhouette heurtée et laide les méticuleux et gracieux jardins, joyaux de la vieille Chine, heureusement protégés.