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›› Editorial

Le système Xi Jinping. Resserrer le pouvoir, renforcer la capacité de contrôle politique du Parti. Redresser les comportements

L’ordre de bataille pour le redressement éthique.

Les structures et les hommes de ce combat essentiel pour la légitimité populaire du Parti ont progressivement été mis en place depuis 2012.

Au sommet de la pyramide, membre de la garde rapprochée de Xi Jinping, se trouve Wang Qishan, 70 ans. Historien et économiste de formation, devenu expert financier, ancien président de la Commission Centrale de Discipline, depuis 2012, grand maître de la bataille contre les prévarications, il a été nommé vice-président de la république en mars 2018.

Homme d’action capable de décisions rapides et tranchées, cet ancien chercheur à l’Académie des Sciences Sociales est aussi un homme de culture et de réflexion ayant conscience que la lutte contre la corruption dépassant très largement la répression contre les corrompus, doit aussi s’attaquer au fonctionnement même du Parti et à la culture des « guanxi » en partie générée par la cooptation, épine dorsale de la sélection des cadres.

A l’étage opérationnel de ce combat se trouve toujours la Commission Centrale de Discipline (CCD) avec à sa tête Wang Leji, 61 ans, placé à ce poste par le 19e Congrès. Ancien responsable des ressources humaines à la Commission d’organisation, Zhao maîtrise dans le détail les arcanes du pouvoir, mais son empressement appliqué aux ordres de Xi Jinping l’avait par le passé conduit à être à l’origine d’un sérieux cafouillage de la machine politique.

Après avoir, depuis la Commission d’organisation, imaginé que l’ouverture des groupes publics aux capitaux privés devait être accompagnée par une réduction drastique des avantages de leurs PDG dont le statut devait être rabaissé au niveau des hauts fonctionnaires, il avait du opérer une marche-arrière sous la pression de la très conservatrice Commission des actifs de l’État (国务院国有资产监督管理委员会, en abrégé 国资委, signe anglais SASAC).

Le 13 septembre 2015, un communiqué conjoint du Comité Central et du Conseil des Affaires d’État (le Parti et le gouvernement), tous deux inquiets à la fois des réactions politiques internes et des effets sociaux d’une réforme trop radicale des anciens piliers de l’industrie, introduisait plus de souplesse dans le processus de privatisation, laissant entendre que les 111 groupes publics contrôlés par le pouvoir central seraient protégés des effets du marché. Il s’agissait d’une marche arrière politique après une première offensive à la fois brutale et téméraire contre les entrailles conservatrices du régime.

On ne saura jamais si la présence de Wang Qishan à la vice-présidence a pour but de contrôler les trop fortes velléités réformatrices et les témérités de Zhao Leji ou si, au contraire, elle vise à le conforter dans sa lutte contre les prévaricateurs. Le fait est qu’en mars dernier l’architecture anti-corruption a été renforcée par une structure inédite aux pouvoirs considérables dont les rapports hiérarchiques avec la Commission Centrale de Discipline sont, pour l’heure, mal connus.

Placée au-dessus des structures judiciaires du régime à un niveau hiérarchique égal à celui du gouvernement, la nouvelle Commission Nationale de Surveillance (sigle anglais NSC – en Chinois 国家监督委员会 Guojia jiandu weiyuanhui) a été créé en mars 2018.

Sa mission est de détecter les écarts de comportement non seulement au sein des 90 millions de membres du parti, mais également parmi les PDG et les administrations des entreprises publiques ainsi qu’au sein d’une longue suite d’organismes allant des instituts de recherche jusqu’aux administrations locales y compris les plus petites municipalités des villages, en passant par les établissements hospitaliers, les universités, les collèges et les écoles.

Comme la CCD, la CNS aura le pouvoir de détenir des responsables sans jugement durant 6 mois, sans l’assistance d’un avocat et de geler leurs avoirs.

Le premier président nommé à la tête de ce nouveau fer de lance tous azimuts de la lutte anti-corruption est Yang Xiaodu, 65 ans, fidèle apparatchik ayant cumulé les postes de n°2 et dont la carrière se partage entre un long séjour au Tibet de 1986 à 2001 et un autre à Shanghai de 2001 à 2013.

Durant cette période il avait connu Xi Jinping quand avant d’être appelé à Pékin ce dernier avait brièvement été affecté à Shanghai au moment de la destitution de Chen Liangyu.

La culture du Guanxi et la corruption.

Le pouvoir et la vaste ampleur des prérogatives de cette nouvelle structure plongeant loin au sein des racines de la société et des structures administratives du régime donnent le sentiment que son intention dépasse la simple répression, mais qu’elle a aussi été conçue pour modifier les schémas de comportement qui, dans la culture chinoise, fondent le tissu relationnel, armature des réseaux d’affaires et favorisent les promotions par cooptation au sein du Parti.

Il existe une abondante littérature reliant la culture du Guanxi à la corruption, mais récemment, une série télévisée chinoise à succès « Au nom du peuple » diffusée au printemps 2017 et mettant en scène la lutte contre les prévarications de fonctionnaires a, sans manichéisme, montré les enchaînements entre la corruption et les réseaux de « guanxi ».

C’est sur eux que reposent en Chine « l’autorité dans les cercles familiaux, dans les relations maître élève, les amis d’école ou les groupes d’influence » qui, de fil en aiguille et selon les termes de Xi Jinping lui-même accaparent les ressources du pays « On ne peut pas laisser les cliques et les factions se transformer en ressources politiques - 不 能 让 搞团 团伙 伙 成为政治资源 » (discours de Xi Jinping à Tianjin, le 9 avril 2017) (Asialyst. Léo de Boisgisson, 31 mai 2017).


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