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Le tonneau des Danaïdes des revenus occultes

Wang ajoute que la dimension de l’écart révèle un enrichissement obtenu, pour sa plus grande part, au moyen de pratiques illégales telles que les détournements de l’argent ou des biens publics qui s’apparentent à une rente illégale et nourrissent massivement la corruption.

Cette part obscure puise notamment dans les avoirs financiers et les biens immobiliers des entreprises publiques et se nourrit de la spéculation sur les terrains appartenant à l’Etat. Les dérives, auxquelles se laissent aller les membres de la bureaucratie, montrent que, quand le pouvoir s’exerce sans contrôle ni restrictions, il développe une tendance naturelle à s’arroger des avantages économiques. L’effet direct des privilèges et des rentes dont bénéficie la nomenklatura est l’étroite collusion entre la classe politique et les affaires.

Un autre facteur facilitant l’escamotage des revenus est la faible part des activités salariées dans les revenus des ménages, tandis les activités non salariées, plus difficiles à contrôler, gagnent en importance. Au point que l’ampleur de ces profits dissimulés - qui sont souvent des rentes ou des prébendes - représenterait environ 300 milliards d’euros soit 15% du PIB (30% selon une étude du Crédit Suisse).

Le diagnostic du professeur Wang est aussi une mise en garde. « La richesse publique, de plus en plus mal répartie, a été pillée par des particuliers, provoquant des éruptions de violence sociale toujours plus fréquentes. Les statistiques macro-économiques officielles montrent clairement que les revenus occultes augmentent plus vite que PIB. Il s’agit là d’une situation qui met en danger la stabilité sociale et constitue la plus grande menace pour l’avenir de la Chine. Elle démontre aussi à quel point les réformes politiques ont été négligées. »

Passant en revue les remèdes destinés à corriger ces dérives, Wang évoque l’urgence des réformes politiques et insiste sur les mécanismes techniques destinés à contrôler les finances et la propriété publiques.

« Pour modifier ces tendances, il sera nécessaire d’accélérer les réformes politiques et de tout mettre en œuvre pour éliminer la corruption sous toutes ses formes. La différence croissante des revenus entre les riches et les pauvres ne pourra être réduite qu’en améliorant l’efficacité de l’administration des taxes et impôts. Enfin, la première priorité consisterait à promouvoir la transparence des finances de l’Etat. Les citoyens chinois ont le droit de contrôler les politiques publiques et devraient pouvoir participer à l’élaboration des décisions ».

On en est encore loin. S’il est vrai qu’il y a quelques mois, plusieurs ministères ont, pour la première fois dans l’histoire du pays, publié les chiffres de leur budget, cet essai de transparence n’intervenait qu’après coup et de manière si peu détaillée qu’il était impossible de vérifier l’adéquation des chiffres avec les priorités affichées par le pouvoir.

L’élimination des zones grises de l’économie est une vieille préoccupation du pouvoir. Elle ne sera possible qu’en réformant de fond en comble les sources de financement des administrations locales, dont 40% dépendent de la commercialisation du droit d’usufruit de la terre, propriété de l’Etat, en partie consacrée à des projets immobiliers.
Quant à la participation des citoyens aux affaires, elle reste étroitement bridée, même si elle est aujourd’hui bien plus active que par le passé. (cf l’article de QC « L’année du Tigre sera complexe », du 16 février 2010).


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