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Les affres de la relation franco-chinoise

Solidarité organisée des Allemands et « système D » français.

Bruno Gensburger, aujourd’hui vice-président de la Chambre Européenne de Commerce en Chine, qui fut, pendant de longues années, l’interprète de plusieurs ambassadeurs de France à Pékin, donc aux premières loges de nos frustrations commerciales, explique que « la force des Allemands ne vient pas forcément des grandes entreprises comme Volkswagen ou Mercedes, mais de leur réseau de 4300 PME… »

« …Regroupées dans le grand immeuble du Lufthansa Center, et dans quelques autres autour de l’école allemande, les entreprises allemandes “chassent en meute“. Elles sont organisées et anticipent les situations. A l’inverse, les Français, adeptes du “système D“, abordent le marché de manière dispersée et improvisée. »

La période qui précède la visite officielle du Président Hollande en avril devrait être propice à ces remises en question. Mais l’ambiance est plutôt brouillée. Durant la campagne électorale, le Chef de l’Etat avait en effet accusé la Chine de « tricher » sur le taux de change et sur le droit de propriété. En retour, la presse chinoise l’avait maltraité, en le présentant comme un « perdant », sans caractère et sans expérience politique.

En fond de tableau persiste le contentieux industriel des querelles franco-françaises entre EDF et AREVA sur le sujet du nucléaire français en Chine, avec le casse-tête collatéral des transferts excessifs de technologies, quête obsessionnelle des ingénieurs chinois qui font feu de tous bois pour rattraper leur retard. Sans compter que le déplacement de François Hollande chez le rival indien à la mi-février 2013 aura heurté l’égo des Chinois, nostalgiques des engouements de la période Chirac, aujourd’hui relayés par Jean-Pierre Raffarin.

Comparé à la sérénité et aux enthousiasmes de la relation Chine – Allemagne, on voit bien que le climat entre Paris et Pékin est, depuis plusieurs années, pollué par des agacements politiques nés de petites phrases et d’attitudes publiques qui renvoient à un ensemble de contentieux, dont on sait bien que l’évocation ostensible est malvenue dans la sphère économique et commerciale, mais tout de même remis sur le tapis par réflexe de politique intérieure.

Non pas que Berlin ait totalement renoncé à le faire de son côté – à chaque visite Angela Merkel demande à rencontrer des opposants -, mais il est évident que la manière allemande est moins déclaratoire et plus discrète.

Surtout, la Chancelière a fait preuve d’une extraordinaire constance pour consolider le partenariat. Venue six fois en Chine en 6 ans - se rendant chaque fois en province, ce qui ravit les Chinois -, elle peut au moins s’attribuer le mérite d’avoir installé un climat favorable aux échanges, dont le volume est passé en dix ans de 36 Mds d’€ à 144 Mds d’€, presque sans déficit.

Par comparaison le prochain voyage du Président français s’annonce déjà comme une course à l’échalote, dont la préparation prend des allures jacobines, où la puissance publique, qui, compte tenu des déficits chroniques devrait pourtant solliciter les expériences de terrain, ne tiendra cependant aucun compte des avis extérieurs au sérail. C’est ce que, dans son style direct regrette Montalte, un très ancien connaisseur de la Chine, familier des entreprises et des administrations chinoises, dans presque tous les coins de Chine qu’il arpente sans relâche depuis plus de 20 ans.


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Par Caligula Le 1er/04/2013 à 09h55

Les affres de la relation franco-chinoise.

Excellente analyse. Merci.

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