Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Editorial

Les éclaircies stratégiques de la Chine

L’opportunisme de Pékin avec Islamabad et Téhéran inquiète les Américains.

Le « gazoduc de la paix » entre l’Iran et le Pakistan avec des prolongements possibles ver l’Inde serait en partie construit par la Chine.

Dans la foulée de l’accord avec Téhéran on apprenait que – développant sa stratégie des « nouvelles de routes de la soie » cette fois terrestres – et sans tenir compte des étapes de la levée des sanctions contre Téhéran, la Chine et le Pakistan négociaient la construction d’un gazoduc de plus de 2500 km, en projet depuis au moins le début du siècle et freiné par les États-Unis. Il reliera le port iranien d’Assayuleh, 250 km au sud de Shiraz, en face du Qatar, à Nawabshah au Pakistan, 200 km au nord de Karachi.

Le pipeline baptisé « pipeline de la paix » qui passera par le port de Gwadar administré par la Chine depuis 2012 après que le port de Singapour (PSA International) ait jeté l’éponge, gène Washington qui entend contrôler l’ouverture stratégique faite à l’Iran et éventuellement réinstaller des sanctions si Téhéran contrevenait aux termes de l’accord passé avec les P5+1. Mais confrontée à Téhéran et Islamabad, qui sont deux solides alliés de la Chine, la Maison Blanche pourrait bien être débordée par le mouvement qu’elle a elle-même créé, d’autant que dans la région, l’Inde est également sur la liste des pays intéressés par le gaz iranien.

Alors que Washington a menacé le Pakistan de sanctions, le ministre du Pétrole pakistanais Shahid, Khaqan Abbasitold interrogé par le Wall Sreet Journal a confirmé que le projet était en route. La première phase construite par une filiale de CNPC se limitera à la portion pakistanaise entre Gwadar et Nawabshah (700 km) pour un coût estimé à 2 Mds de $, dont 85% seraient couverts par un prêt chinois. Une compagnie pakistanaise construirait les 80 km restant jusqu’à la frontière iranienne. Quant à la connexion avec le port iranien d’Assayuleh, elle fera sans doute l’objet des discussions du Président Xi Jinping avec son homologue pakistanais lors de la visite officielle du n°1 chinois à Islamabad, le mois prochain.

L’efficace levier financier de l’AIIB.

En Asie Pacifique, le succès de la banque asiatique pour les infrastructures (AIIB) qui compte déjà 35 membres fondateurs a également ouvert de nouvelles perspectives. Elles sont à la fois un argument de coopération, parfois un prétexte d’apaisement avec quelques partenaires en froid avec la Chine comme le Vietnam et les Philippines (dont la participation à la banque a été entérinée dès octobre 2014, en dépit des querelles en mer de Chine du Sud avec Hanoi et Manille) et un contrepied à Washington qui s’y était imprudemment opposé.

Les dernières nouvelles en date qui portent les espoirs et la force de l’influence de la Chine sont le récent intérêt manifesté par la Banque Mondiale et Taïwan, tandis que l’Iran et les Émirats Arabes Unis ont tout récemment été acceptés comme membres fondateurs.

Tokyo, intéressé mais prudent.

Surtout, signe irréfutable de la volonté de surmonter les risques de conflits de souveraineté, alors que Washington et le Canada sont restés en marge, Tokyo a récemment fait connaître sont intérêt pour la banque. Certes il ne s’agit là que d’un indice d’apaisement. Et compte tenu des tensions accumulées depuis 2010 entre le Japon et la Chine, il y a loin de la coupe aux lèvres, tandis que la participation du Japon à l’AIIB sera l’objet de négociations avec Washington lors du sommet entre Shinzo Abe et Obama, le 28 avril.

Le 11 avril, un article de Xinhua se montrait d’ailleurs sceptique, trois jours après que le secrétaire d’État à la défense américain Ash Carter mettait en garde depuis Tokyo contre les risques de dérapages militaires des querelles en mer de Chine du sud.

Surtout Carter entérinait l’élargissement des responsabilités des forces de défense japonaises qui desserre l’étau de la constitution pacifiste. Selon Carter « la marge de manœuvre du Japon et de l’alliance a été agrandie. Elle contribuera à la sécurité dans la région et au-delà ». Et il est vrai que l’évolution stratégique du Japon ne peut qu’inquiéter la Chine, mais le fait est que depuis le sommet de l’APEC à Pékin en novembre, le ton entre les deux grands rivaux de l’Asie du Nord-est a changé.

Un autre signe d’accalmie concerne les relations entre Pékin et Hanoi. Mais elles aussi s’apaisent au milieu de signes contradictoires où le Vietnam prend soin de garder en réserve la menace d’un rapprochement avec Tokyo et Washington.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Le révisionnisme sino-russe sur les traces de la révolution mondiale maoïste. Au Moyen-Orient, les risques avérés d’une escalade mortelle

A Hong-Kong, l’inflexible priorité à la sécurité nationale a remplacé la souplesse des « Deux systèmes. »

14e ANP : Une page se tourne

La stratégie chinoise de « sécurité globale » face aux réalités de la guerre

Que sera le « Dragon » ?