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Les relations sino-américaines vues par Hanoi

Un apaisement fragile.

Les plus optimistes comparent la récente entrevue Obama - Xi Jinping à Sunnyland en Californie avec la rencontre Nixon – Mao Zedong en 1972, ou à celle entre Jimmy Carter et Deng Xiaoping en 1979. Il est vrai que les nuances et l’impact entre ces deux dernières réunions ne furent réellement comprises que des années, voire des décennies plus tard.

Les pessimistes n’eurent toutefois pas longtemps à attendre, pour que les effets indésirables de la rencontre entre Xi et Obama se manifestent. Immédiatement après le sommet, la saga Snowden secoua sévèrement la relation bilatérale, menaçant même ses fondations construites autour de plus de 90 canaux de coopération et d’échanges. Obama eut beau dire qu’un jeune hacker de 29 ans ne menacerait pas la solidité des liens réciproques, il n’empêche que l’ancienne Secrétaire d’Etat expliqua que « la Chine avait porté atteinte à sa relation avec Washington en refusant l’extradition depuis Hong Kong de l’ancien contractuel de la NSA ».

Les hyperboles autour de la rencontre californienne sont malvenues. S’il est vrai que les deux parties ont établi un nouveau cadre de relations bilatérales, l’insistance chinoise sur le « type nouveau » des relations qui répond au « nouveau modèle de coopération » américain, suggèrent que les deux géants partagent le même lit, mais qu’ils ne font pas les mêmes rêves. En bref, la route est encore longue pour qu’ils parviennent à se mettre d’accord sur la forme, la nature et la substance de la relation.

Les Américains observent avec réticence l’enthousiasme chinois autour du « nouveau type de relations entre grandes puissances » d’abord évoqué par Xi Jinping lors de son voyage en février 2012 et explicité depuis depuis dans un essai signé de Cui Tiankai, ancien n°2 des Affaires étrangères et nouvel ambassadeur chinois aux Etats-Unis.

Dissonances et lourdes rivalités.

Il est important de comprendre les motivations chinoises derrière l’idée d’une relation d’un type nouveau et d’examiner les actions concrètes prises par Pékin pour la rendre crédible. Il faut d’abord constater que pour la Chine elle ne concerne que Washington et ne s’applique pas à l’Inde, ni à la Russie ou au Japon. Ce qui suggère que l’Empire du Milieu se voit lui-même comme l’égal des États-Unis et considère ce « type nouveau » comme un premier pas vers un cadre régional géré à deux, pouvant être utilisé pour résoudre des problèmes bilatéraux, régionaux ou planétaires.

Ensuite, Pékin semble déterminé à tirer partie du « consensus mutuel » apparu lors du sommet, comme l’indique le discours de Yang Jiechi au corps diplomatique, immédiatement après la rencontre californienne. Mais l’insistance américaine focalisant sur les désaccords surgis depuis suggère que la lecture de la Maison Blanche est différente.

Plus encore, juste après la rencontre, Obama appela personnellement Park la présidente sud-coréenne et le premier Ministre japonais Shinzo Abe, pour les assurer que le dialogue sino-américain ne compromettrait pas les intérêts de sécurité des alliances. Il est possible que Washington n’ait pas voulu apparaître trop proche de Pékin, comme ce fut le cas en 1979, quand Deng Xiaoping avait confié à Carter qu’il allait donner une leçon à Hanoi, un mois avant que la Chine n’attaque le Vietnam.

« Le type nouveau de relations entre les grandes puissance » est-il réalisable ? Et si oui, est-il une menace pour les alliés de la Chine et des Etats-Unis ? Pour faire court, la réponse est « non ». L’incident Snowden a montré que la nouvelle relation était « un palais de verre » délicat et fragile. Les fêlures sont profondes. Elles ont encore été aggravées par la crise financière de 2008 – 2009, au point que le divorce du montage « Chimerica » est aujourd’hui imminent, selon les mots de l’économiste britannique Niall Ferguson.

Les liens étroits qui liaient Pékin à Washington par le biais des achats chinois de bons du Trésor américains se relâchent. Il pourrait en résulter une plus grande agressivité de Washington, de moins en moins gêné par les conséquences de sa politique chinoise. Ailleurs la rivalité entre les deux s’aggrave, pour l’influence commerciale et les ressources au Moyen Orient, en Europe, en Amérique du Sud, et plus récemment en Amérique Centrale, l’arrière cour américaine. Il est aussi significatif qu’au moment où Xi Jinping participait au sommet des BRICS à Durban, en mars dernier, Obama recevait quatre chefs d’Etat africains à Washington, pour étudier les modalités d’une coopération économique et d’une aide au développement.


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