›› Taiwan
Selon le Président, l’Accord Cadre avec la Chine est le seul moyen efficace de desserrer l’étau des pressions chinoises qui exclut l’Ile de plus de 270 arrangements internationaux conclus par la Chine. Il permettra la signature d’accords entre l’Ile et ses partenaires commerciaux traditionnels. C’est en tout cas ce à quoi Ma Ying Jeou s’emploiera personnellement, en prenant la tête d’une équipe spéciale itinérante. Au passage, il a clairement mis en garde la Chine contre toute tentation d’ingérence dans ces négociations : « les Taïwanais sont braves et obstinés (...) Nous pouvons supporter un isolement diplomatique, mais pas un isolement économique ».
Une réflexion qui laisse présager des tensions si, après la signature de l’Accord Cadre, le PCC se laissait aller à exercer des pressions pour isoler l’économie de l’Ile, déjà acculée à une quasi autarcie diplomatique, conséquence des manœuvres chinoises de ces trente dernières années. La deuxième allusion à la défense des intérêts de l’Ile contre les intimidations chinoises, cette fois par les moyens militaires, est venue peu après, lors d’une interview accordée à CNN, diffusée le 30 avril.
A cette occasion, le Président Ma Ying Jeou a fait une mise au point qu’aucun responsable taïwanais n’avait faite jusqu’à présent : « Il doit être très clair que jamais nous ne demanderons aux Américains de se battre pour Taiwan ». Le message s’adressait tant au Parti Communiste chinois, qui refuse d’abandonner la menace militaire, qu’aux hésitations américaines face aux risques d’un conflit avec la Chine, conséquence du Taïwan Relation Act. Il comportait quelques attendus intéressants.
Ma Ying Jeou a en substance rappelé qu’en faisant d’importants efforts de rapprochement commercial avec la Chine, son gouvernement avait notablement diminué les risques d’un conflit dans le Détroit. Mais, si on voulait désamorcer les craintes taïwanaises d’un glissement progressif vers la réunification et décourager les pressions chinoises, il était important qu’en retour des efforts taïwanais, les Etats-Unis veillent à préserver les capacités de défense de l’Ile. « Si les Etats-Unis réduisaient leurs ventes d’armes à l’Ile, ils affaibliraient la sécurité de cette partie du monde ».
Or, après les équipements militaires vendus à Taiwan en janvier dernier, (dont des missiles Patriot, des hélicoptères Blackhawk et des chasseurs de mines (voir « Ventes d’armes à Taïwan. Tensions sino-américaines » du 2 février 2010), les militaires taïwanais attendent avec impatience d’autres livraisons autrement plus sensibles : le remplacement de tout ou partie de leurs chasseurs d’attaque F.16 vieillissants.
Pour appuyer leur requête, les Taïwanais évoquent non seulement un récent rapport de leur ministère de la défense, indiquant que les aptitudes opérationnelles des forces aériennes chinoises dépassaient désormais celles de l’le, mais également une des dernières évaluations de la Rand Corporation qui estimait que la capacité de la Chine à porter aux forces aériennes de l’Ile un coup décisif par une attaque surprise avait considérablement augmenté.