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›› Editorial

Première sortie d’entraînement du porte-avions chinois. Un « feu rouge » clignotant

NOTES DE CONTEXTE.

Nouvelles de l’aéronavale chinoise.

Le 22 décembre 2016, Brian Kalman publiait dans Global Research une synthèse faisant le point des progrès et des problèmes rémanents du programme de porte-avions chinois. Acheté à l’Ukraine à la fin des années 90, le Liaoning a, au cours de sa première campagne en mer depuis sa livraison à la marine chinoise en 2012, mis en œuvre, le chasseur aéronaval embarqué J-15 doté de missiles air-air PL-12 et de missiles antinavires YJ-83, en dépit des limites de poids imposées par la rampe de décollage.

Les exercices de décollage et d’appontage par des chasseurs J-15 équipés de missiles, suivis de tirs réels ne constituent certes pas en eux-mêmes une modification des rapports de forces, mais ils confirment que le Liaoning est et sera utilisé à l’avenir comme une unité d’entraînement des pilotes pour la flotte aéronavale en cours de mise sur pied.

Jusqu’à présent les entraînements avaient lieu sur la base de Huangdicun au nord du golfe de Bohai rattachée à la région militaire de Shenyang où stationne le régiment de J-15 embarqués. La base est équipée de 2 rampes de décollage et de 2 pistes à brins d’arrêt métalliques, répliques des dispositifs installés sur le Liaoning.

Entièrement conçu et fabriqué en Chine, le 2e PA chinois est déjà bien avancé au chantier naval de Dalian. Des images satellites datant d’octobre 2016 montrent que la coque et les superstructures du bâtiment sont terminées. On y décèle un plus fort tonnage et un plus vaste hangar de rangement des avions. Les photos du « château » monté sur les superstructures en deux fois à cause de sa taille, montrent la présence d’un radar de type 346 A à balayage actif plus moderne, identique à celui qui équipe les derniers destroyers de la flotte.

Mais l’information la plus intéressante est la présence conjointe sur la base d’entraînement de Huangdicun de nombreux J-15 et de deux catapultes indiquant que l’entraînement des pilotes au décollage avec cet équipement est sur le point de commencer.

Ainsi, alors que le 2e PA dont la mise en service opérationnel est prévue en 2020 sera toujours équipé d’une rampe de lancement, le 3e sera probablement muni de catapultes comme les PA américains et le Charles de Gaulle français. Avec les Etats-Unis, la France et le Royaume Uni (à partir de 2017), la Chine sera le 4e pays à mettre en œuvre un PA à catapultes qui augmente la capacité d’emport en munitions et permet l’utilisation d’avions de lutte anti sousmarine que les PA à rampe n’autorisent pas.

Ainsi, dans moins d’une dizaine d’années, la Chine sera dotée d’au moins 3 porte-avions opérationnels. Dans ce domaine de l’aéronavale son potentiel restera certes encore inférieur au tiers des capacités américaines, sans compter que les groupes de porte-avions chinois seront loin d’avoir l’expérience de l’US Navy héritère des batailles aéronavales contre le Japon entre 1941 et 1945.

Il n’en reste pas moins que la marine chinoise sera en mesure d’assurer une puissante présence permanente à ses approches maritimes directes et en Mer de Chine du sud. Si, à cette force qui monte, on ajoute les capacités antinavires de la 2e artillerie et des unités les plus modernes de la flotte, on constate que depuis la dernière crise de Taïwan en 1996, l’équilibre des forces est notablement modifié.

*

La prochaine crise de Taïwan.

En laissant planer la possibilité que la position américaine sur Taïwan et « une seule Chine » pourrait évoluer, Donald Trump a introduit une carte sauvage dans le fragile équilibre de la relation sino-américaine déjà mise à l’épreuve par de multiples contradictions.

Pour n’en évoquer que quelques unes citons celles entre les principes démocratiques et le réalisme géostratégique ; entre les alliances de l’après-guerre et l’ouverture à la Chine ; entre libre échange et guerre commerciale ; entre l’attrait du marché chinois et le protectionnisme domestique, ou encore, entre droit d’ingérence et respect des différences politiques et culturelles.

En haussant l’analyse d’un étage on constate que la question de Taïwan constitue en Asie le pivot de deux conceptions des relations internationales : celle américaine et occidentale qui privilégie le droit et la démocratie érigée en principe universel ; celle, chinoise qui place la culture au centre et réfute l’idée de la prévalence des systèmes démocratiques sur les autres formes de gouvernement.

Une des meilleures indications des risques qui montent dans le Détroit a peut-être été donnée par un officier de l’APL à la retraite parlant sous condition d’anonymat : « Soyons clair, Taïwan n’est pas la Syrie. L’Île est, pour chaque Chinois, une sorte de main droite de l’âme collective du peuple. Personne ne la coupera sans avoir à en payer le prix du sang ».

Et encore « Ce que la plupart des analystes ne comprennent pas est que notre Président Xi Jinping et le pouvoir chinois ont, comme leurs prédécesseurs, engagé la réputation du régime sur le fait qu’un jour Taïwan retournera dans le giron du Parti communiste chinois. » A bon entendeur salut.


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