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Quel rôle pour la Chine en Afghanistan ?

Depuis deux ans cependant, le vent tourne. La Chine constate les hésitations et les déboires de la coalition qui accompagnent la dégradation de la situation, à nouveau favorable aux Talibans. Calculant les risques pour sa propre sécurité, si les choses venaient à s’aggraver, soucieuse de prendre date, Pékin a progressivement haussé le ton. Au fil des déclarations, par Quotidien du Peuple interposé, le Bureau Politique fait connaître sa position.

Il appelle d’abord à une solution régionale, qui n’est pas sans rappeler la suggestion du “commandant de l’OTAN” : « la question afghane, le problème pakistanais et les contentieux entre l’Inde et le Pakistan, sont liés ».

Mais là s’arrête le parallèle. Le 26 septembre 2009, Li Qing, n°2 d’un « Think Tank » d’État spécialiste de questions de sécurité nationale, après avoir insisté sur la dégradation de la situation et l’érosion du soutien des opinions publiques, réclamait purement et simplement le départ de l’OTAN et son remplacement par une force des Nations Unies, « condition essentielle, selon lui, à la réconciliation des factions afghanes ».

Trois semaines plus tard, un nouvel article en ligne du Quotidien du peuple, rappelait que la lutte contre le terrorisme supposait une coopération globale entre acteurs aux intérêts convergents, et soulignait que les investissements chinois en Afghanistan contribuaient également à stabiliser le pays.

Ces prises de position officieuses, qui expriment sans doute la vision du pouvoir, révèlent au moins trois points importants : Constatant la dégradation de la situation, la Chine souhaite le retrait des forces de l’OTAN et prône une solution négociée avec tous les acteurs de la région. Elle exprime sa volonté de coopération, à ses conditions, et affiche sans état d’âme ses intentions d’exploiter les ressources minières afghanes.

Elle passe cependant sous silence deux obstacles à une solution de la crise : la porosité des frontières avec les zones tribales du Pakistan, un des facteurs clés de l’insécurité, sur lequel les Occidentaux attendent que Pékin fasse peser son influence ; et l’extrême corruption du gouvernement de Kaboul, gravement compromis avec les seigneurs de la guerre aux allégeances fluctuantes, et dont dépend son pouvoir. Une circonstance lourde, qui nourrit les frustrations de la population et renforce l’influence des radicaux.

Le réveil de la parole chinoise à propos de la crise afghane suivait une recrudescence spectaculaire des investissements de Pékin et de ses hommes d’affaires, qui évoluent comme des poissons dans l’eau dans les connexions affairistes troubles de l’économie locale.

Les implications des nouveaux projets, au cœur des planifications de développement de l’Ouest chinois, dépassent largement les limites de l’Afghanistan.

A la fois opportunistes et pragmatiques, puissamment appuyés par l’État, au point que les offres de Pékin sont hors de portée des autres investisseurs possibles (Russes ou Américains), ils s’inscrivent dans les ambitions chinoises d’influence régionale et prennent clairement à contre-pied les stratégies de la coalition, pour l’heure, essentiellement articulées autour de la sécurité et de la « bonne gouvernance ».


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