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Tirs croisés au « Shangrila Dialogue »

Vigoureuses contre attaques chinoises contre Washington et Tokyo

Dans sa bataille du Shangrila, Wang ne fut pas seul. Il eut en effet une alliée de poids en Madame Fu Ying, parfaite anglophone, ancienne Vice-ministre des Affaires étrangères et ancienne Ambassadeur à Manille, Canberra et Londres, aujourd’hui Présidente de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale.

Dès avant le début de la conférence, elle a ouvert le feu en participant à un débat télévisé le 30 mai où elle a vigoureusement épinglé le Japon et les Philippines pour leurs attitudes dans les querelles territoriales avec la Chine. Shinzo Abe, fut vertement vilipendé pour avoir construit « le mythe de la menace chinoise contre le Japon » prétexte – à t-elle ajouté - aujourd’hui utilisé par Tokyo pour modifier la posture stratégique du Japon. Quant à Manille, Fu Ying l’accusa d’être à l’origine des tensions par les provocations unilatérales de sa marine dépêchée pour harceler des pêcheurs innocents.

La contre attaque s’est aussi développée en Chine dès le 31 mai quand les médias nationaux ont abondamment analysé et commenté les réactions de Fu Ying et du Général Wang aux accusations de Washington et Tokyo. Parmi la dizaine d’articles parfois très longs – ce qui est rare - publiés par la presse officielle, signalons le Quotidien du Peuple : « Les complots de Manille et Hanoi sont voués à l’échec » ou « Fu Ying, une diplomate chinoise chevronnée ridiculise les manœuvres japonaises » ; le China Daily : « les accusation de Abe et Hagel rejetées » ou « Par leurs accusations hypocrites les Etats-Unis agissent contre leurs intérêts » et encore : « Les risques d’un Vietnam capricieux ».

Pékin excédé par la mauvaise foi de Manille et Hanoi

Publiée le 30 mai dans le China Daily une analyse intitulée « Pour la Chine, le temps est-il venu de faire cavalier seul ? » mérite une attention particulière. Signé du pseudonyme Lu Yang, identifié comme un « chercheur basé à Pékin », le texte développe une argumentation montrant que les constants efforts de la Chine depuis 2002 pour se conformer aux préceptes de la déclaration sur le code de conduite adoptée à Phnom-Penh en 2002, ne furent jamais payés de retour.

Après avoir réfuté les revendications vietnamiennes sur les Paracel récemment cristallisées autour de la plateforme de CNOOC – « située, dit le texte, à 17 nautiques de l’île chinoise de Zhongjian (Paracel) et à 150 nautiques des côtes du Vietnam » -, l’auteur balaye aussi les arguments selon lesquels le mouvement de la plateforme qui enflamma le Vietnam à la mi-mai était une provocation délibérée dirigée contre Hanoï et indirectement contre l’intrusion américaine.

Lu Yang souligne qu’après avoir signé la Déclaration de Phnom-Penh sur le Code de conduite en 2002, la Chine avait réitéré plusieurs fois sans succès ses propositions de développement partagé des ressources. Une brève lueur d’espoir apparut en 2005 quand les sociétés d’hydrocarbures chinoises, vietnamiennes et philippines ont commencé des explorations sismiques conjointes.

Mais l’expérience a été stoppée brutalement par Manille qui refusa d’endosser les accords conclus par le gouvernement précédent. La suite fut marquée par des contrats signés directement avec des compagnies d’hydrocarbures occidentales. Hanoï, par exemple, procéda à plus de 50 forages dans des zones contestées sans concertation avec Pékin qui protesta officiellement sans résultat.

Les limites de la patience chinoise

Dans sa conclusion l‘auteur développe l’idée d’une Chine arrivée à bout de patience à force de concessions sans retour et aujourd’hui tentée par la fermeté pour « réagir aux attitudes inconscientes du Vietnam qui perturbe les opérations de routine dans les eaux chinoises (…) ».

Suit une menace qui ignore le refus du Vietnam d’endosser la souveraineté chinoise sur les Paracel : « si Hanoï persistait à perturber les opérations d’exploration dans les eaux chinoises, Pékin n’aurait d’autre choix que de modifier radicalement son attitude et de lancer des forages dans des zones revendiquées par Hanoï » (ndlr : c’est-à-dire à proximité directe des côtes vietnamiennes, ce qui constituerait une dangereuse initiative et une surenchère dans l’échelle des provocations).

Photo Madame Fu Ying ancienne vice-ministre des AE chinois, ancienne Ambassadeur à Manille, Canberra et Londres, aujourd’hui Présidente de la Commission des AE de l’ANP a participé à une émission de TV organisée à Singapour par la chaîne chinoise Phoenix.


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