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›› Chronique

Trois personnalités en vue, dont on parle beaucoup en Chine

HU Shuli
Le magazine Caijing, parmi les plus en vogue de la presse économique, au tirage de 200 000 exemplaires et aux revenus de plus 14 millions de dollars par an, se trouve aujourd’hui pris dans une tourmente qui reflète les contradictions auxquelles se heurte la presse, tiraillée entre ses tentations d’indépendance, homothétiques d’une meilleure qualité, et les vieilles habitudes d’ingérence politiques et/ou les pressions des actionnaires, à la fois juges et parties, soucieux de protéger leurs intérêts qui, souvent, heurtent de plein fouet l’exigence de qualité et de transparence du journal. Au centre de ce tumulte se trouve Hu Shuli (53 ans), créatrice du journal en 1998, que ses collègues de la presse chinoise appellent avec respect « la femme la plus dangereuse de Chine ».

Elle est responsable d’une ligne éditoriale sans concessions qui, depuis plus de dix ans, s’est attaquée sans complexe à la corruption, aux problèmes d’environnement, aux trafics d’influence et aux délits d’initiés qui plombent les marchés financiers chinois. Au point que sa réputation d’incorruptible a dépassé les frontières de la Chine.

Depuis une quinzaine de jours, elle s’en prend directement à Wang Boming, cofondateur avec elle du journal, ancien banquier de Wall Street, dont l’ambition est de devenir le patron du « Time Warner » chinois. Wang est aussi le président de Caixun Chuan Mei, (SEEC- Stock Exchange Executive Council - medias group) au nom sibyllin, société de médias mi publique mi privée, listée à Hong Kong, actionnaire unique de Caijing.

La controverse, qui a d’abord provoqué la démission de Wu Chuanhui (Daphnée Wu) et de plusieurs journalistes, porte sur deux points précis : l’utilisation des revenus des publicités de Caijing que Wang refuse de réinvestir dans le journal et l’indépendance de la ligne éditoriale que la société SEEC entend contrôler de plus en plus. La crise a pris de l’ampleur quand Hu Shuli a elle-même menacé de démissionner avec, à sa suite, 70 autres employés et journalistes du magazine. Agressive, et ambitieuse, bénéficiant de l’appui de sa nombreuse équipe, Hu Shili fait peser sur Wang la perspective d’un projet concurrent.

Ces échauffourées ont éclaté alors que le paysage médiatique chinois est lui-même en mouvement, avec notamment le projet de création par le magnat des médias et des télécom de Hong Kong, Richard Li, d’un service financier pour les marchés asiatiques et chinois, copié sur Bloomberg et que Hu Shuli pourrait menacer si elle se détachait de Caijing, à moins qu’elle ne décide de s’associer à lui. Une opportunité qui augmente sa marge de manœuvre. Pour l’heure elle a fait savoir qu’elle quittera le magazine début novembre.

L’épisode traduit l’évolution du monde de la presse en Chine, il est vrai dans un domaine moins sensible que les sujets politiques, mais dont les ramifications n’en mettent pas moins à jour à la fois les dysfonctionnements de la bureaucratie et du monde des affaires et les connexions occultes et souvent malsaines qui les relient. L’histoire pointe aussi du doigt la férocité des compétitions et le jeu des menaces voilées ou directes qui, en Chine, accompagne toujours les négociations.


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