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« Un complot contre la Chine ? Comment Pékin voit le nouveau consensus de Washington ». Par Wang Jisi

A propos de la rivalité stratégique Chine – États-Unis, s’il est une réflexion qui mérite attention, venant du cœur même de l’appareil, c’est celle de Wang Jisi, 王缉思 publiée par « Foreign Affairs » de juillet.

Elle est intitulée « Un complot contre la Chine ? Comment Pékin voit le nouveau consensus de Washington ».

Wang Jisi n’est pas le premier venu. Au début des années 2000, il était l’expert des relations avec les États-Unis à l’Académie des Sciences Sociales, le plus puissant centre de recherche de Chine. Le plus indépendant aussi que l’appareil s’est toujours appliqué à mettre aux normes, sans jamais y parvenir complètement. De ses entrailles sont issus nombres d’intellectuels dissidents célèbres.

L’Académie a en effet une histoire heurtée marquée par des purges politiques déclenchées contre des chercheurs trop critiques et trop extravertis.

L’une des plus sévères mise aux normes eut lieu en 1989, suite à la répression de Tian An Men, après que l’un des anciens directeurs de l’Institut d’Études Politiques de l’Académie, Yan Jiaqi, devenu le Conseiller du n°1 réformiste Zhao Ziyang ait rejoint la dissidence avec Bao Zunxi (aujourd’hui décédé) alors chercheur à l’Institut d’histoire de l’Académie.

Aujourd’hui, sous couvert d’efficacité, le parti poursuit son harcèlement contre la recherche académique indépendante. Lire : Feu sur les « excroissances méningées du Parti » et reprise en main idéologique.

Mais en dépit du temps qui passe, des relèves et des mutations, malgré l’alignement des Présidents choisis pour leur obédience, l’esprit critique fermente toujours dans les entrailles de l’Académie, comme si elle abritait une âme réfractaire indépendante de la machine politique.

*

Depuis vingt ans, Wang Jisi navigue habilement entre la quête d’objectivité académique et la contrainte politique imposée par l’appareil.

Au début des années 2000, il mettait déjà en garde contre les risques d’un conflit avec l’Amérique si Pékin se mettait en tête de rivaliser avec Washington en termes de puissance globale. A contre-courant de la primauté sans réserve accordée à la croissance économique, il ajoutait même que, compte tenu de la démographie, il serait dangereux pour l’équilibre global, que la consommation interne chinoise se développe au même niveau qu’aux États-Unis.

Aujourd’hui, intellectuel respecté, à la tête de l’Institut d’Études Internationales de l’Université de Pékin, il revient dans Foreign Affairs sur la rivalité tous azimuts entre la Chine et les États-Unis dont il estime qu’elle sera à la fois plus durable, plus vaste et plus intense que toute autre compétition internationale de l’histoire moderne, y compris la guerre froide.

Contraint par sa fonction officielle à n’aborder que de manière générale et par le truchement de litotes les questions ultra-sensibles de Taïwan et des prétentions territoriales de Pékin en mer de Chine du sud, Wang n’en explore pas moins le sujet par une analyse remarquable d’équilibre.

L’article commence par l’exposé des causes et les manifestations de la défiance enracinées dans les perceptions réciproques des intentions de l’autre.

Aux États-Unis domine l’idée que le consensus occidental fustigeant « la menace chinoise » ayant conduit à durcir une riposte en voie de coordination face à Pékin, est né du regain d’agressivité chinoise sur la scène internationale. En Chine, en revanche, où personne n’a oublié les humiliations infligées au pays au XIXe siècle par l’Occident, la Russie et le Japon, la crainte qui perdure est que le prosélytisme des États-Unis – héritiers et symbole de l’Occident – est une menace pour la sécurité nationale et la stabilité politique interne de la Chine.

Quand les Américains blâment l’agressivité de Pékin, les Chinois estiment que ce sont les États-Unis qui, depuis de longues années, tentent d’affaiblir le pouvoir du Parti en interférant sans mesure dans les affaires internes du pays.


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