›› Taiwan
Le « Double Dix », la fête nationale taïwanaise, a été célébrée à Taipei quelques jours après le défilé monstre organisé par le Parti Communiste. Le contraste était total entre le l’extravagance des festivités pékinoises et la modestie presque discrète des célébrations à Taipei.
Il faut dire qu’à Taiwan, le parti de Ma Ying Jeou avait décidé d’adopter un profil modeste. Il n’avait en effet pas le choix. Sa popularité reste hésitante, il est malmené par l’opposition, affaibli par les mauvais résultats économiques et secoué par les critiques sur sa gestion du cyclone Morakot, qui coûta 700 morts et disparus, provoqua la démission du 1er Ministre Liu et jeta une ombre sur les qualités de leader de Ma Ying Jeou.
L’anniversaire fut donc placé sous le signe du recueillement, de l’effort collectif, de la solidarité nationale et de l’affirmation renouvelée de l’originalité politique et culturelle de l’Ile, présentée comme un territoire de « culture chinoise aux caractéristiques taïwanaises ». Il y a bien eu dans le discours de Ma Ying Jeou quelques accents nationalistes, mais le ton général, appliqué et pédagogique, appelait plutôt à l’effort et à la vigilance qu’à la célébration glorieuse.
Après avoir passé en revue les efforts du gouvernement pour améliorer la prévention des catastrophes et la capacité de réaction du gouvernement, Ma a d’abord indiqué comment l’Ile s’adaptait aux défis de l’époque, de la défense, de l’environnement, aux réactions à la crise économique, en passant par les économies d’énergie et la prévention contre les affections grippales. Puis il a abordé le sujet sensible des relations avec la Chine.
N’ayant, dans ce domaine, aucune difficulté à défendre son bilan qui bouleverse plus d’un demi-siècle d’immobilisme et de tensions, le président a d’abord rappelé la nécessité des accords économiques encore controversés dans l’Ile, qu’il s’agisse du secteur financier ou de l’accord cadre plus large sur la coopération économique. Mais Ma Ying Jeou ne pouvait pas évoquer les relations dans le Détroit sans faire allusion aux réticences qui s’expriment dans l’Ile, et sans saisir l’occasion de souligner à la fois les différences entre les deux systèmes politiques, ainsi que, pragmatisme oblige, les limites de sa stratégie de rapprochement.
Concluant le chapitre des controverses contre ses initiatives en direction de la Chine, il a à nouveau martelé que l’Ile était une démocratie et que son souci cardinal était de protéger sa souveraineté, y compris, a-t-il ajouté, celles des Iles Penghu, Matsu et Jinmen. Il répondait ainsi aux alarmistes qui, se référant à la période des harcèlements par l’artillerie maoïste, répètent qu’une action militaire de l’APL contre l’Ile pourrait commencer par la conquête des îles du Détroit.