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›› Economie

Un été chaud sur fond d’inquiétudes et d’espoir

Les banques souffrent. Baisse des taux et libéralisation du système financier.

Alors qu’il y a 5 ans les banques chinoises figuraient au sommet du palmarès mondial des profits, depuis 2015 elles n’ont enregistré que des croissances inférieures à 1%. En bourse, leurs titres se négocient en dessous de leur valeur comptable. (Valeur totale des actifs que les actionnaires recevraient, en théorie, en cas de liquidation de la société).

La 3e occurrence économique méritant attention est assurément la nouvelle baisse d’un quart de point des taux d’intérêt (la 5e depuis novembre 2014) et une nouvelle réduction du taux de réserve obligatoire annoncée le 25 août, dont l’effet direct sur les marchés a été une remontée des titres sur la plupart des places européennes, la bourse de New-York (Dow Jones et S&P) continuant cependant à baisser de 1,3% et 1,4%.

La baisse d’un demi-point du taux de réserve (de 18,5% à 18%) correspond à une injection de plus de 100 Mds de $ dans le système financier chinois, tandis que la baisse des taux facilitera le crédit. L’initiative bien accueillie par les marchés participe d’un nouvel effort du Bureau Politique pour maintenir la croissance à 7%, dans un contexte où la Banque Centrale elle-même laisse entendre que le ralentissement de l’économie s’intensifie, et que se multiplient les commentaires sur la fiabilité des données chinoises et le taux réel de croissance.

A noter cependant que la relance a été accompagnée par un allègement des contrôles sur les dépôts bancaires ayant une maturité de plus d’un an. La mesure qui augmente la marge d’initiative des banques commerciales dans un contexte où le crédit est toujours contrôlé par des institutions publiques apathiques constitue un nouveau pas vers la libéralisation du système financier. Elle a probablement été suggérée au pouvoir dont la tendance est inverse, par l’équipe des réformateurs financiers dirigée par Zhou Xiaochuan et Lou Jiwei.

Ces trois épisodes de l’histoire économique du mois d’août (débat sur la chute des réserves de change, dévaluation, baisses des taux d’intérêts et du taux de réserve obligatoire) surviennent en même temps que la publication de chiffres économiques moroses concernant les profits des banques et la croissance de la production. En revanche les nouvelles du marché immobilier ont été meilleures, tandis que la part de la consommation dans le PNB se renforce lentement.

Baisse des profits des banques et production industrielle en berne.

Fragilisées par le freinage de la croissance ayant mis à jour l’empilement rapide des dettes toxiques au cours des 5 dernières années, les grandes banques publiques se débattent depuis le début de l’année avec les plus faibles profits enregistrés depuis leur entrée en bourse.

La Banque Industrielle et Commerciale 中国工商银行 n’a au cours du premier semestre enregistré que 0,6% de croissance de ses profits ; la Banque de l’Agriculture 农业 银行 est à seulement 0,3%. Le contraste est flagrant avec la période de la relance de 2009 articulée autour de projets d’industrie lourde et d’immobilier de luxe où les profits affichés étaient toujours à 2 chiffres, avec cependant un partie des prêts non remboursés par les administrations locales.

S’il est vrai que les comptes paraissent encore équilibrés, nombre d’observateurs suspectent que le montant réel des créances douteuses est plus élevé. Cette année, les institutions de défaisance chargées d’absorber les dettes toxiques et de les restructurer ont acheté un montant de créances non recouvrables 60% plus élevé qu’en 2014. Dans ce contexte la plupart des banques sont aujourd’hui cotées en-deçà de leur valeur comptable, alors qu’elles l’étaient à près de 3 fois en 2009.

Autre indice de freinage sérieux : l’indicateur des directeurs d’achat été en août à son plus bas niveau depuis plus de 6 ans, à 47,1. Le chiffre témoigne de la faiblesse des commandes industrielles, d’un recul de l’emploi, et de la baisse de la production, conséquences de la contraction de la demande en Europe.

A quoi il convient d’ajouter l’atonie du secteur productif (13% du PNB) où on décèle une prudence comptable des responsables qui tranche avec les habituelles fuites en avant. Pour corriger les baisses de production et la faiblesse des revenus, les dirigeants d’entreprise confrontés à la brutalité de la concurrence sur le marché chinois avaient jusque là coutume de contracter de nouveaux emprunts, espérant que les pouvoirs publics les tireraient d’affaire en cas de coup dur. Cette tendance n’est pas éradiquée, mais l’évolution des attitudes est notable.

*

Dans ce contexte morose, les commentaires en Chine spéculent pourtant toujours sur une reprise et écartent la possibilité d’un accident systémique. Selon un article de Caixin l’augmentation régulière de la part des services et de la consommation dans le PNB qui s’ajoute à un redressement du marché immobilier et à la restructuration du secteur productif, permettra un rebond de l’économie.

Lire : Grands travaux et réforme des groupes publics. Une ambition immense et complexe


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