›› Taiwan
On peut donc s’attendre à ce que Washington, qui accuse Chen Shui-Bian de ne pas respecter la promesse des « quatre non » faite en 2000 (pas de déclaration d’indépendance, pas de modification du nom de l’Ile qui doit rester « République de Chine », pas de modification de la constitution rehaussant les relations dans le Détroit au niveau de relation d’Etats, pas de référendum sur la réunification ou sur l’indépendance), utilise tous les moyens pour tuer dans l’oeuf le projet (pressions politiques et commerciales, menaces d’arrêt des livraisons d’armes, « boycott » des hommes politiques du DPP etc.). En même temps les Etats-Unis s’efforceront d’évaluer les intentions chinoises et tenteront de persuader Pékin des conséquences catastrophiques pour la Chine d’une réaction trop brutale à une initiative dont la portée réelle sera en tout état de cause limitée, compte tenu de l’opposition de la très grande majorité des membres de l’ONU. Mais les conseils de modération américains ne passeront pas facilement la rampe dans le contexte de surenchère nationaliste qui entoure le 17e Congrès.
On se plaît souvent à minimiser les risques de conflit dans le Détroit de Taiwan en mettant en avant la richesse des relations commerciales entre Taiwan et la Grande Terre (100 milliards de dollars d’investissement taiwanais cumulés et plus d’un million de Taiwanais installés en Chine). Ces analyses mesurées qui veulent croire à la vertu apaisante des affaires occultent l’aspect émotionnel de la situation. Sur l’Ile ce dernier s’exprime de plus en plus par le sentiment populaire que la distance entre la « Grande Terre » et Taiwan s’élargit, tandis qu’à Pékin le nationalisme chinois et le Parti entretiennent l’obsession d’une réunification inéluctable y compris par la force, ultime étape du retour de la Chine à ses frontières historiques.