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›› Politique intérieure

Branle bas de combat au cœur du Parti

Batailles pour la Commission Militaire Centrale.

L’APL n’est pas un faiseur de roi en Chine. Mais ses priorités nationalistes, ses références patriotiques et son rôle de dernier recours en cas de dérapage de sécurité interne provoqué par la lutte de factions en font la cible des convoitises politiques dans le processus de succession. L’armée, en effet, constituerait une position de repli en cas de crise politique majeure et, éventuellement, une solide base de contre attaque pour reprendre le contrôle d’une situation chaotique.

En mars dernier, des rumeurs avaient couru d’une possible collusion de Zhou Yongkang, n°9 du Comité Permanent, Président de la Commission des Affaires juridiques du Parti, avec des éléments militaires en vue d’un coup de force destiné à stopper les attaques du Parti contre Bo Xilai, avec l’appui de la mouvance néo-maoïste. Mais, le 27 mars dernier, se référant au rôle de l’armée, soutien à la stabilité politique du pays et réagissant aux rumeurs, le quotidien de l’APL publiait un article réaffirmant l’allégeance des militaires au Président Hu Jintao, n°1 de la CMC.

Voulant à la fois parer au risque de militarisation du régime et tirer profit d’une situation qui confère à la fois recul et influence, dans une tradition où les anciens restent longtemps des pôles d’attraction et de rayonnement, Jiang Zemin avait conservé le poste de n°1 de la CMC encore deux années après l’avènement de Hu Jintao. Il agissait ainsi à l’instar de Deng Xiaoping, longtemps resté à la tête de la Commission Militaire Centrale sans autre fonction officielle.

Dans ce contexte, la vingtaine de chefs militaires proposables pour occuper les 7 postes de la CMC qui se libèrent cette année ont commencé à réajuster leurs positions pour se rapprocher de la future direction du Parti, tandis qu’il est possible que Hu Jintao restera, pour un temps encore, le n°1 de la CMC. Enfin, la destitution de Bo Xilai a mis en difficulté ceux des généraux qui lui étaient proches, dont certains sont déjà éliminés, tandis que d’autres tentent de tirer partie de l’appel d’air créé par le départ des disgraciés.

Cheng Li, l’un des meilleurs experts des luttes politiques internes au Parti, originaire de Shanghai, émigré aux Etats-Unis en 1985, Docteur en Sciences Politiques, a récemment identifié quelques unes de ces figures de l’APL, futurs chefs des armées chinoises, ou victimes des luttes de pouvoir. Les premières cibles semblent être les généraux « fils de prince » (Taizi), fragilisés par les errements de Bo Xilai, fils de Bo Yibo. Leur destin est cependant tenu en balance du fait que le futur Secrétaire Général est lui-même issu de cette lignée.

Sur la sellette Zhang Haiyang, Commissaire politique de la 2e Artillerie (Forces nucléaires stratégiques), dont la famille, proche de Bo Xilai, avait des intérêts d’affaires à Chongqing qui profitèrent de la campagne très discriminée de l’ancien SG contre les mafias. Le général Zhang Youxia, Commandant la région militaire de Shenyang, candidat pour la CMC est également accusé d’avoir évolué dans la mouvance de la famille Bo.

En revanche Liu Yuan, fils de Liu Shaoqi, et n°2 du Département de logistique de l’Etat-major général, connu pour son nationalisme radical, qui s’est récemment signalé par la dénonciation pour corruption du Général Gu Junshan, son Commissaire politique, pourrait être épargné, en dépit de ses prises de position très proche des néo-maoïstes, car il a habilement réussi à se ménager l’appui de Xi Jinping, lui-même « fils de prince » (Lire nos notes sur le néo-maoïsme de Liu Yuan).

Liu a également vertement dénoncé la corruption massive, le clientélisme et la vente des charges, au sein de l’APL, dont l’ampleur affaiblit jusqu’à la capacité opérationnelle des armées chinoises. Le 29 décembre 2011, lors d’une adresse à 600 officiers de son département il avait asséné : « aucun pays ne peut battre militairement la Chine, mais votre corruption peut conduire l’APL à la défaite sans combattre ».

Le malaise installé dans l’armée par la brutale offensive anticorruption de Liu Yuan que certains traitent de fou illuminé, l’accusant d’être sans expérience militaire réelle (il n’est dans l’armée que depuis une dizaine d’années), constituera un autre grand défi à relever par le nouveau Secrétaire Général. La réalité est que le pouvoir et les privilèges de l’APL dans le système politique chinois et la société, constituent un terreau favorable à la perpétuation des pratiques corrompues. Tandis que le nouveau secrétaire général du Parti hésitera peut-être à attaquer de front la forteresse militaire.

D’autres fils de prince, comme l’amiral Liu Xiaojiang, commissaire politique de la marine, gendre du libéral Hu Yaobang, Secrétaire Général du Parti démis en 1987 par Deng Xiaoping, ou le Général Liu Yazhou, commissaire politique de l’Université de la Défense nationale, gendre de l’ancien président de la République Li Xiannian, qui s’est signalé en 2010 par ces critiques acerbes du fonctionnement du Parti, ont de meilleures chances d’entrer à la CMC. Voir notre article « Le Parti est-il prêt pour une plus grande ouverture politique ? ».


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