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›› Taiwan

Eric Chu et Xi Jinping : grandes manœuvres électorales

Succession de visites croisées et divergences politiques.

Avant le forum économique de Shanghai, Eric Chu ici avec une étudiante, a prononcé le 2 mai un discours à l’université Fudan. Il a notamment souligné que les nouvelles générations n’étaient pas seulement intéressées par les performances économiques, mais qu’elles avaient aussi soif de justice sociale et d’équité.

Le 23 avril, 8 jours avant le départ d’Eric Chu à Shanghai, Li Yafei, le n°2 du Bureau des Affaires taïwanaises était à Taipei. La visite faisait suite aux premières rencontres politiques officielles croisées en février et juin 2014 de Wang Yu-chi en Chine et de Zhang Zhijun à Taïwan. Sans surprise le discours de Li Yafei insista sur la validité du « consensus de 1992 » établissant le principe fondamental, mais rejeté par les indépendantistes, de « l’existence d’une seule Chine ».

Juste 15 jours avant eut lieu une première : Chao Tien-lin, responsable des Affaires chinoises au parti indépendantiste était en Chine au sein d’une délégation de la Fondation pour les échanges dans le Détroit (Straight Exchange Foundation), dont il est membre, accompagnant trois vice-ministres KMT des finances, de l’économie et des Sciences.

Au programme, des rencontres avec des responsables locaux du parti communiste à Luoyang et Xian, et avec Chen Deming, Directeur de l’ARATS, homologue de la SEF sur le Continent. En arrière plan cependant continuent à flotter les lourdes divergences qui opposent d’une part le KMT et le Parti Communiste autour de la nature et des conditions de la réunification ; et d’autre part, le Parti Indépendantiste à ses deux rivaux sur la vraie nature politique de l’Île.

Ce contraste s’est d’ailleurs clairement manifesté quand, ayant noté la présence en Chine au sein de la SEF de délégués du parti indépendantiste, Ma Xiaoguang, porte parole du Bureau des Affaires taïwanaises a, le 8 avril dernier, rappelé qu’il n’y aurait aucun échange entre le parti communiste et le parti indépendantiste tant que ce dernier n’aura pas renoncé à son projet séparatiste et reconnu l’existence d’une seule Chine.

Démocratie vibrante taïwanaise et raideur politique du PCC.

Mais la disparité politique fondamentale entre les deux rives s’est clairement exprimée au moment même où Eric Chu était en Chine. A Taïwan en effet se déroulait au Yuan Législatif une convention nationale d’une grande valeur démocratique avec la participation active de la société civile sur la réforme constitutionnelle inaugurée par les discours du président de la chambre Wang Jin-pyng et de l’ancien président Lee Teng-hui, transfuge du KMT, devenu dans le paysage politique taïwanais l’un des plus farouches avocats de l’indépendance de l’Île.

Face aux effervescences du débat constitutionnel dans l’Île, le Parti communiste réplique par le discours nationaliste de l’existence d’une seule Chine. Selon Pékin le destin des Taïwanais devrait être déterminé par un vote référendaire de tous les Chinois des deux rives du Détroit.

*

Arrières pensées électorales et contradictions.

A Pékin et à Taïwan, les réactions officielles autour de la rencontre entre Eric Chu et Xi Jinping avaient toutes en arrière pensée les élections présidentielles dans l’Île dont l’échéance n’est plus qu’à 9 mois. A plusieurs reprises les déclarations ont laissé percé les contradictions qui tiraillent tous les acteurs.

Bonnes paroles et pressions de Pékin.

Pékin qui mesure les obstacles à ses élans de rapprochement exprimés par la cuisante défaite électorale du KMT 9 mois après la révolte étudiante dite du « tournesol » qui avait bloqué les procédures de l’accord cadre sur les services, a bien conscience que le KMT et son nouveau président sont les seules chances de rétablir la dynamique de l’accord cadre épuisée par le controverses taïwanaises en 2014.

C’est bien pourquoi, alors qu’officiellement la doctrine chinoise n’a toujours pas renoncé à l’usage de la force contre Taïwan en cas de déclaration d’indépendance, de graves troubles internes à l’Île et d’implication militaire étrangère, Xi Jinping a, lors de sa rencontre avec Chu, insisté sur la détermination de Pékin à résoudre les différends par la négociation et à traiter Taïwan en partenaire du même rang, pour peu que le pouvoir politique à Taipei reconnaisse l’appartenance de l’Île à la Chine.

Fierté nationale et vulnérabilité taïwanaise.

Pourtant - et c’est une contradiction de taille - le Bureau politique qui prend le risque de mettre le KMT en difficulté en amont des élections, n’a jusqu’à présent pas pu se résoudre à accepter la candidature de Taipei à la Banque Asiatique d’investissements (AIIB). Ma Ying-jeou démissionnaire de la présidence du KMT après la défaite électorale de décembre a saisi l’occasion du voyage de Chu pour reprendre la main sur la question de la souveraineté de l’Île et de l’accord cadre avec la Chine.

Le 30 avril, il a réaffirmé que Taïwan ne rejoindrait pas l’AIIB si elle n’était pas traitée de manière appropriée au moins au même niveau qu’à l’APEC, et aux JO sous le nom de « China – Taipei ». Mais en même temps, soulignant à quel point la signature de l’accord cadre avec la Chine était indispensable et symbolique, il a montré la vulnérabilité de l’Île prise en étau entre son désir de souveraineté et la puissance des relations d’affaires dans le Détroit.

A Pékin, Eric Chu qui avait en tête la nécessité de prouver à l’électorat de l’Île la meilleure aptitude du KMT aux relations apaisées avec la Chine, s’est cependant gardé d’aller trop loin dans le rapprochement politique avec le Continent. S’il a réaffirmé qu’il n’existait « qu’une seule Chine », il a cependant nié que la situation actuelle des rapports dans le Détroit était propice à l’établissement d’un traité de paix qui sent le souffre à Taïwan tant que Pékin n’aura pas renoncé à l’usage de la force.


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