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Les affirmations de puissance du Cheval et la quête d’apaisement de la Chèvre

Protéger le Parti contre les menaces internes.

En concentrant dans ses mains une bonne partie des pouvoirs par le truchement de nouveau « groupes dirigeants », Xi Jinping se donne les moyens de corriger les dérapages éthiques des fonctionnaires, de protéger le Parti, de lancer des réformes socio-économiques et de tenir à distance les influences occidentales.

A l’intérieur, c’est la sécurité du Parti assimilée par le régime à celle de la Chine qui se trouve au cœur des stratégies du Comité Permanent et du Secrétaire Général.

Toute l’année du Cheval a en effet été consacrée à affronter quatre menaces : l’immobilisme des conservateurs qui, par intérêt politique ou affairiste, s’opposent aux réforme socio-économiques ; l’activisme des dissidents politiques dont l’action est calibrée aux idéaux subversifs de la démocratie ; la montée des irrédentistes religieux, notamment chez les Ouïghours du Xinjiang dont les actions terroristes véhiculent un risque sécurité interne ; enfin, l’exemple funeste des dérapages éthiques des cadres à l’origine des deux talons d’Achille qui fragilisent la machine politique chinoise : d’une part la corruption endémique de l’appareil et d’autre part la pollution des terres, des nappes phréatiques, des cours d’eau et de l’atmosphère dans les concentrations urbaines du pays.

Des réformes de grande ampleur.

Avec comme objectif ultime de redistribuer la richesse du pays captée par l’oligarchie et d’améliorer l’efficacité de la machine économique, les réformes lancées par le pouvoir en 2013 et poursuivies en 2014 sont d’une ampleur considérable.

Elles vont de l’introduction de capitaux privés dans le système de santé, à la difficile réforme des groupes publics, en passant par la refonte du système des retraites, la suppression du passeport intérieur, l’instauration partielle sous forme d’expériences pilotes d’une TVA et d’une taxe à la propriété et à l’ouverture du système financier à de nouveaux acteurs privés ponctuée à l’automne par la connexion des bourses de Shanghai et de Hong-Kong.

Cette vague réformiste avance lentement en dépit des freins corporatistes qui s’expriment entre autres dans le secteur des groupes publics et contre la réforme du passeport intérieur, retardant la régularisation de la masse des migrants dont le coût directement lié au mouvement d’urbanisation rapide pèsera lourdement sur les budgets sociaux du pays.

Tensions macro-économiques…

Alors que la croissance ralentit inexorablement évaluée à 7,4% en 2014 (7,3% au dernier trimestre), la plus faible depuis 1990, des tensions apparaissent sur l’équilibre macro-économique, générées à la fois par la faiblesse persistante de l’immobilier qui compte pour 30% du PIB et l’augmentation inexorable de la facture sociale qui diminue la marge financière du pouvoir et creuse considérablement la dette.

Celle-ci, estimée à 282% du PIB (29 000 Mds de $) par un rapport publié en février par le MacKinsey Global Institute a cependant l’avantage sur celles des pays développés, d’être très peu dépendante des prêteurs de la finance internationale.

Il reste que les liens étroits des créances avec l’immobilier lui-même affaibli dessinent des risques de crise dont les contrecoups pourraient affecter l’économie globale. L’année qui vient augmentera les désaccords politiques entre les partisans des réformes et ceux qui, inquiets des risques sociaux et industriels, souhaitent que l’État accentue encore les efforts de relance entamés depuis l’été 2014.

…et politiques.

Les tensions sur les choix macro-économique croiseront celles générées par la campagne anti-corruption encore durcie en 2014. La contradiction entre, d’une part, les discours favorables au droit et à l’indépendance des institutions et, d’autre part, les actes qui les nient, s’accompagne d’une accélération spectaculaire des mises en accusation de cadres du Parti et des hommes d’affaires.

Au cours du semestre, celle-ci a, avec l’incarcération de Zhou Yongkang, frappé de plein fouet le camp retranché des retraités du Comité Permanent et durement secoué l’APL dont trois généraux accusés de corruption se sont suicidés à l’automne.

Mais la violence de la répression contre les prévaricateurs qui se nourrit de la conscience du pouvoir que son magistère est menacé, suscite des interrogations y compris chez Wang Qishan lui-même, responsable inflexible du nettoyage éthique.

Pour lui, comme pour quelques autres, le mouvement s’attaque plus aux symptômes qu’aux racines du mal. Cette réflexion a été relayée dans la presse du régime et appuyée par l’étude d’une jeune sociologue membre de l’Académie des Sciences Sociales du Shandong. Elle avance l’hypothèse que le fonctionnement même du Parti, le système de cooptation des cadres et les pressions professionnelles et hiérarchiques qu’ils subissent, seraient, pour partie, responsables de la corruption endémique de la machine politique.


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