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Les crispations territoriales ternissent la visite de Xi Jinping en Inde

Méfiances indiennes et questions sur le rôle de l’APL.

Photo : Les généraux Zhang Youxia à gauche et Liu Yuan à droite, amis d’enfance de Xi Jinping. Ils pourraient être promus en octobre, lors du plenum du Comité Central.

Une chose est certaine, après le voyage de Xi Jinping, la méfiance indienne est intacte. Pour les plus nationalistes, proches de Modi, la Chine ne considère pas l’Inde comme son égale dans les relations internationales handicapées par le déséquilibre de puissance militaire et un fort déficit commercial au détriment de l’Inde.

New-Delhi est activement en quête des investissements chinois, mais Pékin peut très bien s’en passer, même si les Chinois sont intéressés par la puissance indienne de création de logiciels et la qualité des techniciens indiens du secteur des nouvelles technologies. Quant à l’APL, les hommes politiques indiens la suspectent de nourrir ses propres projets qui parfois divergent de ceux de la direction du Régime.

Interrogations sur l’harmonie entre l’APL et la direction politique.

Au-delà des crispations entre Pékin et New-Delhi, la sortie de route de l’APL à qui il faut cependant se garder d’attribuer toute la responsabilité de l’incident tant est grande la nervosité nationaliste de l’armée indienne prompte aux provocations, pose aussi la question de la cohésion du système politique et de l’influence de Xi Jinping sur les militaires chinois. Peut-être même faut-il s’interroger sur la solidité des liens hiérarchiques dans la chaîne de commandement.

Compte tenu de la séquence des événements depuis la visite de Li Keqiang à New-Delhi en mai 2013, comme des attitudes et déclarations officielles qui les ont accompagnés, indiquant toutes le souci de la direction politique du régime d’empêcher une bascule indienne du côté d’un axe anti-Pékin, il est difficile d’imaginer que la provocation militaire chinoise sur le plateau du Ladakh ait procédé d’un stratagème subtil destiné à faire pression sur Modi. Au mieux n’a t-elle été que la réaction d’un chef militaire local en réponse à une provocation indienne. Au pire, elle pourrait être le signe d’une indiscipline caractérisée d’une partie de la hiérarchie militaire.

Il reste qu’il faut se rendre à l’évidence : un coterie militaire mal contrôlée – ce qui jette un doute sur l’influence réelle du n°1 chinois au sein de l’armée – a délibérément ou par réaction émotive à une provocation indienne, ignoré la stratégie chinoise de raccommodage des relations entre Pékin et New-Delhi.

Les origines de cette attitude qui, pour les plus pessimistes, confinerait au sabotage, sont l’objet de conjectures diverses qui vont de l’irritation des militaires chinois choqués par les récentes opérations anti-corruption au sein de la CMC et de l’APL aux inquiétudes de ceux qui ont construit leur carrière autour de la connivence entre Pékin et Islamabad, fragilisée par un rapprochement avec New-Delhi, en passant par le machiavélisme de la direction politique et des armées indiennes pour forcer Pékin dont l’ambiguïté exaspère New-Delhi, à clarifier sa position sur les frontières.

Rumeurs de reprise en main de l’armée.

Enfin, alors que le 25 septembre l’APL a minimisé l’incident, rappelant que les deux armées avaient établi des canaux de contacts directs et que, le dernier cafouillage ayant été maîtrisé, la frontière était désormais apaisée, le site « Pakistan defence » et celui du Times of India reprennent les rumeurs courant en Chine et à Hong Kong de sévères remontrances du n°1 chinois adressées aux militaires à son retour de New-Delhi, assorties d’une série de mutations et promotions à la tête de la CMC.

Si ces informations qui viennent des deux rivaux du sous-continent indien, actuels enjeux de la politique étrangère chinoise, étaient vérifiées, elles confirmeraient l’hypothèse d’un grippage de la relation entre Xi Jinping et l’APL. Une récente dépêche de Xinhua recommandant à toutes les unités de l’APL d’obéir aux instructions du Président allait en tous cas dans ce sens. La reprise en main s’accompagnerait de promotions de proches du Président.

Selon le South China Morning Post, Zhang Youxia et Liu Yuan, deux officiers généraux, amis d’enfance de Xi Jinping qui, de 1960 à 1969 (entre 7 et 16 ans) fréquentèrent avec lui l’école primaire n°25 de l’APL (八一学校), seraient promus à des postes plus élevés de la CMC durant le plenum d’octobre. Zhang Youxia (64 ans) est l’actuel chef du département de l’armement et Liu Yuan (63 ans), est le commissaire politique du département de logistique de la CMC.

Lire aussi notre article Le Parti revisite son histoire : son regard édulcoré éclaire le présent.

Fils de Liu Shaoqi, ce dernier mérite une attention particulière puisqu’il est à l’origine de la chute du général Gu Junshan son chef direct et surtout du général Xu Caihou, ancien commissaire politique de l’APL à la retraite. Si la nécessité se faisait sentir d’une reprise en main de l’armée et de sa chaîne hiérarchique pour éviter que ne se reproduisent des dérapages intempestifs comme celui qui vient d’avoir lieu dans l’Himalaya, ces deux proches du Président dont la relation avec Xi Jinping remonte à plus de 50 ans, seraient en effet des relais d’autorité fiables.


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