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Pékin et l’imbroglio du Moyen Orient. Priorité aux intérêts chinois

Pékin se démarque des Occidentaux et joue son jeu.

Anticipant que, dans un contexte aussi inextricable et confus, un conflit d’envergure résultat d’une fausse manœuvre, pourrait avoir une chaîne de conséquences qui déstabiliserait durablement ses approvisionnements en énergie, la Chine, revenue de ses hésitations Libyennes, où son abstention avait conduit l’OTAN à outrepasser le mandat des NU, retourne à son principe de neutralité, prônant la non intervention et la négociation.

Pesant les forces en présence, elle tisse ses réseaux avec tous les acteurs de la région, s’efforçant de conforter sa position de neutralité, pour protéger ses intérêts, quelle que soit l’évolution de la situation. Quand elle soutient la cause palestinienne contre Israël, elle s’applique aussi à ménager ses liens et à développer ses échanges avec Tel Aviv.

Refusant de condamner Bashar el Assad à l’ONU, elle l’invite cependant publiquement à stopper la répression violente ; et après avoir soutenu Téhéran, elle fait pression pour que l’Iran retourne à la table des négociations, tout en recalculant soigneusement ses dépendances pétrolières pour diversifier ses sources.

Il n’en reste pas moins que les héritiers de la Perse, sur l’ancienne route de la soie, constituent toujours un de ses plus gros fournisseurs d’hydrocarbures et un point d’ancrage de sa stratégie au Moyen Orient.

Alors qu’à l’ONU, Li Baodong, l’ambassadeur de Chine critiquait l’extension des colonies israéliennes et appuyait fermement l’idée d’un état palestinien indépendant dans les limites des frontières de 1967, les échanges de vœux entre Tel Aviv et Pékin, en janvier dernier, à l’occasion du 20e anniversaire des relations diplomatiques, signalèrent un approfondissement des liens entre les deux pays, qui confortèrent l’actuel premier ministre Netanyahu, considéré comme un dangereux va t-en guerre par beaucoup d’intellectuels occidentaux.

Joignant le geste aux discours emphatiques, Netanyahu et son ministre des transports Yisrael Katz, venu en visite en Chine en septembre 2011, après celle d’Ehud Barak en juin, mettaient sur la table deux projets d’envergure, que la Direction chinoise considère avec attention.

Le premier concernait les infrastructures de liquéfaction et de transport de gaz liées à l’exploitation des réserves d’hydrocarbures du Bassin du Levant en Méditerranée orientale, revendiqué par la Turquie, la Grèce, le Liban et Chypre. Le second portait sur la construction d’une voie ferrée à grande vitesse entre Eilat et Haïfa, passant par le désert du Negev et connectant la Méditerranée au golfe d’Aqaba.

Quand le Premier Ministre Wen Jiabao s’est rendu dans la péninsule arabique en janvier dernier –, il avait en tête que les importations chinoises de pétrole approchaient les 270 millions de tonnes annuellement (elles étaient de 65 millions de tonnes en 2000), dont près de 30% viennent d’Arabie Saoudite et 11% d’Iran.

Le périple à Ryad et aux Emirats aura permis de renforcer les liens avec les pays arabes par la signature de contrats d’infrastructures (raffinerie à Yanbu sur la Mer Rouge avec la participation minoritaire de Sinopec - 37,5% - aux côtés d’Aramco - 62,5% - , pipeline à Abou Dhabi pour contourner le détroit d’Ormuz).

A quoi s’ajoutent les arrangements financiers et de crédit autorisant l’utilisation de la monnaie chinoise. Une initiative qui prélude au développement du commerce bilatéral et, peut-être, à un accroissement des engagements financiers des pétroliers chinois dans la péninsule arabique. La manœuvre, motivée par la dépendance croissante de la Chine aux hydrocarbures, clé de sa croissance, s’inscrit aussi dans une vaste tactique de marchandage qui, mettant à profit la crise actuelle, joue de la concurrence entre l’Iran shiite et l’Arabie sunnite.


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