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17e Congrès, compromis au sommet pour un développement plus équilibré

En attendant les crises internes qui surviendront peut-être plus tard et sans préjuger des querelles de personnes « derrière le rideau » que nous n’avons pas les moyens de connaître, c’est bien cette image de cohésion que le Congrès a souhaité donner du pouvoir chinois. Les grilles d’analyse qui spéculent sur une lutte de factions entre Jiang Zemin et son hypothétique allié Zeng Qinghong, le Vice-Président démissionnaire, ne rendent plus compte de la réalité politique chinoise aujourd’hui. S’il est vrai que le Président Hu et le Premier ministre Wen Jiabao qui prônent le réquilibrage social et écologique ont étendu leur influence en portant au premier plan leurs alliés issus des Jeunesses Communistes, de l’Ecole du Parti et de l’Université Qinghua, beaucoup de leurs supposés adversaires de la « faction de Shanghaï » ou de celles des « fils de princes » alliés du vice-président Zeng Qinghong démissionnaire, sont restés en place.

Cette « cohabitation » prolongée traduit une réalité et une nécessité : le moteur de la Chine n’est plus idéologique. Il est essentiellement pragmatique. Pour résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté tous les talents sont requis et le Président, qu’on crédite généralement d’une prudence politique extrême, a pris la mesure de ces défis : les plus reconnus des experts financiers, des spécialistes de l’industrie, du commerce international ou des investissements internationaux sont issus des proches de Zeng Qinghong, ou de la faction de Shanghai, alors qu’en général ceux qui sont proches du Président se retrouvent le plus souvent dans l’administration, l’organisation du Parti ou le secteur de la propagande.

Le nouveau Comité Permanent du Bureau Politique (CPBP), ce « saint des saints » du pouvoir chinois, au fonctionnement toujours très opaque, a donc accueilli 2 éminents représentants de la 5e génération : Xi Jinping 54 ans - ingénieur chimiste et docteur en droit, un « fils de prince », proche de Zeng Qinghong et actuellement secrétaire du Parti de Shanghai - et Li Keqiang 52 ans, docteur en économie, ancien des Jeunesses Communistes, fief de Hu Jintao, actuellement secrétaire de la province du Liaoning. L’avenir dira si ces deux dauphins désignés, grisés par le pouvoir et la perpective de prendre la tête du pays le plus peuplé et le plus en vue de la planète, se laisseront aller ou non aux querelles d’ambition, dont ils savent pourtant le caractère mortifère.

Cohabitant avec les 7 autres membres du CPBP, dont la moyenne d’âge dépasse 65 ans, ils ont été propulsés directement depuis le Comité Central jusqu’au coeur du pouvoir, sans passer par la case du BP. A cet égard, ils perpétuent la tradition inaugurée il y a 15 ans par Hu Jintao, appelé directement par Deng Xiaoping au Comité Permanent en 1992, à l’âge de 50 ans, alors qu’il était secrétaire de la province du Tibet. En 2012, ces nouveaux venus seront les seuls de ce cénacle à pouvoir prétendre rester au pouvoir.

A la faveur du Congrès, c’est une trentaine de ces représentants de la 5e génération qui a surgi au sein des instances dirigeantes du Parti (CPBP, BP, Secrétariat du Comité Central, Comité Permanent de la Commission de Discipline). Leur profil est différent des ingénieurs de la génération précédente. Quinquagénaires, ils ont tous connu les affres de la révolution culturelle (ce qui les a vaccinés contre les dérapages idéologiques). Près de la moitié sont diplômés de droit ou de sciences politiques ; les autres détiennent des diplômes de sciences économiques, de sciences de l’ingénieur et de sciences humaines. De ce fait on leur attribue une meilleure capacité à traiter les problèmes de manière globale.

Profondément nationalistes comme leurs aînés, ces nouveaux dirigeants témoigneront d’une forte capacité à résister aux pressions de l’étranger, soucieux avant tout de défendre les intérêts de la Chine, non seulement sur les questions de politique intérieure (telles que les droits de l’homme, le rythme des réformes politiques, ou le taux de change du Yuan), mais également sur les questions internationales. Sous leur égide, l’engagement collégial du Parti dans les affaires du monde sera motivé, d’une part par la quête de technologies et de ressources, parfois au prix de tensions avec les pays occidentaux, et d’autre part par une sincère volonté d’apaisement. A cet égard, la Chine adoptera une posture de médiation et de compromis, en Corée du Nord, en Iran, en Birmanie et peut-être au Pakistan, tandis que le nombre des participations de l’APL aux missions de l’ONU (aide à la santé et constructions d’infrastructures) restera à un niveau élevé.

Sur la question de Taiwan, la nouvelle génération restera inflexible et assez peu portée à composer avec le parti indépendantiste au pouvoir dans l’Ile. Placée à la tête d’’un pays immense et difficile à conduire, qui se fraye péniblement un chemin dans le monde des puissants, encore largement calibré à l’’aune de critères occidentaux, on peut la créditer d’’un sens aigu des responsabilités et d’’une réelle volonté de mettre en œuvre un développement plus équilibré du pays. A la fois portée par ses propres ouvertures et entraînée par l’effet du mouvement général du monde qui tend au développement individuel, elle associera de plus en plus le peuple au gouvernment du pays. Mais comme ses prédécesseurs, elle se heurtera, à la longue, aux contradictions d’un système politique, dont l’un des objectifs est se maintenir au pouvoir et qui se trouve menacé par ses propres réformes.


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