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3e trimestre 2013. La lutte contre la corruption et les monopoles cible les groupes étrangers

CONTRÔLE MACRO ÉCONOMIQUE

Craignant une baisse excessive de la croissance le gouvernement a entrepris de soutenir l’économie par une relance ciblée favorisant les PME ainsi que par la poursuite de grands travaux ferroviaires dans l’Ouest et des projets aménagement urbain dans les municipalités de 2e et 3e rang. Cette stratégie a donné des résultats fragiles avec des effets en partie indésirables sur la relance des transactions immobilières génératrices de hausse des prix.

En même temps le pouvoir s’attaque aux monopoles des grands groupes qui cherchent à limiter les effets de la concurrence en s’accordant sur les prix. Pour l’instant cette offensive n’a ciblé que les groupes pharmaceutiques et agro-alimentaires étrangers et les fabricants de matériel médical. Mais selon une source officielle, la lutte contre les monopoles pourrait bientôt s’élargir à d’autres secteurs. La dernière cible en date semble être le secteur automobile, où, là aussi, les premières visées sont les marques étrangères.

Relance ciblée et reprise fragile.

Suite aux chiffres de croissance en baisse du 2e trimestre, le gouvernement a tenté une relance ciblée. A partir du mois d’août 6 millions de PME ont été exemptées de TVA (estimations du gouvernement), tandis que les taxes à l’export ont été réduites ; en même temps des travaux d’infrastructures de transport ont été planifiés dans les zones rurales pauvres, appuyés sur un « fond d’investissement ferroviaire », tandis que, d’ici 2015, dans les zones urbaines devenues une priorité du pouvoir, 100 Mds de $ seront consacrés au développement de 1000 km de métro à Qingdao, Wuxi, Changzhou, Fuzhou, Dongguan, Changsha, Nanchang et Harbin. (Source Commission Nationale pour la Réforme et Développement – CNRD -).

D’ici 2020, 3000 nouveaux km de métro seront construits dans 36 autres villes, notamment dans l’ouest du pays, dont Urumqi et Lanzhou. Selon la CNRD, le gouvernement consacrera au total 3500 Mds de Yuan soit plus de 700 Mds de $ au développement des transports urbains souterrains.

En parallèle et pour éviter les dérives, le pouvoir dit vouloir mettre en place des mesures de contrôle pour empêcher les mauvaises allocations de crédits par les gouvernements locaux dont les dettes sont estimées à 20 000 Mds de Yuan par la Standard Chartered Bank, alors que les chiffres officiels, résultats d’un audit commandé en juin 2013 par le Conseil des Affaires d’Etat les situent à 10 300 Mds de Yuan (1600 Mds de $).

Fin septembre les statistiques officielles confirmées par HSBC faisaient état d’une « stabilisation de la croissance », avec notamment une reprise de la production à son plus haut niveau depuis six mois. Dans le même temps les indices boursiers de Hong Kong et Shanghai repartaient à la hausse fin juin (+18% et +12% respectivement), tandis que la bourse de Shenzhen, tirée vers le haut par le secteur des technologies de l’information à fort potentiel de croissance, gagnait 20%. Selon Bloomberg la croissance du troisième trimestre a été de 7,7%.

Les estimations positives du gouvernement et de HSBC sont cependant nuancées par une enquête du « Livre beige » menée par la Réserve Fédérale américaine auprès de 2000 patrons d’entreprises de tous les secteurs de l’économie chinoise. Le rapport note en particulier que les flux financiers du 3e trimestre n’ont pas épongé les dettes et que la croissance avait ralenti dans les secteurs des ressources minières et de la construction. S’il est vrai que la distribution et les services avaient connu une légère hausse, le marché de la main d’œuvre restait tendu, dans un contexte général où les offres d’emploi avaient baissé.

Les analystes chinois sont tout aussi prudents. Ils estiment pour la plupart que le maintien en 2014 de la dynamique positive dépendra des décisions annoncées par le plénum du Comité Central de novembre prochain.

Rebond immobilier

Les prix de l’immobilier sont repartis à la hausse avec +19,3% et +18,5% des prix des locaux commerciaux à Pékin et Shanghai, tandis que les prix des logements continuaient à augmenter partout d’une valeur comprise entre 7 et 10% dans les 70 villes de second rang à l’exception de Wenzhou et Haikou. Dans les villes de 3e rang, la moyenne de la hausse est de 6%.

Au cours des 8 premiers mois de 2013, les sociétés immobilières ont augmenté leurs achats de terrains dans un contexte où l’État a allégé quelques unes des contraintes mises en place par le précédent gouvernement. De janvier à août à Pékin, les revenus des transactions avaient atteint 17 Mds de $, près de 70% au-dessus des profits enregistrés au cours de 2012 (10,6 Mds de $). Si la tendance continuait, 2013 verrait un total des profits à 20 Mds de $ se rapprochant du record historique de 2010 (26,8 Mds de $).

Ces tendances indiquent un retour de confiance des investisseurs qui par leurs achats de terrains préparent de nouveaux projets, dont une des premières conséquences sera de tirer les prix vers le haut.

En même temps les projets immobiliers augmenteront les revenus fiscaux de l’État dédiés à l’aménagement urbain. Mais dans ce contexte marqué par un rebond des transactions foncières 60% des revenus des gouvernements locaux restent toujours liés à l’immobilier. Un lien sulfureux qui entretient la collusion des administrations avec les affaires spéculatives du secteur, favorise la corruption et constitue un puissant obstacle à l’allocation efficace des ressources financières et, in fine, au rééquilibrage harmonieux de la croissance.

Le gouvernement s’en prend aux monopoles.

En juillet, le département anti-monopole a pris dans son collimateur les fabricants de matériel médical chinois et étrangers en lançant une enquête très détaillée qui visait les pratiques occultes d’accords illégaux sur les prix entre les acteurs du secteur.

Selon Xu Kunlin, chef du bureau anti-trust à la Commission Nationale pour la Réforme et Développement, qui s’exprimait sur CCTV, l’offensive contre les monopoles des grands groupes pourrait également viser les secteurs du pétrole, de la banque, des télécoms et de l’automobile. Dans le même temps, les médias faisaient état d’une enquête en cours sur les prix pratiqués par les groupes automobiles étrangers.

Pour l’heure les premières attaques contre la fixation illégale des prix ont surtout ciblé des groupes étrangers comme Danone, Fonterra, GSK, Novartis et Sanofi. La suite dira si le gouvernement à l’intention de limiter ses attaques aux étrangers ou s’il osera s’attaquer aux piliers des prébendes que sont les grands groupes chinois. (voir le paragraphe Chine – Monde).


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