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3e trimestre 2013. La lutte contre la corruption et les monopoles cible les groupes étrangers

FINANCES

La situation du système financier chinois a été marquée par deux événements majeurs : D’abord le desserrement partiel du contrôle du taux d’intérêt des banques, dont les effets seront cependant réduits par le cadre strict dans lequel il s’inscrit et par la prudence des banques ; Ensuite, le lancement des opérations de la zone franche de Shanghai que les autorités conçoivent comme une première étape exemplaire avant la généralisation à tout le pays des mesures de libéralisation économique et financière.

1. Le 19 juillet la Banque Centrale a desserré son contrôle sur les taux d’intérêt ce qui permet désormais une concurrence limitée entre banques publiques. Comme à l’habitude, la mesure est très encadrée et prudente. Une limite haute a été fixée à 10% du taux de référence. En théorie la possibilité de prêter à faible taux devrait réduire les frais d’investissement et fonctionner comme une relance financière, mais les banques publiques qui tiennent à leurs marges n’ont pour l’instant pas réduit de manière significative les taux d’emprunt.

Quant aux taux d’intérêts des dépôts, Yu Yongding, ancien membre de la Commission chargée de la politique monétaire à la banque centrale, aujourd’hui chercheur à l’Académie des Sciences Sociales, estime « qu’ils ne seront pas augmentés avant longtemps ». Ce double constat trace les limites de la libéralisation des taux d’intérêt.

2. Le 29 septembre Pékin a officiellement lancé les opérations de la nouvelle zone franche de Shanghai désignée comme une étape essentielle des réformes financières dont le premier ministre a fait une priorité. La presse officielle considère qu’il s’agit de la plus importante réforme depuis l’instauration des zones économiques spéciales au début des années 80.

Établie sur une surface de 29 km2 couvrant le secteur géographique de Pudong et de l’aéroport à l’est de la ville, la zone constituera le terrain d’expérimentation pour les réformes financières et les mesures d’ouverture du marché indispensables à la poursuite de la croissance. A terme, il s’agit de supprimer les contraintes et limites aux investissements étrangers et de libérer le secteur des services. En même temps la zone franche servirait de laboratoire à la convertibilité de la monnaie et à la libéralisation complète des taux d’intérêt des banques.

Selon la presse officielle 25 sociétés étrangères et chinoises des secteurs de la construction des travaux publics et de la logistique ont déjà été enregistrées. Les sociétés étrangères seront autorisées à investir dans ses secteurs jusque là ultra protégés ou seulement partiellement ouverts comme la banque, l’assurance médicale, les ressources humaines ou le tourisme. Elles pourront installer leur siège social ou des succursales dans la zone franche et opérer seules ou en JV avec des sociétés chinoises.

L’effet sur la bourse chinoise a été immédiat puisqu’en 30 jours la cote des valeurs liées à la zone franche a augmenté de manière spectaculaire. C’est le cas de la société de distribution Shanghai Waigaoqiao (+ 243%), du port de Shanghai (+ 150%) et de Shanghai Material Trading - 上海物资贸易股份有限公司 (+ 90%).

Mais plusieurs analystes financiers mettent en garde contre l’illusion que les facilités accordées dans la zone franche seraient vites étendues à toute la Chine, notamment en ce qui concerne la libération des changes. « Il est impossible qu’une libéralisation partielle à Shanghai n’occasionne pas, ailleurs en Chine, une pression à la hausse de la monnaie, ce qui ne manquera pas de déclencher de fortes tendances spéculatives », explique Chaig Chan, directeur des stratégies internationales du groupe Japonais Nomura (Banque, services financiers, hydrocarbures, constructions, chimie).

La réalité de ces contraintes est au demeurant apparue aux responsables de la zone franche puisque depuis son lancement, la convertibilité de la monnaie semble avoir perdu son caractère prioritaire.

Enfin, exprimant les réticences de certains nouveaux secteurs lucratifs, terrains privilégiés des prébendes, le 30 septembre, le gouvernement a publié une liste de 18 activités sensibles auxquelles les investisseurs étrangers, y compris ceux de Hong Kong et Macao n’auront pas accès. Il s’agit, entre autres, des secteurs de l’information, de l’édition, des salles de cinéma, de la production et de la diffusion de films, des terrains de golf, des bars internet, des armes et des munitions, de la vente aux enchères d’œuvres d’art historiques, et de la génétique. La construction et l’exploitation de parcs à thèmes sans être complètement interdites font également l’objet d’importantes restrictions.

A l’intérieur, le marché financier reste fragile marqué par la lenteur des réformes, elles-mêmes à la racine des difficultés à libéraliser le Yuan. Un symptôme de la fragilité interne du système est apparu lorsque après une épidémie de retraits dont la somme a atteint 200 Mds de RMB (24 Mds d’€) au cours des trois premières semaines de septembre, autour de la fête de la lune et de la fête nationale, les réserves des 4 grandes banques publiques sont passées sous le taux de réserves obligatoires exigé par le Commission de Régulation Bancaire. Pour compléter leurs réserves certaines succursales ont offert des d’intérêts au taux très inhabituel de 10 %.

A l’extérieur, même si le RMB est désormais classé dans les 10 premières monnaies mondiales avec un total de transactions en Yuan équivalent à 120 Mds de $ - en 3 ans la monnaie chinoise a gagné 8 places dans le classement international des monnaies les plus fréquemment utilisées et échangées -, la part totale des transactions en Yuan n’excède pour l’instant pas 3% des transactions globales et 10% de la valeur du commerce extérieur chinois. (Selon HSBC, cette proportion pourrait atteindre 30% en 2015).


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