›› Politique intérieure
Efficacité du modèle autocrate. Quelles vulnérabilités chinoises ?
Par contraste avec la situation des démocraties de la planète aux États-Unis et en Europe, le Parti affirme la supériorité du système politique chinois dont Xi Jinping répète souvent qu’il s’inspire du Marxisme, mais dont l’observation montre que son modèle appliqué est en réalité la version durcie du « Léninisme ».
En arrière-plan surnage avec insistance, le mythe maoïste auquel le n°1 chinois par qui tout commence et tout finit, paraît de plus en plus se référer.
Si au cours d’un passé récent la tentation avait surgi au sein de l’appareil de remettre en cause le très brutal et très sanglant héritage maoïste, l’épisode est clos. Il est définitivement écarté par le « centralisme démocratique ».
L’heure est à la cohésion pour faire face à l’avenir et à ses principaux défis. Égrenés par la communication publique « 公报 », ils sont pour la plupart internes qui reste le souci n°1 de l’appareil.
*
Pour autant, l’image parfaite diffusée par l’appareil passe sous silence quelques fragilités. A l’intérieur d’abord, le ralentissement de la croissance aggravé par la pandémie a fait surgir un niveau de chômage tel que la Chine n’en a pas connu depuis les années 90.
La montée du nombre de sans emplois s’ajoute à un fond de pauvreté inquiétant de 600 millions de personnes dont les revenus ne dépassent pas 1000 Yuans par mois (149 $ au 31 octobre). Lors de la dernière réunion de l’ANP, Li Keqiang le premier ministre en avait fait état publiquement le 28 mai, avant d’être corrigé par les alliés du Président.
Mais les faits sont têtus. Selon les appréciations croisées de Bloomberg, d’Asia Times et de la Société Générale, les chiffres officiels du chômage seraient sous évalués d’au moins 50%. En comptant les 200 millions de migrants, près de 10% de travailleurs chinois seraient à la recherche d’un emploi ou n’auraient pas de travail stable.
A l’extérieur, les stratégies agressives de Pékin ont créé une série de contrefeux dans nombre de pays occidentaux, en Inde, en Asie du Sud-est et même parfois en Afrique. Aux tensions latentes autour de l’équilibre réciproque des échanges et du respect de la loi du marché, se sont ajoutées les aigreurs créées à propos de la brutalité chinoise à Hong Kong et par la mise au pas des Ouïghour musulmans au Xinjiang.
« Impossible d’imaginer un seul pays d’importance sur la planète qui n’aurait pas quelques soucis à propos de la Chine et de son comportement » dit Bilahari Kausikan, ancien diplomate à Singapour devenu Président de l’Institut du Moyen Orient à l’Université Nationale de la Cité État.
Pour autant, l’image diffusée par l’appareil au cours du Plenum et la déclaration du 29 octobre reste celle de la fixité des stratégies de la Chine et de la pensée du n°1 en route pour un troisième mandat, avec en arrière-plan le soutien indéfectible du Parti rassemblé.
En fond de tableau, fil conducteur du Plenum, est apparue une inflexion contrastant avec les précédents discours de Xi Jinping se posant en champion de la mondialisation. La trajectoire affichée en réaction aux défiances occidentales et aux attaques américaines, est en effet aujourd’hui clairement celle de la quête de l’autosuffisance technologique et économique.
Sans fermer la porte aux investissements étrangers qu’il continue à encourager, le Parti s’est engagé dans une stratégie de long terme articulée à la consommation intérieure dont il espère faire le futur pilier de sa croissance.
Il reste que la crispation internationale et son collatéral de fermeture s’ajoutant au durcissement politique interne du régime créent une alchimie dangereuse, d’où a disparu la subtile souplesse qui présida aux stratégies de la Chine d’après Mao.
C’est précisément l’alliance pragmatique des réformes économiques et de la subtile agilité de la politique étrangère de Pékin parrainée par Deng Xiaoping qui avait tenu à distance le choc économique social et politique qui avait frappé l’URSS de plein fouet dans les années 80, provoquant la chute du régime soviétique.