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Au G.20, Washington concède à Pékin un armistice de 90 jours

Patience chinoise et parti-pris d’optimisme.

Au milieu de ce chassé-croisé où chacun jouait une partition différente, la partie chinoise cherchant constamment à présenter la séquence de manière positive – le 4 décembre, tout en reconnaissant qu’il y avait loin de la coupe aux lèvres, le Shanghai Daily titrait à contretemps :« Avec de la bonne foi Pékin et Washington peuvent résoudre tous les différends » - tandis que la Maison Blanche soufflait le chaud et le froid, alternant les déclarations d’espoir, les surenchères unilatérales et les menaces voilées, le Parti fit un geste attendu souligné par un « tweet » de Trump.

Wang Yi, le MAE confirma que le Fentanyl était déclaré illégal en Chine. Puissant opioïde addictif appartenant à la famille de l’héroïne, originaire d’Asie, en vente en libre en Chine, le produit est responsable de nombreux décès par surdose aux États-Unis où il est consommé comme drogue ou comme antidouleurs.

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Au total, les analyses des experts internationaux expriment un soulagement teinté de perplexité. La plupart soulignent qu’en 90 jours, répugnant à donner en interne l’impression publique de reculer face aux États-Unis, le Parti n’aura ni le temps ni les moyens d’imposer les corrections souhaitées par Washington. D’autant qu’à Pékin les chercheurs font remarquer qu’en contrepartie des concessions réclamées par Trump, Washington n’a rien promis.

C’est exactement ce que constate Sun Zhe co-directeur du programme « Initiative Chine » de l’université Columbia qui s’efforce cependant de rester positif : « Placés sous de fortes pressions, les Chinois ont beaucoup cédé, probablement dans l’espoir que, dans les mois qui viennent, Washington reconnaîtra leurs efforts pour préserver coûte que coûte la relation ».

Aux limites du stoïcisme.

Mais il ajoute que « la plupart des Chinois se demandent quelles concessions les États-Unis pourraient faire à l’avenir, étant donné que jusqu’à présent leur seule promesse aura été de ne pas relever le niveau des taxes infligées à la Chine ».

On est là au cœur de probables controverses nationalistes à venir dont la virulence limitera sérieusement la marge de manœuvre de ceux qui, dans le Parti, seront tentés de faire des concessions à l’Amérique. L’article du Global Times du 3 décembre, exprimant le point de vue de la direction politique du régime est une mise en garde directe sur ce thème.

L’analyse commence par le passage obligé que le Parti s’impose toujours à lui-même pour juger toute situation, même pénible, de manière positive.

Réveillant le vieil argument des progressistes selon lequel les pressions externes forcent les conservateurs du Parti et les lobbies industriels à accepter les réformes structurelles de la machine économique ; s’appliquant même à relativiser les agressions de Trump qui, dit l’auteur, cherche par ses intransigeances anti-chinoises à séduire son électorat, le texte, souligne d’abord la bonne volonté américaine n’ayant durant les rencontres du G.20, jamais mentionné le programme China 2025, bête noire de ceux qui, aux États-Unis, dénoncent les captations illégales des hautes technologies.

Un peu plus loin, l’auteur en arrive même à considérer que les 6 mois de guerre commerciale furent, en dépit des fortes tensions, l’occasion de mieux se connaître et de jauger à la fois leurs intérêts vitaux et les lignes rouges à ne pas dépasser.

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Puis vient la mise en garde renvoyant à la nécessité pour le Parti de ménager l’orgueil chinois face à la première puissance occidentale. « S’il est vrai que l’armistice montre que les deux parties ont pris conscience que mieux valait mettre fin à la guerre commerciale, tandis qu’il serait possible qu’au cours de ces 90 jours naisse une confiance pouvant conduire à des compromis, la réalité est qu’il est hautement improbable que durant ces trois mois Washington et Pékin parviennent à résorber leurs vastes différends. »

« Certes l’Amérique est forte, mais elle ne doit pas se tromper, l’écart de puissance n’est pas si large. La Chine qui n’est ni la Corée du sud, ni le Japon ni l’Australie, protègera ses intérêts vitaux. Mieux vaudrait qu’en poursuivant les siens Washington agisse avec prudence. »

« Les relations entre les deux sont étroitement imbriquées, au point qu’une rupture totale est impossible. C’est la raison pour laquelle, dans la recherche d’un accord commercial, chacun doit faire des concessions et accepter des compromis. S’il est vrai que la Chine recherche une relation sino-américain saine et équilibrée, elle rejettera les exigences excessives et dangereuses pour elle. »

Sans faiblir, Xi Jinping contourne l’Amérique.

En attendant, Xi Jinping poursuit au pas de course sa stratégie enveloppante de contournement de l’Amérique.

Le 2 décembre, à l’issue du G.20, il signait avec l’Argentine, en situation financière critique et placée sous l’assistance d’un prêt de 56 Mds de $ du FMI, une trentaine d’accords portant sur l’agriculture et les infrastructures ainsi qu’un accord d’échange de devises pour une valeur de 9 Mds de $ permettant de régler les échanges à l’écart du dollar.

Le lendemain 3 décembre, il était dans l’arrière-cour proche de Washington au Panama, qui en juin 2017 avait tourné le dos à Taïwan pour se ranger sous la bannière financière de Pékin. Lire : Coups de boutoir méthodiques de Pékin contre l’Île. Le Panama quitte le navire taïwanais.

Là aussi, alors que les deux négocient un accord de libre-échange, furent signés une avalanche d’accords pour la construction d’infrastructures, les finances et le tourisme. L’élan chinois se précise alors même que Washington, menace les pays d’Amérique Centrale de couper l’aide américaine s’ils ne contrôlent pas mieux leurs flux d’immigration vers les États-Unis.

Le 4 décembre, Xi Jinping arrivait au Portugal pour une visite de 2 jours avec des propositions de prêts pour faire construire des infrastructures par les groupes chinois et tenter d’intégrer le port de Sines à l’extrême sud du pays, à l’entrée occidentale de la Méditerranée, dans la nébuleuse globale des Nouvelles routes de la soie. Si la manœuvre chinoise réussissait, le Portugal serait le premier pays de l’UE à intégrer concrètement les nouvelles routes de la soie.

Cette première avancée de Pékin au sud-ouest de l’Europe se développe alors qu’à l’initiative de Paris et Berlin, les pays de l’UE ont conclu un accord pour mieux contrôler les investissements étrangers, notamment ceux venant de Chine.

La décision n’est pas anodine si on se souvient que State Grid, le géant chinois de la distribution électrique, associé à la Compagnie des Trois Gorges et au fond souverain chinois, détient 28% des parts de la compagnie portugaise de distribution d’électricité et de gaz : Redes Energeticas Nacionais. Lire : L’énergie globale, selon China State Grid.

Enfin alors que les investissements chinois au Portugal atteignent les 12 Mds de $, Pékin s’est aussi introduit dans la plus grande banque privée du pays BCP et le n°1 portugais de l’assurance : Fidelidade.


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• Vos commentaires

Par Anonyme Le 6/12/2018 à 13h16

Au G.20, Washington concède à Pékin un armistice de 90 jours.

N’y a t il pas une coquille dans votre paragraphe
Wang Yi, le MAE confirma que le Fentanyl était déclaré illégal en Chine. Puissant opioïde addictif appartenant à la famille de l’héroïne, originaire d’Asie, en vente en libre en Chine, le produit est responsable de nombreux décès par surdose aux États-Unis où il est consommé comme drogue ou comme antidouleurs.

en vente libre aux USA ?

Par La rédaction Le 7/12/2018 à 09h12

Au G.20, Washington concède à Pékin un armistice de 90 jours.

Cher lecteur, il n’y a pas de coquille. Le Fentanyl est bien interdit aux États-Unis où, à la suite de nombreux décès, il est considéré comme dangereux. Le fait qu’il soit en vente libre en Chine complique son contrôle et facilite les filières de contrebande. En le rendant illégal en Chine, Pékin accède à une demande pressante de Washington.

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