Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Taiwan

Bascule de pouvoir aux Etats-Unis. Quelles conséquences pour Taïwan ?

Le symbole de la démocratie au cœur de la résistance à Pékin.

Tsai Ing-wen qui doit sa réélection en 2020 au durcissement chinois à Hong Kong, a compris la portée globale de cette querelle. Tout en cherchant à rassurer Pékin en rappelant que son objectif est le statu-quo stratégique dans le Détroit, elle rappelle que « Tout est négociable sauf la liberté des Taïwanais ».

Tandis que le DPP, en phase avec les États-Unis sur ce thème des libertés, a durci sa position pro-démocratique dont il a fait un marqueur nationaliste anti-chinois ayant valeur de symbole global, au sein même du KMT est apparue une césure entre les générations.

Les anciens voient le parti, opposant historique des communistes, comme le seul mouvement politique légitime de l’Île et un allié stratégique de Washington. Leur objectif est la réunification sous la bannière de la République de Chine.

Les plus jeunes dont certaines positions commencent à se rapprocher de celles du DPP, insistent sur l’aspect politique du contraste démocratique dans le Détroit. Pour eux la réunification est certes une « option potentielle », mais, comme le DPP, ils considèrent d’abord que le statu-quo devrait, faute de mieux, être le principal pilier de la relation avec Pékin.

Ils s’en écartent cependant en rappelant la valeur apaisante du « Consensus de 1992 » stipulant sur l’existence « d’une seule Chine avec différentes interprétations », restée depuis près de 20 ans l’épine dorsale immuable de la plateforme politique du KMT.

Au passage, Eric Huang touche à la plus flagrante contradiction politique du KMT. A des fins de rivalité politique interne, il accuse le DPP d’avoir accordé la priorité au rapprochement avec Washington, ce qui, dit-il, « laisse peu de marge à l’apaisement et au contrôle des risques, avec pour conséquence l’augmentation des pressions exercées sur l’Île par le Parti Communiste chinois ».

Il doit cependant reconnaître que le durcissement anti-chinois du DPP « à la limite d’une déclaration formelle d’indépendance » lui a permis de séduire la majorité des jeunes Taïwanais, précisément favorables à l’indépendance de l’Île.

Surtout, alors que le nationalisme chinois paraît perdre patience, y compris avec la vision du KMT spéculant sur « Une seule Chine et deux interprétations », tandis que s’éloigne la perspective d’une réunification sous l’égide du KMT que les plus jeunes considèrent moins prioritaire, l’analyse révèle à quel point le KMT comme le DPP sont directement tributaires de la protection militaire américaine.

L’assurance américaine reste l’ultime recours.

A Taïwan, face à l’agressivité de Pékin, tous partis politiques confondus, les commentaires politiques en vogue s’éloignent de l’espoir d’apaisement et de la patiente perspective d’une aide à la démocratisation de la Chine.

Ils spéculent au contraire sur les perspectives d’un « OTAN asiatique » hypothétiquement articulé au durcissement face à Pékin de « l’Alliance quadrilatérale de sécurité », évoqué dans l’Annexe de l’analyse de François Danjou du 25 novembre dernier : Pékin à Canberra : « Ne touchez pas aux intérêts vitaux chinois. » Brutalité et fragilités chinoises. Limites des discours d’ouverture.

La prudence commanderait pourtant de considérer son efficacité pour ce qu’elle est en réalité. Celle d’un « rassemblement sans colonne vertébrale stratégique de pays aux intérêts divergents face à la Chine ».

Dans cette incertitude c’est encore la garantie américaine qui fournit la meilleure assurance. La plupart des observateurs aux États-Unis, à Taïwan et en Occident, acceptent l’hypothèse que l’administration Biden ne modifiera pas au fond, sinon en adoptant une forme moins provocatrice, la stratégie de méfiance et de pressions à l’égard des manifestations agressives de la Chine.

Interrogé en juillet dernier par Walter Russell Mead (Hudson Institute), ancien professeur de relations internationales à Yale, Antony Blinken, nouveau secrétaire d’État américain nommé par Joe Biden le 22 novembre, considérait à la fois que Trump avait été un facteur d’affaiblissement de la démocratie dans le monde, et qu’il était nécessaire de dissuader les agressions chinoises.

En même temps, il prônait une approche moins conflictuelle et la recherche de terrains d’entente avec Pékin, sur, dit-il, des secteurs où les intérêts chinois et américains se recouvrent, notamment dans le domaine du climat, de la lutte contre les pandémies et de la prolifération des armes de destruction massive.

Sur les questions de Taïwan et de la Mer de Chine du sud où Pékin considère que la seule voie d’apaisement possible consiste à accepter les positions chinoises, il pourrait être déçu.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Regards sur l’inquiétude des aborigènes et le durcissement de la Chine

Manoeuvres législatives

Présidentielles. Victoire de Lai Qing De ; net recul législatif du Min Jin Dang. Souple et pragmatique, Ko Wen-je renforce sa position d’arbitre

Présidentielles 2024 : Lai toujours favori. L’écart avec Hou se resserre. Les perspectives du scrutin législatif se brouillent

Promouvoir la démocratie et les libertés pour échapper au face-à-face avec Pékin