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›› Editorial

De l’arrogance à l’inquiétude

Imiter les États-Unis est une ambition dangereuse.

La première remarque de Wang Jisi renvoyait à une évidence souvent oubliée : « S’il est vrai qu’il y a dans le modèle américain de nombreux points que nous pourrions imiter, il y en a un qui se trouve hors de notre portée. Ni la Chine ni le monde ne pourrait en effet supporter un niveau de consommation de ressources par les chinois équivalent à celui des États-Unis. C’est pourquoi, sauf graves erreurs commises par les Américains, la Chine n’atteindra jamais leur niveau de développement. Ce serait même une erreur que de tenter de le faire ».

Poursuivant la comparaison avec les Etats-Unis, Wang Jisi rejetait aussi l’idée d’une volonté chinoise de défier Washington sur son statut de grande puissance globale : « Je ne pense pas que la Chine devrait devenir un leader mondial selon le modèle américain. Même si elle le voulait, elle ne le pourrait pas ».

Accomplissement personnel et respect des valeurs sociales collectives

Au contraire, l’ambition proposée par Wang Jisi aux jeunes étudiants était liée à à l’idée d’accomplissement personnel, toute empreinte de la sagesse de la Chine ancienne, marquée par le moralisme confucéen dont les valeurs individuelles et collectives, jettent, par contraste, une lumière crue sur les manquements de la société chinoise moderne.

« Les conditions pour être un homme de bien renvoient à la manière dont vous traitez votre famille et vos collègues de travail ; à votre honnêteté d’étudiant ou de fonctionnaire évitant de tricher et refusant la corruption ; aux exigences de probité des chercheurs qui rejettent le plagiat ; à l’intégrité des entrepreneurs ou des commerçants qui répugnent aux constructions de mauvaise qualité et aux produits frelatés ».

*

Enfin, pour bien faire comprendre ses idées sur ce que devraient être les ambitions internationales de la Chine, Wang Jisi n’hésita pas à utiliser en contre exemple l’histoire de Zhuge Liang, le stratège de Shu de l’époque des Trois Royaumes, vénéré par la grande majorité des Chinois comme un héros exemplaire d’une grande probité morale.

« Liang était d’une moralité parfaite. Mais comme souverain, malgré ses succès, il n’a pas compris que la reconstruction du pays exigeait de conserver un profil bas. Au lieu de cela, il s’engagea, malgré sa faiblesse, dans une compétition avec le Royaume de Wei et échoua dans son ambition d’unifier la Chine ». Plus encore : « S’il avait eu moins d’ambitions stratégiques, son action, appuyée par ses talents diplomatiques, aurait été plus bénéfique pour la société, pour le peuple et pour lui-même ».

L’avenir dira si les dirigeants chinois sauront éviter les écueils du mimétisme stratégique d’autant plus porteur de catastrophes que les tensions sur l’eau et les ressources inciteront de part et d’autre aux positions arc-boutées.

Celles-ci seront d’autant plus probables que les nations développées paraissent se raidir à la perspective d’un nouvel acteur global dont les appétits bousculent leur vieille conception du partage des richesses du monde.


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